Why Nobody Remembers My World ? Vol.1 - Manga

Why Nobody Remembers My World ? Vol.1 : Critiques

Naze Boku no Sekai wo Daremo Oboeteinai no ka?

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 04 Mars 2020

Le registre de l'isekai a beau être surexploité depuis quelques années, certains titres savent encore sortir un tant soit peu du lot grâce à quelques idées, et avec The Rising of the Shield Hero en 2016 puis Mushoku Tensei en 2017 les éditions Doki-Doki ont déjà montré qu'elles ont plutôt du nez pour dénicher des titres intéressants dans le genre. C'est donc avec une certaine curiosité que l'on peut découvrir, en ce mois de mars, le nouveau représentant du genre chez l'éditeur: Why Nobody Remembers My World? (un titre international un peu bancal , mais passons).

Lancé au Japon en 2018 dans le magazine Comic Alive de Media Factory (le magazine des arcs 1 et 3 de Re:Zero, d'Iris Zero, de Steins;Gate ou encore de The Sacred Blacksmith, entre autres), il s'agit du tout premier manga d'un jeune auteur se faisant appeler Arikan. Ici, l'artiste, comme souvent quand il s'agit d'isekai, adapte un light novel, écrit par Kei Sazane (un écrivain prolifique au Japon, déjà auteur de plusieurs séries) et illustré par neco.

Dans un monde aux influences de dark fantasy et de modernité, voici cent ans que, grâce aux talents d'un héros nommé "Sid le prophète" et de sa légendaire épée, l'espèce humaine est parvenir à vaincre les 4 grandes autres races conte lesquelles elle était en guerre. Depuis, chaque race est enfermée dans l'un des 4 "tombeaux" de forme pyramidale à différents endroits du monde, et la race humaine profite de la paix... tout en veillant constamment à ce que les autres races ne s'échappent pas de leur tombeau. Telle est la tâche actuelle du dénommé Kai Vento et de ses deux acolytes, Saki Miscotti et Aslan Hyroll. Jour après jour, tout en effectuant leur service militaire dans la Fédération d'Urza, ils doivent surveiller le tombeau de la région. Rien n'a bougé en 100 ans, si bien que Saki et Aslan sont plutôt laxistes. Mais Kai, lui, prend sa tâche très à coeur, avec le plus grand sérieux. Car après tout, si les autres races telles que les démons venaient à s'échapper un jour, l'humanité courrait à la catastrophe... et il ne croit pas être autant dans le vrai avant de subir un étrange événements bouleversant sa vie ! Alors qu'il part rejoindre en ville Jeen, son amie d'enfance et possible petite amie, afin de l'aider à choisir des cadeaux pour Saki et Aslan, le si sérieux Kai est victime d'un sorte de malaise: sa vue se distord, une sorte de tempête de sable s'abat... et quand tout revient à la normale, le voici dans un autre monde. Un monde parallèle, similaire au sien. A ceci près que le légendaire héros Sid n'y a jamais existé, et que ce sont donc les 4 autres grandes races qui exercent leur pouvoir sur le monde, la race humaine étant réduite en esclavage. Et quand il tente de faire part de ses craintes à ses amis Saki et Aslan puis à une Jeen métamorphosée, Kai a la stupeur de comprendre qu'aucun d'eux ne le connaît. Il connaît tous de ces trois-là, mais en ce qui le concerne, c'est comme s'il n'avait jamais existé...

Rapidement, Why Nobody Remembers My World ? sait susciter la curiosité de par deux originalités, la première des deux étant le fait qu'on ne soit pas dans un monde proprement fantasy, mais que ce monde mélange aussi beaucoup de choses plus modernes: voitures, technologie, grands immeubles et autres édifices ressemblant à ceux de notre époque... On ne va pas aller jusqu'à dire que c'est hyper original, mais voici qui change quelque peu de ce que l'on voit souvent en isekai, le mélange entre cet aspect empreint de modernité et les éléments de fantasy (démons, anges, elfes, etc... mais aussi magie que seule l'espèce humaine est incapable d'utiliser) fonctionnant plutôt bien.

L'autre élément piquant à vif l'intérêt, c'est que plutôt qu'un autre monde, il est question ici d'un monde parallèle, un peu à la mode des fameux "what if", et où ici l'auteur se repose en premier lieu sur une chose: que se passerait-il dans un monde où Sid, le héros ayant permis la victoire des humains sur les autres races, n'avait pas existé ? La réponse est forcément troublante voire effrayante pour Kai: l'humanité est réduite en esclavage, seules quelques résistances secrètes ont lieu à différents endroits du monde (Jeen, Saki et Aslan en font partie), notre héros est a priori censé ne pas exister dans ce monde... et tous les gens qu'il connaît si bien ne savent pas qui il est.

Tout en découvrant ce qu'est devenu son monde dans cette "réalité alternative", Kai va donc devoir non seulement se faire à la situation, mais aussi commencer à enquêter sur les éléments les plus étranges. Pourquoi Sid n'a-t-il pas existé dans ce "monde réécrit" ? Pourquoi lui-même n'a aucune existence propre ? Que s'est-il passé ? Et pourquoi donc les fameux "tombeaux" pyramidaux existent-ils alors que c'est la race humaine qui est censée les avoir construits pour y enfermer les autres races ? Les investigations de Kai l'amènent alors d'abord jusqu'au tombeau d'Urza, celui qu'il surveillait jour après jour dans son monde d'origine, au risque d'y trouver une arme troublante et d'y faire une rencontre étonnante...

Bien posé, l'univers est clair, chaque information de tout type (par exemple, le passé du monde, le conflit entre les races, les différentes espèces incluses dans chaque race, ce que les humains ont inventé sur le plan technologique pour pallier à leur absence de magie...) arrive vite et bien de manière fluide, les enjeux s'installent efficacement autour d'un personnage principal sans doute voué à se rebeller contre ce nouveau monde pour remettre les choses en place telles qu'il les avait connues avant... Et si c'est aussi efficace, c'est également parce que la qualité graphique est là. Il faut avouer que même si le côté numérique se ressent parfois un petit peu trop, Arikan impressionne pour une première oeuvre: ses décors sont très présents et soignés avec une bonne mise en vue de ce monde "hybride", les designs humains basés sur les illustrations du roman d'origine sont très soignés, ceux des démons, autres créatures et machine bien élaborés et souvent denses avec de belles sensation d'imposante grandeur/puissance chez les démons (c'est d'autant plus appréciable que pour le coup, le dessinateur a inventé ces designs lui-même, les démons et machines n'étant pas illustrés dans le roman), la mise en scène ne manque pas d'impact que ce soit dans les découvertes et moments-choc de Kai ou dans les premiers instants d'action qui sont aussi intenses que limpides...

La mission est donc pleinement remplie pour ce premier volume de Why Nobody Remembers My World ?, qui pose avec réussite un monde intrigant et un récit déjà rythmé prenant et immersif, pour un isekai qui promet d'avoir ses petites spécificités. On est a priori sur une nouvelle bonne pioche pour Doki-Doki dans ce registre !

Qui plus est, l'édition est impeccable. Le papier est bien épais, assez souple et sans transparence, l'impression est excellente, Frédéric Malet se montre très à l'aise dans la traduction, le lettrage est soigné, et les 4 premières pages en couleurs sont appréciables.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs