Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 14 Mars 2022
Des années avant Hunter X Hunter, fin 1990, c'est avec un certain Yuyu Hakusho que Yoshihiro Togashi se fait connaître. Prépublié dans le fameux Shônen Jump, le titre durera jusqu'à la moitié de l'année 1994, s'achevant avec son 19e opus. De manière un peu abrupte, d'ailleurs, bon nombre de lecteurs regrettant la conclusion nette de l'histoire. Malgré ça, la première œuvre longue du mangaka restera dans les mémoires, y compris pour son adaptation animée fleuve réalisée par Noriyuki Abe au sein du studio Pierrot, qui a gagné une nouvelle jeunesse ces derniers temps via sa diffusion sur Netflix, tandis que Dybex doit nous en proposer une intégrale Blu-ray, peut-être, un jour, le bestiau ayant été annoncé en... 2015.
Du côté du manga, le titre, dans sa version française, a pas mal vieilli, notamment au niveau de son lettrage plus que démodé. Il était donc logique qu'après Slam Dunk et Shaman King, les éditions Kana se penchent sur le récit afin de lui donner une nouvelle jeunesse via sa collection des star édition, dédiées aux rééditions de mangas qui firent les beaux jours de la maison, dans les années 90 et 2000. Pour cela, Kana s'appuiera sur une version préexistante au Japon, à savoir la bunko en 12 tomes parue en 2010 dans son pays d'origine. Une nouvelle mouture avec un texte plus moderne, la traduction de Sébastien Gesell ayant été adaptée par Rodolphe Gicquel, le tout par des pavés aux couvertures particulièrement stylisées, le côté crayonné des "récentes" jaquettes conçues par Togashi ne manquant pas de classe. Alors, balayons directement le gros point faible de la réédition : Après avoir présenté la bunko japonaise comme matériel de base, Kana finit par dévoiler de toutes autres couvertures aux illustrations plus quelconques. Loin d'être moche, mais manquant de personnalité par rapport aux jaquettes de la version japonaise. Difficile alors de comprendre un tel choix, qui peut venir soit de l'ayant-droits japonais, soit de l'éditeur francophone qui pourrait avoir juger le manque d'impact que pouvait véhiculer les visuels d'origine. On peut rapidement penser à la deuxième option, tant Kana est parfois spécialiste des adaptations de couvertures changeant totalement leur style, quand les illustrations ne sont pas directement jetés aux orties. Dommage, donc, quand bien même l'ouvrage se rattrape par un sympathique effet métallisé qui donne du relief au nouveau visuel sélectionné.
Yuyu Hakusho, c'est l'histoire de Yûsuke, un jeune garçon au fort caractère et un poil bagarreur, dont le quotidien consiste à s'attirer des ennuis et à faire tourner en bourrique Keiko, son amie d'enfance, et la seule à apporter un poil de crédit au garçon malgré ses frasques. Les autres élèves le craignent, les enseignants le méprisent... Yûsuke n'a pas une très bonne cote. Aussi, lorsque l'adolescent sacrifie sa vie pour sauver un enfant sur le point de se faire renverser, tout le monde est surpris par un tel geste héroïque. Seulement, sa mort n'était pas du tout prévue, puisque le garçonnet devait ressortir indemne de l'accident. Autrement dit, Yûsuke est décédé... pour rien. Face à cet imprévu, Botan, entité menant les âmes des défunts vers l'au-delà, propose à l'esprit désormais vagabond de passer une épreuve exceptionnelle qui lui permettra de réintégrer son corps. Pensant qu'il ne manquera à personne, Yûsuke commence par se résigner, avant de voir le chagrin que sa mort provoque à une poignée d'individus, dont sa mère, Keiko, et même chez Kuwabara, son rival de baston, et chez Takenaka, seul personnel du corps enseignant à respecter un tantinet le jeune homme. Alors, il n'est plus question pour le fantôme-adolescent de rester une âme errante : Il accepte de passer l'épreuve qui lui permettra de retrouver la vie !
Mais derrière ce synopsis plantant d'emblée ses ambitions, Yuyu Hakusho nous prend très rapidement à contrepied. Si par "épreuve" le lecteur peut d'abord penser à un examen à la manière de celui des hunter dans l'autre série de l'artiste, la tâche que doit honorer Yûsuke sonne finalement comme un prétexte pour le faire voguer en tant qu'âme errante, et résoudre toutes sortes de cas surnaturels de la sorte, en venant au secours d'individus pris malgré eux dans des affaires occultes. Yoshihiro Togashi a donc un folklore à exploiter, et le fait à travers de petites histoires qui ne s'étalent, pour le moment, sur deux chapitres grand maximum. On peut logiquement penser que nous sommes sur une phase d'introduction, une presque coutume dans de nombreux titres fantastiques du Jump, via des chapitres plutôt légers, bien que toujours ponctués d'une petite ambiance jonglant entre la comédie et la mélancolie.
Par ce format de départ, la lecture de Yuyu Hakusho aurait pu se révéler très classique, mais ce n'est finalement que dans la forme que ce premier tome embrasse une structure conventionnelle. Car en guise de fond, force est d'admettre que le mangaka ne manque jamais d'idée, si bien que chaque histoire se renouvelle de la précédente et aborde l'univers mystique de l’œuvre avec un regard différent. On sent alors que Togashi plante ses graines, avance doucement, introduit ses personnages et le rapports qu'ils entretiennent avec Yûsuke. Si la série est réputée dans le genre du manga de baston, ce n'est pas cet aspect qui domine pour l'heure, bien que l'action soit ponctuellement présente, et certains récits conclus sous une certaine intensité. Pour l'heure, le titre s'apparente plus à la comédie fantastique, registre par lequel l'auteur offre un premier tome globalement séduisant, inventif par ses petites idées, et tout à fait prenant grâce aux différentes intonations des premières histoires narrées. Est-ce que le manga se suffira de ce registre encore longtemps ? Difficile de le savoir pour un lecteur qui n'a jamais touché à l’œuvre. Mais sur un format de 12 opus, on se doute que Yuyu Hakusho ne restera pas éternellement ancré dans ce schéma.
Une entrée sobre mais efficace donc, pour la première longue œuvre de Yoshihiro Togashi. Très différent d'un Hunter X Hunter, l'aventure de Yûsuke a pourtant son identité, tandis que la patte novice de l'artiste se ressent et s'apprécie via la lecture de cette « œuvre de jeunesse ». Rien que pour ça, Yuyu Hakusho mérite déjà d'être lu, tant ce premier volume se montre tout à fait agréable d'un bout à l'autre.
Du côté du manga, le titre, dans sa version française, a pas mal vieilli, notamment au niveau de son lettrage plus que démodé. Il était donc logique qu'après Slam Dunk et Shaman King, les éditions Kana se penchent sur le récit afin de lui donner une nouvelle jeunesse via sa collection des star édition, dédiées aux rééditions de mangas qui firent les beaux jours de la maison, dans les années 90 et 2000. Pour cela, Kana s'appuiera sur une version préexistante au Japon, à savoir la bunko en 12 tomes parue en 2010 dans son pays d'origine. Une nouvelle mouture avec un texte plus moderne, la traduction de Sébastien Gesell ayant été adaptée par Rodolphe Gicquel, le tout par des pavés aux couvertures particulièrement stylisées, le côté crayonné des "récentes" jaquettes conçues par Togashi ne manquant pas de classe. Alors, balayons directement le gros point faible de la réédition : Après avoir présenté la bunko japonaise comme matériel de base, Kana finit par dévoiler de toutes autres couvertures aux illustrations plus quelconques. Loin d'être moche, mais manquant de personnalité par rapport aux jaquettes de la version japonaise. Difficile alors de comprendre un tel choix, qui peut venir soit de l'ayant-droits japonais, soit de l'éditeur francophone qui pourrait avoir juger le manque d'impact que pouvait véhiculer les visuels d'origine. On peut rapidement penser à la deuxième option, tant Kana est parfois spécialiste des adaptations de couvertures changeant totalement leur style, quand les illustrations ne sont pas directement jetés aux orties. Dommage, donc, quand bien même l'ouvrage se rattrape par un sympathique effet métallisé qui donne du relief au nouveau visuel sélectionné.
Yuyu Hakusho, c'est l'histoire de Yûsuke, un jeune garçon au fort caractère et un poil bagarreur, dont le quotidien consiste à s'attirer des ennuis et à faire tourner en bourrique Keiko, son amie d'enfance, et la seule à apporter un poil de crédit au garçon malgré ses frasques. Les autres élèves le craignent, les enseignants le méprisent... Yûsuke n'a pas une très bonne cote. Aussi, lorsque l'adolescent sacrifie sa vie pour sauver un enfant sur le point de se faire renverser, tout le monde est surpris par un tel geste héroïque. Seulement, sa mort n'était pas du tout prévue, puisque le garçonnet devait ressortir indemne de l'accident. Autrement dit, Yûsuke est décédé... pour rien. Face à cet imprévu, Botan, entité menant les âmes des défunts vers l'au-delà, propose à l'esprit désormais vagabond de passer une épreuve exceptionnelle qui lui permettra de réintégrer son corps. Pensant qu'il ne manquera à personne, Yûsuke commence par se résigner, avant de voir le chagrin que sa mort provoque à une poignée d'individus, dont sa mère, Keiko, et même chez Kuwabara, son rival de baston, et chez Takenaka, seul personnel du corps enseignant à respecter un tantinet le jeune homme. Alors, il n'est plus question pour le fantôme-adolescent de rester une âme errante : Il accepte de passer l'épreuve qui lui permettra de retrouver la vie !
Mais derrière ce synopsis plantant d'emblée ses ambitions, Yuyu Hakusho nous prend très rapidement à contrepied. Si par "épreuve" le lecteur peut d'abord penser à un examen à la manière de celui des hunter dans l'autre série de l'artiste, la tâche que doit honorer Yûsuke sonne finalement comme un prétexte pour le faire voguer en tant qu'âme errante, et résoudre toutes sortes de cas surnaturels de la sorte, en venant au secours d'individus pris malgré eux dans des affaires occultes. Yoshihiro Togashi a donc un folklore à exploiter, et le fait à travers de petites histoires qui ne s'étalent, pour le moment, sur deux chapitres grand maximum. On peut logiquement penser que nous sommes sur une phase d'introduction, une presque coutume dans de nombreux titres fantastiques du Jump, via des chapitres plutôt légers, bien que toujours ponctués d'une petite ambiance jonglant entre la comédie et la mélancolie.
Par ce format de départ, la lecture de Yuyu Hakusho aurait pu se révéler très classique, mais ce n'est finalement que dans la forme que ce premier tome embrasse une structure conventionnelle. Car en guise de fond, force est d'admettre que le mangaka ne manque jamais d'idée, si bien que chaque histoire se renouvelle de la précédente et aborde l'univers mystique de l’œuvre avec un regard différent. On sent alors que Togashi plante ses graines, avance doucement, introduit ses personnages et le rapports qu'ils entretiennent avec Yûsuke. Si la série est réputée dans le genre du manga de baston, ce n'est pas cet aspect qui domine pour l'heure, bien que l'action soit ponctuellement présente, et certains récits conclus sous une certaine intensité. Pour l'heure, le titre s'apparente plus à la comédie fantastique, registre par lequel l'auteur offre un premier tome globalement séduisant, inventif par ses petites idées, et tout à fait prenant grâce aux différentes intonations des premières histoires narrées. Est-ce que le manga se suffira de ce registre encore longtemps ? Difficile de le savoir pour un lecteur qui n'a jamais touché à l’œuvre. Mais sur un format de 12 opus, on se doute que Yuyu Hakusho ne restera pas éternellement ancré dans ce schéma.
Une entrée sobre mais efficace donc, pour la première longue œuvre de Yoshihiro Togashi. Très différent d'un Hunter X Hunter, l'aventure de Yûsuke a pourtant son identité, tandis que la patte novice de l'artiste se ressent et s'apprécie via la lecture de cette « œuvre de jeunesse ». Rien que pour ça, Yuyu Hakusho mérite déjà d'être lu, tant ce premier volume se montre tout à fait agréable d'un bout à l'autre.