Mobile Suit Gundam Unicorn - Intégrale OAV - Actualité anime

Mobile Suit Gundam Unicorn - Intégrale OAV : Critiques

Critique du dvd : Mobile Suit Gundam Unicorn - Intégrale OAV

Publiée le Mardi, 29 Septembre 2020

La foisonnante saga Gundam fait actuellement les beaux jours de l'éditeur All The Anime, qui propose en version Blu-ray les différents chapitres animés au compte-gouttes. Après le stand-alone qu'est Iron-Blooded Orphans, un retour au très dense Siècle Universel (ou Universal Century) nous est proposé avec Mobile Suit Gundam Unicorn, dont le coffret intégrale paraît en cette fin septembre 2020. Mais tout comme Gundam The Origin, il ne s'agit pas d'une œuvre originale. A la base, Gundam Unicorn est une série de light novel écrite par Harutoshi Fukui (le même qui scénariste actuellement le manga Moon Gundam) et illustrée Yoshikazu Yasuhiko (character-designer de la série d'origine qui a aussi signé le manga Gundam The Origin et réalisé son adaptation animée, tout un CV !). Initialement écrite entre 2007 et 2009, elle comptait initialement 10 volumes avant qu'un onzième tome soit proposé en 2016, volume qui sera adapté dans le film Gundam Narrative.

Fort de son succès auprès des fans, le light novel sera adapté en deux mangas par Kôzô Ômori : Une série en 17 tomes entre 2010 et 2017, et un spin-off en trois tomes centré sur le personnage de Full Frontal en 2018.


Un vaste programme, mais c'est l'adaptation animée qui nous intéresse ici. Celle-ci fut dirigée par Kazuhiro Furuhashi, sur le scénario de Yasuyuki Muto qui a eu la lourde charge d'adapter l'intrigue complexe du roman de Harutoshi Fukui. La série pris la forme de 7 OVA assez éparpillés dans le temps, puisqu'ils sont parus entre mars 2010 et juin 2014. Leur durée globale est d'une cinquantaine de minutes par épisode, exception faite pour l'ultime OVA qui a la durée d'un long-métrage, soit 90 minutes approximativement. Le projet fut ensuite remonté en une série animée de 22 épisodes en 2016 : Mobile Suit Gundam Unicorn RE:0096.

La sortie française des OVA est une affaire assez compliquées. Certains fans ont pu découvrir la série via les Blu-ray japonais directement, puisque ceux-ci comprenaient une piste de sous-titres française (tout comme The Origin, Gundam Thunderbolt et les films Reconguista in G actuellement). Le premier Blu-ray fut distribué dans nos contrées par Beez, avant que la société mette la clé sous la porte. Néanmoins, les OVA furent distribué en numérique via le Playstation Network, un partenariat avec Sony qui proposait une alternative pour rendre le projet accessible. Il faut attendre ensuite 2016 pour que Unicorn soit rendu disponible sur Crunchyroll sous sa forme de remontage en série télévisée, puis septembre 2018 pour que les OVA soient proposées sur Netflix. Entre temps, le Grand Rex proposa plusieurs marathons afin de satisfaire les fans qui voulaient profiter d'une expérience sur grand écran, puisque les OVA furent aussi proposés dans certains cinémas japonais. Le dernier chapitre de la distribution d'Unicorn dans nos contrées est le sujet de cette chronique, à savoir le coffret intégrale des OVA par All the Anime.


L'histoire de la Licorne

En l'an 0096 du Siècle Universel, trois années se sont écoulées depuis la deuxième guerre de Neo Zeon, et la révolte de Char Aznable qui s'est soldée par un échec et la disparition de la célèbre Comète Rouge. Sur Industrial 7, une colonie industrielle située dans Side-4, le jeune Banagher Links et ses amis suivent leur formation, jusqu'à ce qu'un incident bouleverse leur destin. Nommées "Manchettes", les rescapés de Neo Zeon infiltrent les lieux pour rencontrer Cardeas Vist, ponte de la fondation du même nom qui souhaite leur remettre le trésor gardé par sa ligné et qui garantissait ses bons rapports avec la Fédération : La Boîte de Laplace. On dit que son contenu serait si puissant qu'il pourrait bousculer le pouvoir de la Fédération Terrienne, chose qui intéresse Neo Zeon.

Au même moment, Banagher rencontre la mystérieuse Audrey Burn, appartenant à Neo Zeon mais souhaitant conserver l'équilibre en place en empêchant la remise de la Boîte. Conscient de ce qui se joue, la Fédération entame un combat contre l'ennemi, un carnage qui frappe de plein fouet la colonie. Tandis que Audrey et les amis de Banagher trouvent refuge sur le Nael Argama de la Londo Bell, Banagher découvre qu'il est le fils de Cardeas Vist. Dans un dernier soupir, l'homme remet à son héritier la clé qui permettra d'ouvrir la Boîte de Laplace : Le Gundam Unicorn. Le destin du Siècle Universel repose alors entre les mains de Banagher et d'Audrey...


A la recherche de la Boîte de Laplace

Les séries du Siècle Universel, voire de Gundam dans son ensemble, reposent sur une guerre entre deux camps. On pourrait même résumer l'UC à l'éternel conflit entre Zeon et la Fédération, un raccourci qui manque toutefois de subtilités. C'est alors que Gundam Unicorn vient chamboulée le schéma de base de Gundam puisque malgré des frictions entre les deux camps, la série va au-delà de cet archétype dans sa construction. Dans ces sept OVA, nous ne suivons ni un soldat de Neo Zeon ni un militaire de la Fédération, mais un simple adolescent du nom de Banagher Links, propulsé dans un quête au cours de laquelle il jonglera entre les points de vue, afin de mieux comprendre la réalité du monde dans lequel il évolue, et empêcher la Boîte de Laplace de tomber entre de mauvaises mains.

Alors, le mystère de ce macguffin subsiste jusqu'au dénouement du dernier épisode. A lui seul, il établit tout un enjeu fort au sein de la série, le spectateur comme les personnages se questionnant sans cesse sur son contenu. Et dans ce tumulte général, une poignée de figures sera mise en avant, chacune évoluant selon la tournure de ce micro conflit, et remettant en doute ses acquis à force de comprendre la réalité du monde qui les entoure, à l'instar du héros.

Si Gundam est une histoire de guerre, Unicorn peut être considéré comme son penchant aventure. Car la quête de la Boîte rythme le récit qui se renouvelle d'un épisode à l'autre, et nous promène dans tout l'univers constitue par la Terre et les colonies qui gravitent autour. Un type de parcours qu'on voit souvent dans la saga, mais qui est ici chamboulé par la quête de Banagher, et les multiples questionnements dégagés par la Boîte de Laplace et les réactions des deux camps qui s'opposent.


Un cours d'histoire du Siècle Universel

Dans son histoire globale, Gundam Unicorn peut être apprécié sans connaissances préalables de Gundam. Le scénario demeure assez clair : Le protagoniste doit mettre la main sur une entité qui chamboulerait le monde, et plusieurs factions entrent en jeu pour s'approprier cette Boîte de Laplace, à savoir les forces terriennes et Neo Zeon, représentant les colons spatiaux, entre autre.

Pourtant, apprécier Unicorn sur cette simple aventure, même si elle demeure exaltante, serait passer à côté des plus grandes qualités de l'oeuvre. Une compréhension totale de la série demande certaines connaissances et implique d'avoir vu au minimum trois titres clés de Gundam : La série originelle ou ses trois films résumés, la série Zeta Gundam, et le film Char contre-attaque. Car le Siècle Universel est une longue histoire politique développée en plusieurs temps, et c'est une chose que l'écrivain et scénariste Harutoshi Fukui avait parfaitement saisi, lorsque est né le roman Unicorn. Alors, la série prend régulièrement des allures de cours d'histoire, revenant sur certains éléments clés des conflits qui ont marqués le Siècle Universel, en opposant les points de vue et en les densifiant. Unicorn est une œuvre qui porte un message fort, celui de la compréhension et de l'acceptation mutuelles. Une ode humaine parfaitement portée par un Banagher qui se retrouvera tantôt aux côtés de Londo Bell, tantô du côté de Neo Zeon, et qui se bâtira une opinion au même rythme que le spectateur. Les premiers titres Gundam gardaient un semblant de manichéisme, dans le sens où notre appréciation des camps étaient grandement orientée, malgré une grande ambiguïté du côté de nombreux soldats. Gundam Unicorn a conscient de cela, et dresse un portrait nouveau de cet univers si riche. Mais ces subtilités peuvent être saisies avec des connaissances préalables, et ne pas s'imprégner de cet aspect d'Unicorn serait passer à côté de la volonté phare de la série, et de l'un des développements majeurs du Siècle Universel. Pour quiconque appréhenderait cet ensemble avec justesse, la série est un véritable caviar scénaristique, une critique du Siècle Universel pleine de finesse, et une œuvre percutante à bien des égards.


Une réalisation cinq étoiles

La direction des sept OVA qui compose Gundam Unicorn a été confiée à un certain Kazuhiro Furuhashi, le même qui signé Le Chevalier d'Eon, certains chapitres de l'adaptation animée de Kenshin le Vagabond, ainsi que la première série télévisée Hunter X Hunter. Un CV particulièrement intéressant puisqu'il suffit de constater avec le dernier exemple que le réalisateur aime les jeux de couleur pour faire ressortir des ambiances. Ainsi, l'esthétique d'Unicorn tranche avec ce que nous avons connu du Siècle Universel, par ses couleurs chatoyantes notamment. Les tonalités graphiques proposés sont particulièrement vives, et se marient parfaitement avec l'orchestration aux petits oignons de la mise en scène, et de la fluidité globale qui résulte du travail d'orfèvre des animateurs. Il suffit alors de constater le grand nombre de talents à la direction de l'animation pour comprendre le soin apporté à l'adaptation animée Unicorn, sans oublier les sorties écartées des OVA qui ont sans doute permis des plannings beaucoup plus rigoureux et confortables.

Gundam Unicorn s'apprécie alors dans d'excellentes conditions, l'expérience étant aussi bien scénaristique que technique. Le format Blu-ray est le médium le plus approprié pour l’œuvre, aussi la sortie la haute-définition chez All the Anime arrive à point nommé. Difficile ne pas prendre du plaisir sur le plan purement spectaculaire de l'ensemble, appuyé par une bande-originale intense de Hiroyuki Sawano. Car quelques années avant L'Attaque des Titans, le compositeur signait son premier travail sur Gundam via une composition orchestrale soulevant la maestria du Siècle Universel et des enjeux dépeints dans Unicorn. La composition musicale est une réussite sur bien des points, tant elle sublime l'ambiance et propose des sonorités qui resteront en tête, bien longtemps après le visionnage.

Peut-être serons-nous dithyrambiques, mais Unicorn est actuellement la quintessence technique de Gundam. L'apogée a évidemment lieu dans l'épisode final, riche émotionnellement et ultra généreux dans sa réalisation et dans sa composition technique. Si le rendu Blu-ray est hautement satisfaisant, une expérience sur grand écran semble être la plus propice à un tel spectacle. Ce n'est donc pas pour rien que les OVA ont aussi été projetées au Japon, et que plusieurs marathons ont eu lieu en France.


Autour de l'édition

Les fans de Gundam sont maintenant accoutumés à la formule proposée par All The Anime en ce qui concerne les éditions physiques de la licence. Un (ou plusieurs, selon le format de l’œuvre) boitier amaray simple accueillant les différentes galettes, un livret et / ou autre supplément pour enrichir l'édition, et un fourreau cartonné bien rigide pour accueillir l'ensemble. C'est plutôt sobre mais finalement très efficace, d'autant plus que l'éditeur travaille une réelle harmonie entre les différentes box, notamment en arborant le fameux logo "Gundam Collection".

L'intégrale de Gundam Unicorn ne trahit pas cette recette. Aussi, le coffret accueille un unique boitier amaray qui recense les 7 OVA sur quatre disques, avec en bonus les différents trailers. Si on voulait pinailler, on regretterait que les galettes indiquent les titres anglophones des épisodes.
Et en ce qui concerne les suppléments physiques, nous avons droit au traditionnel livret qui condense sur une vingtaine de pages différents artworks conçus pour la série. Toujours appréciable à parcourir après visionnage, d'autant plus que les visuels élaborés par Kumiko Takahashi
(la character-designer de la série) sont particulièrement fournis et élégants. Enfin, un petit poster est glissé dans l'ensemble.


Vers une prochaine étape narrative

Gundam Unicorn est une œuvre aussi généreuse que dense. Spectacle visuel d'une part, la série est aussi passionnante grâce à son scénario intense et ses multiples élans émotionnels, le tout débouchant sur un final en apothéose. Il faut aussi la considérer comme un immense cadeau pour celles et ceux qui ont suivi les chapitres essentiels du Siècle Universel / Universal Century : Si Unicorn pourra constituer un point d'entrée convenable dans la saga selon l'individu, il ne s'apprécie à 100% qu'en ayant conscience de la portée de l'univers et de son histoire. Avec ces acquis, le sens et l'intérêt de l’œuvre se voient entièrement décuplés, et l'expérience de visionnage encore plus puissante.

A noter que Gundam Unicorn n'est pas le point final de son récit. La sortie du coffret chez nous tombe à pic puisque All The Anime a maintenant officialisé la sortie, pour décembre, du film Gundam Narrative, suite directe d'Unicorn. De plus, le prochain chapitre du Siècle Universel est actuellement en production au Japon : Mobile Suit Gundam Hathaway, adaptation d'une série de romans de Yoshiyuki Tomino qui se déroule 12 années après le film Mobile Suit Gundam : Char contre-attaque. Il faudra néanmoins s'armer de patience pour voir ces films arriver chez nous, car la sortie japonaise du premier opus s'est vue retardée à cause de la crise sanitaire du Covid, et n'a toujours pas de date précise dans son pays d'origine...

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

18.5 20
Note de la rédaction