Fake - Actualité manga

Critique de la série manga

Publiée le Jeudi, 12 Avril 2012

Dee et Ryo ont tout pour eux : ils sont beaux, jeunes, musclés et sont inspecteurs dans la police de New York. Ils côtoient les affaires les plus sordides avec un détachement, une légèreté et un humour qui les caractérisent … Sans oublier une passion amoureuse qui va naître entre eux deux, au gré de leur quotidien mouvementé et sensuel. Ce qui est bien, c’est que les deux jeunes gens ne tombent en aucun cas dans les bras l’un de l’autre pour copuler copieusement dès le premier chapitre et recommencer à tous les volumes. Ce n’est pas un regard qui va tout enflammer, mais une succession de petits riens qui va donner naissance à une belle histoire, qui ne se concrétisera que très tard dans la série. Ce n’est pas pour autant que le scénario s’en trouve appauvri et plein de sucreries étouffantes, au contraire : la mangaka lie l’action, l’humour et l’amour dans un cocktail globalement bien réussi. Les deux premières composantes sont omniprésentes, quand la deuxième s’échafaude par touches successives et espacées. La complicité qui nait ainsi entre Ryo et Dee puise sa force dans la connaissance de l’autre grâce aux flashs back de l’auteur, et dans le temps nécessaire à la maturation de leur amour : tout commence par quelques attentions, des paroles, plusieurs baisers … Mais longtemps, Ryo se pose des questions et hésite quant à sa réelle attirance pour Dee. Plus que l’homosexualité, c’est le problème de l’amour à sens unique puis de l’indécision qui est ici exposé. D’ailleurs, il faudra au jeune japonais le plus d’action possible pour stimuler ses sentiments, puisque la peur de perdre son compagnon est une thématique récurrente tout le long des sept tomes. C’est seulement grâce à l’adrénaline que Ryo se montrera démonstratif, quémandeur et satisfait, tout en oubliant les séquelles du passé.

Cependant, si Fake présente de nombreuses qualités, la série n’est pas exempte de défauts ! La lenteur de Ryo à prendre une décision, notamment : il faudra de nombreux chapitres à la mangaka pour faire progresser ses personnages qui stagnent un peu, notamment à cause de l’humour parfois surdosé. En effet, les interruptions et schémas redondants d’interventions de Vikky et/ou Cal n’amusent que deux volumes, et encore … Ainsi, l’histoire stagne pendant de longues périodes où seules les enquêtes, trop courtes pour être passionnantes, occupent le lecteur. Et lorsque -miracle !- les deux jeunes gens se retrouvent dans l’intimité, Ryo gâche tout par son air paniqué, interrogateur et peu assuré, ce qui a le don de refroidir Dee. En somme, Sanami Satoh profite de l’humour de sa série pour la saboter à plusieurs reprises. Du même coup, la progression de Dee ne peut se faire tant celle de Ryo, sur le plan psychologique, est lente voire quasiment nulle. Tous ces détails ne seraient que bagatelles si le plan narratif n’avait pas quelques ratés : dans un yaoi, on trouve souvent plusieurs couples homosexuels mais là, la concentration de ceux-ci est bien trop exagérée ! Les personnages secondaires ne servent alors qu’à vouloir séduire les principaux, quand ils ne sont pas totalement dénués de charisme. L’exemple typique est Vikky et son amoureuse, Cal. Ces deux là servent en chapitre bonus dans un contexte qui les montre enfin en adolescents (alors que dans le récit principal, Vikky a une dizaine d’années à peine mais semble déjà faire de la musculation et avoir subi une cure intensive, au vu des disproportions de son corps), ou bien en toile de fond de l’histoire principale. Mais leur rôle principal, outre de casser toute atmosphère sensuelle entre Ryo et Dee, se résume à se faire enlever, s’évader et causer des ennuis à tout le monde (à croire que les criminels de la ville se donnent le mot pour tomber sur Cal la nuit dans une ruelle sombre). Le pire étant que ces épisodes, indispensables -ou pas- à la narration de l’auteur, ne perturbe même pas les principaux concernés.

On l’a déjà abordé, mais le trait de la mangaka souffre de quelques problèmes de proportions et de carrure. Ceci dit, ses graphismes sont bien démarqués les uns des autres, certaines planches peuvent se révéler magnifiques … Bien que le dessin en rebute plus d’un ! L’esprit de la série est tout à fait conservé, puisque les SD sont légion et retranscrivent parfaitement l’humour, trait principal de Fake. Côté édition, Tonkam a fait un travail appréciable : format sympathique, papier globalement blanc, il n’y a que les couvertures qui font un peu « too much » mais cela donne à Fake le côté un peu vieillot qu’il lui manquait : après tout, la série est devenue une référence plus ou moins appréciée. Aucun doute en tout cas que le titre développe de nombreuses qualités, malgré ses défauts assez évidents. Ce n’est pas un yaoi qui se veut vraiment réaliste, et pourtant on lui trouve une certaine cohérence dans son déroulement. Toutefois, les longueurs qui subsistent cassent peu à peu cette bonne impression pour nous laisser parfois en cours de lecture, quelque peu déçu : rien d’extraordinaire, mais pas vraiment banal non plus, Fake est un incontournable en la matière.


NiDNiM


Note de la rédaction
Note des lecteurs
20/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

15.00,14.00,14.00,15.00,14.00,14.00,16.00

Les critiques des volumes de la série