Vis à Vis Vol.1 - Actualité manga

Vis à Vis Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 12 Janvier 2010

Après le très discuté Pink Diary, on se plonge de nouveau dans l’univers du « manfra » avec Vis-à-vis. L’histoire est assez simple : en plein Paris, Elodie étudie le commerce international et, à 19 ans, va remettre en question son quotidien. En effet, quand elle apprend que ses parents sont en faillite et partent à la campagne, elle décide de rester dans la capitale pour réussir ses études … alors même qu’elle échoue aux partiels. Décidée à les réussir l’année prochaine, Elodie doit bien se trouver quelque chose à faire en attendant pour payer son loyer … Et voilà que la place de gardienne de son immeuble se libère. La jeune et élégante bourgeoise se retrouve donc à sortir les poubelles et ramasser les crottes des chiens de la montée. Tout ça en parallèle de ses révisions mais surtout des rencontres avec des hommes séduisants qui courent les étages de son immeuble … C’est ainsi qu’elle rencontre Daniel, jeune styliste cherchant à s’imposer et que, en plus de son travail actuel, elle se retrouve à l’aider à la couture … Si l’histoire de base est assez simplette, et que le monde la mode n’apportera sans doute rien de transcendant, on apprécie la volonté de l’auteur de glorifier le terme de « manfra » en installant fermement son scénario en plein cœur de Paris, avec les habitudes de ses habitants. Le lecteur qui connait un peu la vie de la capitale retrouvera avec plaisir les paysages français et les rapports particuliers des voisins de paliers … Néanmoins, on se demande alors l’utilité d’utiliser un tel support, surtout dans un sens de lecture japonais … Le lien est un peu flou, mais en tous les cas il ne faut pas s’attendre à trouver un rapport quelconque avec le Japon et ses influences.

On conviendra sans moindre mal que le scénario de Miya est, de manière générale, fortement stéréotypé : le monde la mode, le coiffeur homosexuel, le styliste imbuvable qui exploite la jeune amoureuse, l’italien nonchalant et la mafia en plein cœur de la ville … Mais tout cela ne choque pas plus que cela, et la lecture reste fluide malgré tout. En fait, ce sont surtout les caractères qui sont assez classiques, bien qu’Elodie ne soit pas aussi cruche qu’on aurait pu le penser, Daniel reste tout bonnement imbuvable. Les situations, quant à elles, ne sont pas d’une originalité renversante mais on se prend au jeu de savoir comment Elodie va approcher l’élu de son cœur, en quoi la rivalité qu’elle commence à entretenir avec Greg pourra servir la narration, et surtout quand et en réaction à quoi Vincenzo réalisera que la jeune femme lui plait bien, finalement. Tout cela est rehaussé par une dose d’humour conséquente grâce à l’imagination fertile et la naïveté de notre héroïne. Il n’y a qu’à voir ses délires endormis qui la mettent en scène à moitié (voire totalement) nue, et on assiste à une initiative de l’auteur plutôt sympathique en son genre, humoristique et un peu plus mature que la moyenne. Enfin, le côté encore mystérieux de certains personnages donnent du charme au récit, qui ainsi ne s’embourbe pas dans un trio amoureux ridicule et sans but. Bref, l’histoire a de nombreuses voies à explorer et pourra plaire à ceux qui ne sont pas rebutés par l’idée d’un quotidien un peu simplet d’une jeune parisienne rêveuse.

Pour ce qui est de l’aspect visuel du titre, il faut avouer que Miya s’en sort plutôt bien. Mis à part quelques soucis de proportions en ce qui concerne les visages de Daniel ou de Vincenzo et certaines expressions trop marquées, l’auteur joue habilement avec les émotions et il ressort de tout ça un trait soigné et agréable. On notera que Miya soigne aussi bien les regards que les vêtements (parfois un peu trop sophistiqués pour un quotidien, mais bon), ce qui permet de sublimer le travail de styliste de Daniel, et les accessoires. Toutefois, le cadrage reste un peu trop secoué et certaines cases manquent de dynamisme ou, au contraire, en étalent un peu trop. La perspective est au rendez vous, et on apprécie surtout la variété des émotions et des visages des personnages (mis à part les deux beaux gosses aux cheveux longs qui se ressemblent un peu trop), Miya fait pour l’instant l’effort de varier au mieux ses pages et de stimuler la curiosité visuelle du lecteur. Enfin, l’édition est bonne et la couverture chatoyante stimulante. En bref, on retrouve ici un manfra qui respecte les codes du shojo tant dans le fond que dans la forme, tout en se distinguant par son thème et la réalité plus proche de nous qu’il distille au travers des pages. Miya s’en sort très bien dans ce premier opus, et on espère que la suite sera du même acabit. Malgré des maladresses compréhensibles, le tout peut se hisser au niveau de certains shojos nippons. Une petite réussite pour le manga français, qui fait l’effort d’être représenté.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs