Baiser pour mon prince (un) : Critiques

A Kiss for my Prince

Critique de la série manga

Publiée le Mardi, 27 Novembre 2012

Sei-Ann est une très jolie jeune fille qui, persuadée d’être de sang noble malgré son actuelle condition de domestique chez une comtesse, compte bien reprendre sa place et même plus. Ainsi, son but ultime est de devenir l’épouse du prince de Toscane, même s’il est moche, vieux ou insupportable. A tout prix, il lui faut récupérer une place dans le monde. Et cela tombe très bien, puisque le prince vient de lui-même au château dont elle s’occupe, et il n’est ni difforme ni quadragénaire, mais jeune et beau comme un dieu. Sous le charme, Sei-Ann va tout faire pour l’approcher et s’approprier son attention. L’histoire de départ est extrêmement simple et un peu naïve, pourtant le ton de la narration est très agréable. Déjà, on apprécie énormément le caractère de Sei-Ann, qui ne fait pas le moins du monde dans la pleurnicherie ou les rêves démesurés. Elle est franche, réactive et dynamique : son but a beau être farfelu, elle est combattive et déterminée à l’atteindre. De plus, on ne retrouve à aucun moment des pages entières d’admiration éperdue et romantique pour le prince, ni rien qui s’y rapporte. C’est donc avec un étonnement grandissant que l’on avance dans l’histoire, et que l’on voit la jeune fille débarquer au château du prince, recommandée par celui qu’elle croit être le valet de ce dernier, avec la ferme intention de prendre possession du château et du cœur du prince.

Tout laisse à croire que, au lieu d’une romance mièvre et doucereuse, Kim Hee-Eun nous offre une comédie dans un univers aristocratique que l’on n’a pas l’habitude d’aborder sous cet angle. Le caractère ridicule du vœu de l’héroïne est la preuve que l’histoire ne se prend pas au sérieux, et que le but n’est que de nous faire découvrir une jeune femme un peu excentrique dans un cadre singulier. Une fois au château, on découvre qu’il n’y a pas non pas un mais trois princes, tous aussi différents les uns que les autres. C’est là que l’histoire devient réellement intéressante, puisque l’on suit les allées et venues de Sei-Ann entre les trois jeunes gens. L’un se montre froid, manipulateur et désagréable, l’autre regarde vers le passé et ne remarque pas l’amour que la jeune fille lui porte, tout en restant la plupart du temps poli en apparence, et le troisième est complètement déjanté et ressemble d’avantage à un ami qu’autre chose. On apprécie beaucoup que Kim Hee-Eun ne se focalise pas sur l’aspect dramatique d’avoir perdu sa famille et sa mémoire, mais en profite pour créer des situations amusantes et souvent cocasses. Ne serait-ce que dans les moments où les princes s’approprient tour à tour Sei-Ann, qui vogue de l’un à l’autre sans toutefois se fixer sur l’un, l’autre ou le troisième. Et malgré cette inconstance, on n’observe toujours aucun déchirement larmoyant ni sentiment tendre pour un en particulier.

Pour tourner l’amour en dérision, pour se plonger dans la complicité mitigée de trois individus et pour rêver au prince charmant qui semble bien ne pas exister, il n’y a pas mieux. En parallèle, on suit les conflits entre les princes, bien que leurs motivations restent obscures, et la recherche de Sei-Ann qui se concentre sur son passé. Mais au final, il ne s’est pas passé grand-chose dans ces cinq tomes. Sei-Ann avance tout doucement, la beauté des princes distrait les lectrices mais quand on fait le bilan, seule la solitude de Sian et son opposition grandissante à son frère a de quoi plaire réellement. Un manga très bien parti qui se complait un peu trop dans le comique, le SD et la légèreté. Une lecture d’ordinaire sympathique qui se termine sur une fin trop facile et plate, sans saveur ni couleur autre que celles de la beauté des costumes.

Esthétiquement parlant, le trait est très fin et la couverture attire immédiatement le regard. Les couleurs éclatantes, la beauté du regard et l’association de teintes est un excellent argument de vente, tout comme la grande page couleur de la première page, tout simplement magnifique. Le style très soigné de l’auteur alterne les doux regards et les SD comiques qui reprennent très bien le caractère de ses protagonistes. Le mélange est bien dosé, absolument pas lourd et même le physique androgyne au possible des princes ne dérange pas : cela rentre totalement dans l’esprit de la narration, amusante et légère. Les expressions sont claires, les dessins propres et clairs, les costumes variés … Bref, mis à part quelques erreurs de proportions selon les postures, on apprécie grandement le visuel de la série qui ne fait que commencer. L’édition, quant à elle, toute nouvelle sur le marché du manhwa, est très satisfaisante. Aucune transparence flagrante, une traduction fluide et complète, un format agréable, une couverture réussie, la sortie des deux premiers tomes simultanément … Il n’y a que l’abondance des pages de pubs qui gêne un peu, mais pour une collection toute nouvelle, c’est compréhensible.


NiDNiM


Note de la rédaction

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

15.00,14.00,14.00,13.00,13.00

Les critiques des volumes de la série