Magdala - Alchemist Path - Actualité manga

Magdala - Alchemist Path : Critiques

Magdala de Nemure

Critique de la série manga

Publiée le Lundi, 30 Novembre 2015

Jeune éditeur sur le marché Français, Ototo ne cesse de nous surprendre avec des titres toujours plus intéressants, et surtout possédant une véritable sensibilité. Bien que discrets, ils s'avèrent attachants et séduisants, à l'image du titre qui nous intéresse maintenant, à savoir Magdala – Alchemist path (la voie de l'Alchimiste).
Avec ce titre nous en profitons pour découvrir une jeune dessinatrice de talent : Aco Arisaka. Mais si le trait frais et plaisant, nous le devons à cette jeune dessinatrice, le scénario quant à lui est l’œuvre d'un auteur déjà apparu chez Ototo : Isuna Hasekura, déjà scénariste de Spice and wolf !

Un univers mettant en scène des alchimistes proposé par des auteurs pas du tout connus chez un éditeur qui cherche à percer… Forcément on entame le titre avec certaines réserves, on pense évidemment aux références du genre, Fullmetal Alchemist en tête, et on redoute de tomber sur une pâle imitation.
Et pourtant très rapidement le titre lève nos préjugés et va nous entraîner avec lui dans un univers riche et attrayant, loin des clichés qu'on pourrait avoir.

Nous sommes dans un monde proche du nôtre, à une époque nous rappelant la fin du moyen âge, ce n'est pas précisé, mais on pourrait penser qu'il s'agit bel et bien d'un monde réaliste proposant juste une relecture de l’histoire européenne. Car après tout, il y a bel et bien eu des alchimistes au moyen âge, et bien qu'ils soient accompagnés de nombreuses légendes, l'alchimie a une place dans notre histoire.
Dans ce monde, on distingue trois ordres qui se disputent le pouvoir, non pas sans rappeler les trois ordres que nous avons connus sous l'ancien régime opposant la noblesse, le clergé et le tiers état !
Ici dans ce titre, la faction dominante est l'Ordre des Chevaliers autant craint que respecté (peut-être plus crainte que respectée en fait). Elle dicte les lois et s'impose par sa force militaire. Ensuite on trouve la Guilde du Commerce qui contrôle l'économie. Et enfin l’Église qui de son côté aimerait asseoir un peu plus son pouvoir quitte à s'opposer à l'Ordre des Chevaliers.
On retrouve bien là les trois ordres précités (Noblesse pour l'Ordre des Chevaliers, Clergé pour l’Église et Tiers état pour la Guilde du Commerce) ce qui vient nous ancrer dans un monde à la limite entre réelle et fantasmé.

Dès les premières pages, nous découvrons Kusla, le héros du titre, alchimiste emprisonné pour avoir brûlé les os d'un saint. L'ordre des chevaliers lui propose un marché consistant à réaliser des expériences contre nature. Il va alors s'installer dans le laboratoire de son prédécesseur en compagnie d'un autre alchimiste qu'il connaît bien : Weyland. La relation entre les deux est assez tendue, malgré le respect qu'ils ont l'un pour l'autre.
Mais la touche la plus intéressante viendra ensuite : une religieuse est mandatée pour les surveiller en la personne de Ul Fénésis, une jeune fille semblant cacher bien des choses.
Rapidement on comprend que les alchimistes forment une sorte de « quatrième pouvoir » et que leurs talents sont redoutés par tous, car véhiculant bien des rumeurs des plus sordides.

Une grande partie de l’intérêt de ce titre repose sur la relation entre ces trois personnages et notamment entre Kusla et Ul...une relation ambiguë va naître entre les deux, et malgré ses abords froids et calculateurs (rien ne saurait le détourner de son but), Kusla va finir par s’attacher à la jeune fille. Et durant les quatre courts tomes de la série, nous suivrons l'évolution de cette relation qui n'est pas sans rappeler le lien étrange unissant les personnages de « The ancient Magus Bride ».
Kusla se présente comme un manipulateur, n'expliquant sa gentillesse envers la jeune fille que dans un but bien précis (du moins dans un premier temps)...mais il finira par se laisser toucher par cette jeune fille timide et ingénue qui ne semble pas connaître grand-chose du monde. Cependant on découvrira que même elle joue un jeu, elle n'est pas si ingénue.
Ce sera le lot de ces trois personnages, un jeu de dupes va s'installer, chacun y jouera un rôle pour mieux berner l'autre, mais le fait de vivre ensemble les poussera d'une manière ou d'une autre à créer un lien…

Ce qui est intéressant dans leur relation c'est qu'elle se joue à plusieurs niveaux : au-delà de leur propre individualité, ils œuvrent pour des factions différentes et un jeu de pouvoir s'installe entre eux. La domination de l'un sur l'autre, les secrets percés et dévoilés par l'un d'entre eux se répercutera sur la société. Car si dans un premier temps le titre s'intéresse avant tout aux personnalités, dans un second temps, il prend une ampleur plus globale. La société en elle même joue un rôle très important dans ce titre et pourrait même être perçue comme un quatrième personnage principal.

Dans l'univers du titre, l'alchimie apparaît presque une science occulte véhiculant de nombreuses croyances et légendes, un peu comme elle est considérée dans notre monde réel. La transformation du plomb en or est bel et bien évoquée. Mais au final, en suivant les travaux de Kusla et Weyland, et en écoutant les explications données à Ul par Kusla, l'alchimie apparaît comme une science de la logique mêlant simplement métallurgie, physique et chimie, des sciences méconnues pour l'époque et donc considérées comme sorcellerie, entraînant par là même une véritable chasse aux sorcières. Magdala est donc un titre traitant de l'obscurantisme et apportant un regard nouveau, loin de ce qu'on a pu voir où l'alchimie offrait des pouvoirs hors normes.

On se laissera volontiers séduire par l'intégralité de cette courte série, mais on regrettera une fin précipitée qui nous laisse grandement frustrer. Nous n'obtiendrons pas toutes les réponses aux questions qu'on pouvait se poser… Mais étant adaptés de romans, ces quatre tomes ne constituent pas une histoire entière, mais plutôt une approche de l'univers des livres...mais même en sachant cela, c'est particulièrement frustrant.
Une très jolie série malgré tout, vraiment très agréable à lire !


Chroniqueur: Erkael

Note de la rédaction
Note des lecteurs
17.5/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

17.00,13.00,15.00,13.00

Les critiques des volumes de la série