Critique de la série manga
Publiée le Mercredi, 16 Décembre 2009
Kiss me princess, c’est une plongée au cœur du Moyen-Âge, à la manière de Kim Se Young, qui en profite pour instaurer toutes sortes d’amours interdis et de complots en tous genres. Pour commencer par le commencement, une princesse s’enfuit par amour, afin d’échapper à un mariage forcé avec le prince du puissant pays voisin. Afin de ne pas nuire à la sécurité de leur petite contrée et de sceller tout de même le pacte de paix promis, la famille de ladite princesse n’a pas bien le choix. Il faut remplacer Illeana par son frère au visage si fin. Après tout, si l’on n’y regarde pas de trop près, Nikol ressemble vraiment à sa sœur. Alors une perruque et une robe plus tard, voilà le jeune prince parti, destiné à épouser un homme … En espérant qu’Illeana revienne très vite afin de reprendre la place qui lui est due. Seulement voilà, la jeune femme ne semble pas pressée de rentrer et Nikol doit donc demeurer à son nouveau palais, pour satisfaire son mari. Il faudra à tout prix garder ce secret, face au prince Jed qui a d’ores et déjà bien compris la situation. Une valse amoureuse se noue alors entre Jed et Nikol, qui ont beaucoup de mal à se trouver, mais surtout à se garder. Surtout quant tout le monde complote autour d’eux. D’autant plus que Jed est brutal et silencieux alors que son compagnon est sentimental, prise de tête et trop sensible … Un beau couple qui n’est pas sorti de l’auberge.
A côté de cela, il faut rajouter Dereck et ses sombres projets, les parents de Jed qui complotent dans leur coin, la famille de Nikol qui s’arrange pour que la situation ne s’envenime pas … Et l’histoire se résume globalement à ça. Il faut y adjoindre des histoires presque indépendantes sur divers personnages du récit (l’herboriste, la mère de Jed, June, …) et beaucoup de conflits politiques entre les deux pays, et on a le parfait mélange pour se perdre totalement dans une narration très désordonnée, brouillonne et parfois incompréhensible. Les liens entre les personnages ne sont pas toujours clairs, et on ne suit pas toutes les phases de pensée de certains. Nikol, par exemple, passe de l’amour et du bonheur au désespoir et à l’abandon sans que l’on ait forcément compris le lien entre les deux … Ce qui est quelque peu embêtant étant donné que c’est lui le personnage central de Kiss me princess. La série partait relativement bien : originale et encore simple, elle exposait les dessous d’une relation secrète et taboue, sans trop l’approfondir, l’alourdir ou la faire durer plus que nécessaire. Mais au fur et à mesure que Kim Se Young avance dans son manhwa, elle se perd dans des digressions inutiles, lourdes voire carrément soporifiques. On a rarement vu une descente aussi monumentale dans l’intérêt porté à une série, et les défauts du scénario ne sont pas forcément cachés derrières les prouesses graphiques …
En effet, les dessins ne sont pas toujours faciles à suivre. Les disproportions sont flagrantes, les yeux immenses, de plus les personnages se ressemblent beaucoup entre eux et l’on se perd d’autant plus dans l’histoire … Le découpage n’est pas toujours pertinent et nous amène à nous questionner parfois sur qui est qui, ou qui dit quoi. Bref, un méli mélo complet d’images qui se mélangent sans réel ordre. Les expressions sont quasiment indéchiffrables, et il n’y a que le soin accordé aux costumes qui est réellement agréable. En effet, l’auteur met un point d’honneur à soigner les détails de l’époque qu’elle met en scène, et la garde robes des personnages est étonnante de diversité. Malheureusement, cela ne suffit pas à capter notre intérêt. Et si le titre en lui-même n’est pas exceptionnel, l’édition n’arrange rien. Saphira -paix à son âme- livre ici un travail déplorable : une traduction difficile à suivre, des erreurs dans les noms des personnages qui changent en plein milieu de la série et nous font croire à un nouveau venu, des résumés de quatrième de couverture qui ne corresponde pas au bon titre, des pages fines et des paroles perdues dans des grandes bulles … bref, encore un détail qui vient s’ajouter à la longue liste de défauts de Kiss me princess, manhwa à côté duquel il faut passer les yeux fermés, et se diriger vers d’autres titres bien plus réussis.
