Vis à Vis - Actualité manga

Critique de la série manga

Publiée le Jeudi, 11 Janvier 2018

Après le très discuté Pink Diary, on se plonge de nouveau dans l’univers du « manfra » avec Vis-à-vis. L’histoire est assez simple : en plein Paris, Elodie étudie le commerce international et, à 19 ans, va remettre en question son quotidien. En effet, quand elle apprend que ses parents sont en faillite et partent à la campagne, elle décide de rester dans la capitale pour réussir ses études … alors même qu’elle échoue aux partiels. Décidée à les réussir l’année prochaine, Elodie doit bien se trouver quelque chose à faire en attendant pour payer son loyer … Et voilà que la place de gardienne de son immeuble se libère. La jeune et élégante bourgeoise se retrouve donc à sortir les poubelles et ramasser les crottes des chiens de la montée. Tout ça en parallèle de ses révisions, mais surtout des rencontres avec des hommes séduisants qui courent les étages de son immeuble … C’est ainsi qu’elle rencontre Daniel, jeune styliste cherchant à s’imposer et que, en plus de son travail actuel, elle se retrouve à l’aider à la couture … Si l’histoire de base est assez simplette, et que le monde de la mode n’apportera sans doute rien de transcendant, on apprécie la volonté de l’auteur de glorifier le terme de « manfra » en installant fermement son scénario en plein cœur de Paris, avec les habitudes de ses habitants. Le lecteur qui connaît un peu la vie de la capitale retrouvera avec plaisir les paysages français et les rapports particuliers des voisins de palier … Néanmoins, on se demande alors l’utilité d’utiliser un tel support, surtout dans un sens de lecture japonais … Le lien est un peu flou, mais en tous les cas il ne faut pas s’attendre à trouver un lien quelconque avec le Japon et ses influences.

L’auteur jongle habilement avec plusieurs thèmes, qu’elle maîtrise très bien. L’amour, évidemment, mais pas seulement. Il y a aussi une part de mystère notamment autour de Vincenzo, de la trahison de la part de Daniel, des personnages secondaires ressources dynamiques, de l’humour et beaucoup de tendresse. Elodie est tout à fait acceptable comme héroïne, et parvient à ne pas trop nous énerver, comme toute héroïne de shojo sait pourtant le faire. Sa relation avec la mode est certes parfois un peu distante, mais la fin de la courte série est d’autant plus émouvante qu’on y revient en grande pompe. On reste malheureusement dans les clichés, notamment au niveau des différents caractères et des relations entre les protagonistes, mais l’histoire se lit bien et au bout de seulement trois tomes on est même ... frustrés. Le plus dur aura été le délai entre les tomes, puisqu’une fois en main un volume se lit bien, très bien même. La lecture est facile, se fait sans accroc avec de bonnes idées de départ malgré, au fond, un scénario un peu plat en profondeur. Notons enfin que l’on vibre sans mal au gré des états d’âme d’Elodie, et ses doutes deviennent rapidement les nôtres, tout comme sa déception de voir Daniel aussi torve, prêt à tout pour réussir. En résumé, un récit sympathique d’une jeune fille comme les autres qui partagent le temps de quelques tomes un bout de sa vie avec nous.

Pour ce qui est de l’aspect visuel du titre, il faut avouer que Miya s’en sort plutôt bien ! Mis à part quelques soucis de proportions en ce qui concerne les visages de Daniel ou de Vincenzo et certaines expressions trop marquées, l’auteur joue habilement avec les émotions et il ressort de tout ça un trait soigné et agréable. On notera que Miya soigne aussi bien les regards que les vêtements (parfois un peu trop sophistiqués pour un quotidien, mais bon) et les accessoires. Toutefois, le cadrage reste un peu trop secoué et certaines cases manquent de dynamisme ou, au contraire, en étalent un peu trop. La perspective est au rendez-vous, et surtout on apprécie la variété des émotions et des visages des personnages (mis à part les deux beaux gosses aux cheveux longs qui se ressemblent un peu trop), Miya fait pour l’instant l’effort de varier au mieux ses pages et de stimuler la curiosité visuelle du lecteur. Enfin, l’édition est bonne et les couvertures agréables, le tout est encore plus beau si l’on a la chance d’avoir une dédicace dans une rencontre au détour de l’une ou l’autre convention ... En bref, on retrouve ici un manfra qui respecte les codes du shojo tant dans le fond que dans la forme, tout en se distinguant par son thème et la réalité plus proche de nous qu’il distille au travers des pages. Malgré des maladresses compréhensibles, le tout peut se hisser au niveau de certains shojos nippons. Une petite réussite pour le manga français, qui fait l’effort d’être représenté.


Chroniqueur: NiDNiM

Note de la rédaction
Note des lecteurs
14/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

14.00,15.00,15.00

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