De nous il ne restera que des cendres Vol.1 - Actualité manga
De nous il ne restera que des cendres Vol.1 - Manga

De nous il ne restera que des cendres Vol.1 : Critiques

Nibiiro no Chameleon

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 31 Janvier 2022

Après la collection Life avec New Love, New Life! puis la collection Sensei avec V2 Panzer du maître Leiji Matsumoto, c'est leur collection Big Kana que les éditions Kana, en cette toute fin de mois de janvier, enrichissent d'un nouveau titre: De nous, il ne restera que des cendres. Bouclée en 4 volumes, cette série a été prépubliée au Japon entre 2018 et 2020 dans le magazine Comic Newtype de Kadokawa, magazine hybride et inclassable qui a également, entre autres, accueilli dans ses pages les séries BL Métamorphose (Ki-oon) et En Garde! (Pika). Il s'agit de la première publication française d'Akira Kasugai, une mangaka peu prolifique mais active au Japon depuis 2009.

Ici, tout commence alors qu'une jeune femme a priori naïve et amoureuse accepte, encore et encore, de prêter de l'argent à l'homme qui lui plaît, jusqu'à tomber dans le piège de celui-ci: en pensant découvrir le lieu de travail du bonhomme, elle atterrit dans un repaire d'arnaqueurs qui comptent bien, après lui avoir soutiré tant d'argent, l'éliminer, non sans profiter de son corps avant. La candide jeune femme est-elle perdue ? Eh bien, pas vraiment, voyez-vous, car elle sait parfaitement se battre, était en réalité en mission d'infiltration pour éradiquer sans autre forme de procès cette bande de salopards, et les zigouille tous en un rien de temps. Car cette personne, nommée Yû, est en réalité une redoutable tueuse au service d'un certain Wang, et travaillant avec sa collègue Xing, une femme plutôt (très entreprenante) à son égard. Ah, et dernier petit détail: ne vous fiez pas totalement au look de beauté fatale de Yû, car sous ses vêtements de femme, il s'agit bien d'un homme.

Sur ce premier volume, le récit suit un déroulement on ne peut plus classique, avec des premiers chapitres offrant à chaque fois une nouvelle petite mission pour Yû. Des missions qu'il exécute toujours sans apitoiement sur ses cibles qui, de toute façon, sont toujours des pourritures pour une raison ou pour une autre. Mais au-delà de cette succession de petites affaires, Kasugai met bel et bien en place, en filigranes, un fil rouge gagnant petit à petit en consistance, entre la découverte de l'entourage de Yû (son boss, sa collègue), et surtout les détails nous laissant comprendre qu'il exécute ses contrats pour une raison plus profonde, plus personnelle... Et même si cela nous dirige vers quelque chose de très classique là aussi dans les toutes dernières pages avec une affaire de vengeance largement déjà vue, le fait est que l'ensemble a un certain cachet.

Déjà, il y a de quoi apprécier la façon dont la mangaka s'amuser à jouer sur certains poncifs de ce genre de récit d'action, voire à les détourner un peu, entre un personnage principal qui a tout de la femme fatale à qui il est difficile de résister alors qu'il est en réalité de sexe masculin, et sa collègue Xing qui se charge, de façon humoristique, du rôle de "harceleuse". Mais surtout, on appréciera assez le rendu visuel et narratif. Le dessin en lui-même a pourtant des inégalités, en particulier du côté des décors qui sont très basiques. De même, les designs de personnages s'avèrent parfois un peu relâchés. En revanche, dès qu'il s'agit d'intensifier les choses, Kasugai montre de très bonnes choses: certains visages deviennent bien plus impactants, et, surtout, les angles et le découpage sont totalement au service de moments d'action particulièrement limpides et nerveux, tandis que les moments plus brutaux font leur effet sans forcément avoir besoin de gigantesques effusions de sang (et pourtant, les membres tranches et crayons plantés dans les cous sont légion). Mais clairement, le découpage de l'action est l'un des points forts de ce début de série.

Il y a donc pas mal de promesses dans ce premier volume qui, au-delà du classicisme de son scénario, montre de vrais atouts entre son personnage principal dont le travestissement est bien utilisé, et son rendu de l'action.

Reste, alors, la question de l'édition: Kana a effectivement fait le choix d'offrir un format plus grand que celui-ci de l'édition japonaise, à savoir un format similaire à une deluxe plutôt que l'habituel format seinen, mais est-ce que cela se justifie dans le cas présent ? De mon point de vue, pas vraiment, notamment parce que le dessin de Kasugai n'est pas assez riche pour ça. Pire, cet agrandissement tend en réalité à rendre encore plus évident le côté basique des fonds, et le constat ne s'améliore guère au vu de la qualité d'impression correcte sans plus et de la légère transparence du papier par moments. Alors, certes, l'édition n'est clairement pas à jeter, on a largement vu pire, et puis il y a de quoi apprécier les 4 premières pages en couleurs, le travail de lettrage très soigné y compris pour le sous-titrage des onomatopées et la traduction assez claire de Yukio Reuter (même si les astérisques signalant quand les personnages parlent en chinois deviennent vite très, très lourds... N'aurait-il pas été plus judicieux de simplement choisir une police de texte différente pour ces moments-là ?). Mais ce grand format peine à trouver pleinement une raison d'être hormis pour gonfler le prix à 12,70€, ce qui est plutôt cher pour un grand format de même pas 200 pages chez un gros éditeur (en guise de comparaison, récemment l'anthologie Lupin III fut vendue au même prix pour quasiment 100 pages de plus).
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs