Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 05 Octobre 2010
Après Love Mode, c’est sans doute dans un grand état d’impatience que les fans de Yuki Shimizu attendront la sortie de cette nouvelle série répondant au nom étrange, Ze. L’histoire est celle de Raizo, un jeune homme qui vient de perdre sa dernière famille, son grand père. Très attaché à lui mais également très dévoué et sérieux, Raizo trouve refuge dans une bien étrange maison où il se propose de faire les tâches ménagères, comme la cuisine … que personne ne daigne manger. Il devient alors un témoin de premier ordre dans les bizarreries et autres révélations farfelues de la demeure, et Raizo va apprendre à apprivoiser ses occupants, notamment Kon, un beau jeune homme d’apparence fragile avec qui il partage une chambre. Mais sa plus grande surprise sera d’apprendre que certains membres de la maison ne sont pas humains, et sont habités d’un étrange pouvoir empreint de légendes centenaires et de malédictions. Malgré cela, arrivera-t-il à s’approcher de Kon et de ses compagnons, à entrer dans le quotidien mouvementé de leur vie ? Plusieurs histoires et données se mêlent, notamment la première déchirure puis réconciliation, avec un personnage venu de nulle part et son kami jusqu’ici dissimulé dans l’ombre. C’est le début des aventures de Raizo et de ses camarades, toujours sous le signe du surnaturel … et de l’amour.
Un peu sur le même principe que Love mode, on assistera dans la série à plusieurs naissances ou mésaventures au sein de couples bien délimités et exclusifs : si tout le monde verse dans l’homosexualité, ce n’est pas pour monter un club d’échangisme. Toutefois, ce simple désir de varier les plaisirs avec plusieurs protagonistes alourdit nettement la narration, lorsque celle-ci expose le quotidien de tant de couples. On pourra rapidement se lasser de ce mode de scénario, même si pour l’instant il n’en est rien. En plus de manquer de réalisme, un tel artifice dénonce bien l’intention de l’auteur : seulement nous séduire en se montrant la plus large possible et en en offrant pour tous les goûts. Il est certainement plus risqué mais parfois plus pertinent de ne glorifier qu’une seule romance, au risque de se répéter … Surtout qu’ici le statut de kami de certains membres va sans doute amener une réflexion assez similaire dans les différentes alliances de Ze. Au niveau des sentiments, c’est pour l’instant un capharnaüm en règle et l’on attend plus de détails pour éclaircir le tout ; il en est de même à propos de la base du scénario, à savoir cette histoire de kamis de papier et de malédictions. Enfin, on appréciera le côté assez sombre qui est allègrement associé au loufoque et à l’humour, afin de donner un minimum de contenance aux personnages … Ce qui n’est pas toujours fait dans les débuts de Love Mode.
Les dessins de Yuki Shimizu sont sensiblement égaux à eux-mêmes : de longs visages sur de grands corps longilignes, un peu disproportionnés. Beaucoup de mouvement, cependant, et un réel effort dans la construction des personnages dans un désir de les différencier, même si avec autant de figures à retenir dans ce premier tome on s’y perd tout de même … L’auteur a décidé, pour changer, de mettre un couple qui ne soit pas formé de deux hommes, et crée un personnage féminin ou deux, dont l’une se donne en spectacle à chaque apparition … Un peu décevant, décribilisant autant le dessin que le scénario. On retrouve de plus des visages à la fois expressifs et plats, dans un paradoxe un peu déstabilisant par moments. Enfin, les décors sont bien présents et ce pour notre plus grand plaisir. Pas de grand changement du côté de l’édition, si ce n’est qu’elle fera une fois de plus plaisir aux amateurs dans le choix de la licence … Et décevra les lecteurs assidus d'un manga peuplé d’onomatopées bien intégrées dans le récit, ce qui n’est ici pas du tout fait, même lorsque c’est des plus simple … Alors qu’avant, Taïfu faisait cet effort. Dommage. Sinon, Ze s’impose comme un yaoi des plus prometteurs, mais avec encore beaucoup de maladresses ne serait-ce que dans l’introduction à la série. On attend d’en voir plus pour se prononcer, en somme.