Critique de la série manga
Publiée le Mercredi, 25 Août 2010
Tetsunosuke est un jeune homme qui a vu ses parents se faire assassiner sous ses yeux. Depuis, il porte ce lourd fardeau en compagnie de son frère qui tente comme il peut de s'en occuper de son mieux. Voila que ce dernier rejoint le Shinsengumi, troupe d'élite chargée de protéger Kyoto, en tant que comptable. Mais Tetsu, qui veut à tout prix devenir assez fort pour se venger, ne tarde pas à le rejoindre contre la volonté de son grand-frère. Commence alors un long apprentissage de la vie pour notre héros qui n'est pas au bout de ses peines pour parvenir à son but.
Dès le départ, Peace Maker cherche à se démarquer de la concurrence, très rude dans le monde du shonen, en tentant de se montrer original. Ici, on n'aura que rarement droit à des combats acharnés et sanglants. Si ce n'est dans les derniers chapitres de cette première saison. On n'aura pas non plus droit à de fantastiques pouvoirs surnaturels ou des guerriers surhumains. Tout reste réaliste et Nanae Chrono développe plutôt son récit à la manière de tranches de vie, n'oubliant pas pour autant son histoire et la faisant régulièrement avancer. Bien qu'en apparence compliquée au départ avec les nombreux intervenants termes techniques propres à l'époque, elle nous apparait petit à petit plus claire et c'est avec un plaisir non négligeable que l'on se plonge dedans. Ce côté légèrement historique risque probablement de rebuter certaines personnes, mais ce serait vraiment dommage car il faut laisser le temps à l'auteur de mettre son histoire entièrement en place pour en profiter pleinement et cela demande forcement un peu de temps.
Cela sera le cas notamment grâce à des personnages hauts en couleur. Tetsu tout d'abord, même s'il alternera le bon et le moins bon. Tantôt il nous apparait comme un personnage étonnement mature pour son âge, tantôt il nous gratifie de l'une ou l'autre pitrerie censée apporter une touche d'humour qui ne prend pas. D'ailleurs l'humour en général ne sera jamais vraiment le fort de l'auteur durant l'intégralité de la série, et malheureusement Chrono en abusera un peu trop par moments. Mais pour en revenir à Tetsu, il se montrera tout de même très convaincant, surtout vers la fin, où il sera même particulièrement étonnant ! Pour le reste, outre le charisme que dégage Yoshida, le grand méchant de l'histoire, c'est surtout Soji qui retiendra notre attention, puis, par la suite, Susumu qui prendra tout doucement davantage de place sur le devant de la scène. Il s'agit là de deux membres du Shinsengumi, le premier étant un samurai extrêmement talentueux, le second un ninja agissant dans l'ombre.
Enfin, ce qui apporte son identité à Peace Maker, c'est aussi le style, la mise en scène et la narration assez particulières de l'auteur. Parfois certaines pages sont très vides, parfois un peu trop d'ailleurs, afin de donner plus de force au texte, aux paroles de l'un ou de l'autre. L'intensité dramatique et la mélancolie certaine qui plane tout au long des volumes sont également très bien rendues, Chrono évitant d'en faire trop. Même si quelquefois c'est un peu limite, ça passe malgré tout plutot bien. Son style graphique est dans la continuité de tout cela. Sobre, classique et efficace, voila comment on pourrait le résumer. Mais aussi par moments étonnant de précision et d'allure, comme durant l'ultime affrontement qui clôt la saison.
Terminons malgré tout sur un petit point négatif, l'édition de Kami. Si elle se montre globalement satisfaisante, on regrette tout de même qu'il n'y ait pas un petit lexique en fin de tome ou quelque chose de similaire, plutôt que quelques renvois en bas de pages trop concis que pour être vraiment instructifs.
Nanae Chrono nous livre donc avec Peace Maker un récit original pétri de qualités. Il y a bien quelques passages à vide de temps à autre, mais de manière générale la série nous offre un très bon moment de lecture à condition de rentrer dedans après un premier tome un poil brumeux dans la mise en place de l'intrigue et des personnages.