Beauty pop - Actualité manga

Critique de la série manga

Publiée le Mardi, 26 Février 2013

Le shôjo a-t-il encore quelque chose à raconter ? Non, cette question n’est pas gratuite et elle devient même légitime face à la flopée de titres chaque mois chez Panini comics (Host Club, Binetsu Shôjo,  Parfait Tic !), la totale Ai Yazawa chez Delcourt (Nana, Last Quarter, Je ne suis pas un ange) ou la collection Lolita chez Asuka (Jeux amoureux, Déclic sensuel. Même le célèbre éditeur de romans à l’eau rose Harlequin s’y est mis depuis peu. Difficile de faire le tri au milieu des habituels coups de foudre, incontournables triangles amoureux et hordes de beaux gosses. Car il faut avouer qu’en sortant presque tous en même temps, les shôjos se chevauchent, se font dans l’ombre et s’annulent qu’ils soient des références comme Hana Yori Dango, de belles réussites comme Parfait Tic !, des curiosités comme Forbidden Love ou des formules éprouvées comme Kaikan Phrase, Binestu Shôjo, W Juliette et beaucoup d’autres. Ainsi, lorsque l’originalité se présente, même sans éclat et même là où on ne l’attend pas, il faut le souligner. Même quand il s’agit d’un shôjo sur la coiffure ! Qui l’eut cru ?!

Une petite coupe et beaucoup d’amour

Même si elle a une casquette enfoncée sur la tête et sa frange qui lui cache les yeux, il ne fait aucun doute que c’est la jeune Kiri qui propose à une petite fille d’utiliser un peu de sa magie sur elle. Non, elle n’est pas une Magical Girl, juste une coiffeuse et visagiste de génie. Un peu coup de ciseau et hop, elle embellit les jeunes filles en peine ou en quête d’amour. Cela pourrait être sa panoplie de super héroïne, car au quotidien, Kiri est une lycéenne de première année tout ce qu’il y a de plus banale. On peut même dire qu’elle est discrète et lunatique, comme si rien ne la touchait ou n’avait d’importance. Mais dans son école, il y a trois garçons qui se sont fait une spécialité de transformer une fille au hasard en reine de beauté. C’est le Projet Ciseaux avec Narumi Shôgo, fils du patron d’un des meilleurs salons, à la coiffure, Minami Kei à la manucure et Ochiai Kazuhiko à la silhouette et aux finitions. Soit tout ce qu’il y a de plus ridicule pour Kiri, surtout que les trois garçons ne voient maintenant les filles que comme des cobayes potentiels. Certaines seraient éligibles à devenir belles et d’autres non ? C’est ainsi que lorsque Aoyama Kanako vient faire sa déclaration d’amour à Ochiai, celui-ci croit qu’il s’agit d’une manœuvre pour qu’elle soit choisie pour la prochaine séance du Projet Ciseaux. Cette situation est insupportable pour Kiri, qui prend la défense de Aoyama puis fait sur elle un de ses fameux tours de magie. Le trio sait donc maintenant qu’il y a dans l’école un autre coiffeur de talent, ce qui a le don d’énerver Narumi. L’un de ses traits de caractère, voire son principal, est d’ailleurs cette capacité qu’il peut avoir de se mettre en colère pour un rien, une remarque, un mot de travers. Et autant dire qu’en la matière, Kiri sait y faire.

Combat de ciseaux et de caractères

En plus de leurs prises de bec quotidiennes et réjouissantes, à chaque chapitre, une fille fait le jeu d’une compétition entre les deux et leur art. En effet, Yamamoto et ses cheveux courts ou Yorozuya et ses cheveux gras viennent se mettre à genoux devant Naru-Naru pour qu’il les coiffe et qu’elles osent ainsi parler à celui qu’elles aiment. Mais celui-ci préfère s’entraîner sur des filles déjà belles et il faut le dire superficielles. Les filles de caractère, ce n’est pas pour lui mais plutôt pour Kiri, qui réticente, ne se décide à passer le pas et à les coiffer que si la beauté est avant intérieure. C’est ainsi qu’a lieu un grand « Hair Battle » entre Narumi et Mr. X, en fait Kiri seulement cachée derrière un survêtement et une casquette. Personne n’y voit que du feu, ce qui est très drôle il faut avouer, sauf Ochiai qui a compris depuis longtemps que derrière le mystérieux coiffeur de l’école se cache Kiri. Mais il ne veut pas la brusquer, jusque qu’elle se découvre aux autres et à elle-même petit à petit. C’est aussi le cas du lecteur qui découvre une héroïne très rigolote, pince-sans-rire mais timide et fermée. Au contact de cette bande de bras cassés mené par un Narumi souvent allumé et parfois attentionné, elle va s’adoucir, se révéler au détour d’une phrase ou d’un regard. L’une des grands forces du manga est donc de prendre son temps avec elle, de ne pas précipiter les choses. Il n’est ainsi, après 4 volumes, pas encore question de romance entre qui que ce soit. Il y a des pistes, des indices et des évidences aussi, mais pourquoi pas apprendre à se connaître, à s’amuser et à vivre ensemble avant.

Prenez rendez-vous !

Cela vaut pour les héros, mais aussi pour le lecteur. Car l’autre atout du manga est bien sûr sa galerie de personnages hauts en couleur. Chacun a son caractère, décliné avec astuce et originalité. Mais la mangaka Kiyoko Arai a sa préférence pour les agités, les foufous, et dès le volume 2, en plus de Naru-Naru, elle n’hésite pas à introduire un sacré phénomène en la personne de Minamoto Iori, spécialiste de l’aromathérapie à l’accent anglais irrésistible et au comportement excessif, presque féminin par moments. Auquel s’ajoute la mère de Kiri, un concurrent de Narumi et des défis en veux-tu, en voilà… de quoi assurer une lecture aussi divertissante que reposante. C’est peut-être ça le style de Kiyoko Arai, de la modestie et de l’honnêteté que cela soit dans le dessin, la narration et l’émotion. Après 20 ans d’expérience, dont l’adaptation sur papier de Emi magique en 1985 et un prix pour Angel Lip en 1999, elle atteint avec Beauty Pop une sagesse, une empathie et une justesse de ton qui font défaut à une majorité de shôjo aujourd’hui. Rien que pour ça, on est prêt à prendre avec elle autant de rendez-vous et de volumes qu’il faut. Oui, un peu plus dégagé derrière les oreilles.


Hoagie


Note de la rédaction
Note des lecteurs
10/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

15.00,15.00,15.00,16.00,16.00,17.00,15.00,15.00,15.00

Les critiques des volumes de la série