Magdala - Alchemist Path Vol.1 - Actualité manga

Magdala - Alchemist Path Vol.1 : Critiques

Magdala de Nemure

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 19 Août 2014

Critique 1

Fraîchement arrivé sur le marché du manga, le jeune éditeur Ototo ne cesse de nous surprendre, et dans le bon sens du terme, avec des titres peut-être encore discrets, mais incroyablement attachants et séduisants.

C'est notamment le cas de Magdala – Alchemist path, série récente qui nous permet au passage de découvrir une jeune dessinatrice de talent : Aco Arisaka. Mais si le trait frais et plaisant, nous le devons à cette jeune dessinatrice, le scénario quant à lui est l’œuvre d'un auteur déjà apparu chez Ototo : Isuna Hasekura, déjà scénariste de Spice and wolf !


Un univers mettant en scène des alchimistes proposé par des auteurs peu voir pas du tout connus chez un éditeur qui cherche à percer… Forcément on entame le titre avec certaines réserves, on pense évidemment aux références du genre, Fullmetal Alchemist en tête, et on redoute de tomber sur une pâle imitation.


Et pourtant très rapidement le titre lève nos préjugés et va nous entraîner avec lui dans un univers riche et attrayant, loin des clichés qu'on pourrait avoir.


Nous sommes dans un monde proche du nôtre, à une époque nous rappelant la fin du moyen âge, ce n'est pas précisé, mais on pourrait penser qu'il s'agit bel et bien d'un monde réaliste proposant juste une relecture de l’histoire européenne. Car après tout, il y a bel et bien eu des alchimistes au moyen âge, et bien qu'ils soient accompagnés de nombreuses légendes, l'alchimie a une place dans notre histoire.


Dans ce monde, on distingue trois ordres qui se disputent le pouvoir, non pas sans rappeler les trois ordres que nous avons connus sous l'ancien régime opposant la noblesse, le clergé et le tiers état !


Ici dans ce titre, la faction dominante est l'Ordre des Chevaliers autant craint que respecté (peut-être plus crainte que respectée en fait). Elle dicte les lois et s'impose par sa force militaire. Ensuite on trouve la Guilde du Commerce qui contrôle l'économie. Et enfin l’Église qui de son côté aimerait asseoir un peu plus son pouvoir quitte à s'opposer à l'Ordre des Chevaliers.


On retrouve bien là les trois ordres précités (Noblesse pour l'Ordre des Chevaliers, Clergé pour l’Église et Tiers état pour la Guilde du Commerce) ce qui vient nous ancrer dans un monde à la limite entre réelle et fantasmé.


Le titre s'ouvre sur Kusla, un alchimiste emprisonné pour un crime odieux, avoir brûlé les os d'un saint. L'Ordre des Chevaliers lui propose alors un marché : travailler pour eux en effectuant quelques expériences contre nature tout en enquêtant sur la disparition de son prédécesseur…


Rapidement on comprend que les alchimistes forment une sorte de « quatrième pouvoir » et que leurs talents sont redoutés par tous, car véhiculant bien des rumeurs des plus sordides.


Kusla va alors s'installer dans l'atelier de son prédécesseur en compagnie d'un de ses pairs, une ancienne connaissance avec lequel il entretient une relation complexe : Weyland. Et rapidement ils seront rejoints par une jeune religieuse ayant pour mission de veiller à ce qu'ils remplissent correctement leurs fonctions : Ul Fenesis.


La relation elle aussi complexe entre ces trois personnages va occuper l'ensemble de ce premier tome. Afin de s'imposer et de conserver une certaine liberté, les deux hommes vont jouer les rôles du méchant et du gentil, Weyland n'hésitant pas à effrayer Ul dés leur premier contact, alors que ce dernier est loin d'être un mauvais bougre. Kusla de son côté tout en se montrant plus tendre avec elle, aura plutôt tendance à la manipuler pour arriver à ses fins. Cependant il finira par se laisser toucher par cette jeune fille timide et ingénue qui ne semble pas connaître grand-chose du monde. Cependant on découvrira que même elle joue un jeu, elle n'est pas si ingénue et semble cacher bien des choses.


Se sera le lot de ces trois personnages, un jeu de dupes va s'installer, chacun y jouera un rôle pour mieux berner l'autre, mais le fait de vivre ensemble les poussera d'une manière ou d'une autre à créer un lien…


Ce qui est intéressant dans leur relation c'est qu'elle se joue à plusieurs niveaux : au-delà de leur propre individualité, ils œuvrent pour des factions différentes et un jeu de pouvoir s'installe entre eux. La domination de l'un sur l'autre, les secrets percés et dévoilés par l'un d'entre eux se répercutera sur la société.


Mis à part cela, ce qui rend Magadala aussi intéressant, c'est justement le regard que les auteurs portent sur l'alchimie.


Dans l'univers du titre, il s'agit presque d'une science occulte véhiculant de nombreuses croyances et légendes, un peu comme elle est considérée dans notre monde réel. La transformation du plomb en or est bel et bien évoquée. Mais au final, en suivant les travaux de Kusla et Weyland, et en écoutant les explications données à Ul par Kusla, l'alchimie apparaît comme une science de la logique mêlant simplement métallurgie, physique et chimie, des sciences méconnues pour l'époque et donc considérées comme sorcellerie, entraînant par là même une véritable chasse aux sorcières. Magdala est donc un titre traitant de l'obscurantisme et apportant un regard nouveau, loin de ce qu'on a pu voir où l'alchimie offrait des pouvoirs hors normes.


Ainsi les auteurs font le choix d'ancrer leur titre dans un monde réaliste, loin des clichés sur le sujet traité, c'est une agréable surprise apportant un regard frais.


Et la surprise n'en sera que d'autant plus grande à la fin du tome quand on découvre ce que nous réserve un des personnages. Nous sommes une seconde fois pris à contre-pied et l'effet est total. Malheureusement cela ne fonctionnera que sur cet unique tome, à partir du suivant l'effet de surprise retombera, mais l'univers présenté, les personnages attachants, les non dits sur les buts de chacun et la manière dont les auteurs traitent leur récit nous promettent un titre passionnant.


Entraîné par un dessin frais et séduisant sortant de la patte d'une jeune auteure ayant tout à prouver, mais réussissant déjà à nous charmer, ce premier tome s'avère terriblement efficace , entre des personnages riches et complexes et une intrigue à peine dévoilée, mais qu'on suppose déjà passionnante, Magdala nous offre un des meilleurs premiers tomes de l'année !


 


 




Critique 2



Tandis que le très plaisant Spice & Wolf se poursuit aux éditions Ototo, l'éditeur nous amène Magdala - Alchemist Path, adaptation manga du nouveau light novel d'Isuna Hasekura (l'auteur original de Spice & Wolf, rappelons-le), qui nous permet au passage de découvrir une jeune dessinatrice du nom d'Aco Arisaka.

Magdala - Alchemist Path prend place dans un monde ancien, qu'on ne qualifiera pas d'univers fantasy car rien ne s'y prête, mais plutôt d'univers à connotation médiévale avec, visiblement, quelques relents fantastiques. Un univers proche de celui de Spice & Wolf, en somme, où les légendes et croyances seront fortement mises en avant. Mais nous y reviendrons.
Cet univers est construit autour de trois grandes factions qui le régissent. Faction la plus puissante et la plus riche, l'Ordre des Chevaliers est à la fois reconnu, respecté et craint par l'ensemble de la population. En face, la Guilde du Commerce est incapable de se rebeller, et suit d'ailleurs d'assez près les directives de l'Ordre des Chevaliers. Quant à l'Eglise, elle aimerait étendre son influence en allant outre l'autorité imposée par la Guilde des Chevaliers.
C'est dans ce contexte de fausse paix un peu houleuse que subsiste, dans l'ombre, ce que l'on pourrait presque appeler une "quatrième faction", très mineure et sans grande influence, si ce n'est celle d'être crainte à cause des nombreuses rumeurs qui courent sur eux : les alchimistes, vus d'un mauvais oeil car ils s'adonneraient à de sordides expériences pour leur propre compte. Le dénommé Kûsla fait partie de ceux-là. Emprisonné par l'Ordre des Chevaliers après avoir brûlé les os d'un Saint, il se voit proposer un marché : les charges retenues contre lui seront effacées s'il accepte de mettre ses compétences au services de l'Ordre des Chevaliers, afin d'effectuer quelques expériences et de lever le voile sur la mort mystérieuse de Thomas, son prédécesseur. En compagnie d'un autre alchimiste et vieille connaissance nommé Weyland, Kûsla s'installe dans l'atelier qui était autrefois celui de Thomas et est situé près des terres païennes, mais à peine sont-ils arrivés qu'ils tombent sur une étrange jeune fille : Ul Fénésis, jeune religieuse envoyée sur les lieux pour les surveiller...

Dans un premier volume qui prend le temps de poser l'univers de la série, Aco Arisaka réussit son but en contextualisant clairement les choses. Les relations proches et tendues entre les trois grandes factions sont clairement exposées, et l'on a alors tout le loisir de découvrir au mieux les principaux personnages et leur façon d'être. Et tout tourne essentiellement autour de Kûsla, Weyland et Fénésis. Face à la jeune fille, les deux alchimistes doivent vite s'imposer, quitte à la manipuler un peu, comme le fait si bien Weyland en jouant la carte du rustre, laissant le rôle du "gentil" à Kûsla. On s'amuse volontiers en voyant les deux hommes se jouer de Fénésis, d'autant que Fénésis se montre plutôt naïve, candide et un peu froussarde, Kûsla ne rate pas une occasion de la taquiner en lui mentant ou en lui faisant gober des inepties. La mise en place des relations autour de ce triangle occupe l'essentiel du volume, et n'est en rien ennuyeux, car le tout est ponctué de nombreux éléments intéressants : la poursuite de la découverte de l'univers, bien sûr, avec par exemple un passage au marché, mais aussi et surtout des évolutions déjà visibles dans les relations.

En effet, à force d'être contraint de se côtoyer, Kûsla, Weyland et Fénésis voient peu à peu leur relation évoluer. Si les deux gaillards se doivent de conserver leur autorité sur Fénésis en ne se montrant pas totalement conciliants, la jeune fille, par son aspect ingénu, attire petit à petit un peu de leur sympathie, au point qu'ils lui proposent de participer un peu à certaines expériences, et qu'ils finissent par se dévoiler un peu plus.
Autour de leur travail d'alchimiste, tout d'abord. Nous l'avons dit au début, Magdala - Alchemist Path repose sur un univers médiéval qui fleure bon les légendes, et parmi ces légendes, il y a évidemment celles liées aux alchimistes. Quelle est la nature de leur travail ? Peuvent-ils réellement transformer le plomb en or ? Vont-ils à l'encontre des préceptes de Dieu ? Leurs expériences sont-elles réellement si sordides que le disent certaines rumeurs ? Au vu du comportement belliqueux de Kûsla en prison au tout début et de la raison pour laquelle il a été emprisonné (brûler les os d'un Saint, c'est pas rien), on pourrait penser le pire, mais la réalité est tout autre, Isuna Hasekura et Aco Arisaka nous offrant au final une vision de l'alchimie éloignée des légendes, plus terre à terre que celles-ci, et tout aussi intéressantes, permettant notamment quelques cours rapides sur la métallurgie ou la distillation. Loin des rumeurs en faisant des sorciers ou des êtres versés dans l'occulte et l'hérésie, on découvre des artisans à part entière, sans doute en avance sur leur époque, notamment dans l'art d'exploiter les propriétés des métaux (alliage, fonderie...). Ce qui n'empêche pas Kûsla de poursuivre également un rêve fou qui a animé de nombreuses personnes : concevoir de l'orichalque, métal légendaire extrêmement solide.
Puis, au fil du tome, c'est aussi Kûsla, en dehors de son travail, qui se révèle par bribes à Fénésis. Quel est son passé ? Quelles épreuves dramatiques a-t-il dû affronter pour en arriver à brûler les os d'un saint ? Nous découvrons tout cela avec un certain intérêt, d'autant que cela lève le voile sur la poursuite du légendaire lieu de Magdala (lieu réel, ou concept à atteindre pour les alchimistes ?), et que cela renforce la relation entre notre héros et la jeune fille.
Mais cette relation, quelle est-elle exactement ? Alors que les deux alchimistes se font un plaisir de taquiner la mignonne Fénésis et pensent se l'être mise dans la poche en assurant leur autorité sur elle, ils pourraient bien tomber de haut, car, on le devine au fil du volume, la jeune fille cache elle aussi bien des choses sur la raison réelle de sa présence, et au bout du compte, la personne qui manipule n'est peut-être pas celle que l'on pense...

Aco Arisaka, qui signe ici son premier manga professionnel, offre un résultat très plaisant. En plus de tout exposer avec clarté, la jeune artiste croque avec finesse et précision des personnages non dénués de charme, entre le faussement rustre Weyland, l'ambivalent Kûsla, et une Fénésis dont l'aspect mignon et candide cache bien des choses. Les décors extérieurs et intérieurs sont d'ores et déjà assez fournis,sont souvent présents et contribuent grandement à l'immersion dans cet univers aux accents médiévaux.

Magdala - Alchemist Path commence doucement, mais sûrement. Aco Arisaka s'applique comme il se doit à poser l'univers imaginé par Isuna Hasekura, un univers qui rappelle beaucoup par certains aspects Spice & Wolf (un univers médiéval, un duo de héros qui se taquine et se manipule, une démystification de certaines légendes, des petits cours bienvenus - l'économie dans Spice & Wolf, l'alchimie et les métaux dans Magdala...), qui nous immerge efficacement et nous séduit facilement. Une très bonne entrée en matière.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs