Visages Inconnus : Critiques

Shiranai Kao

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 26 Juillet 2011

L’auteur de « Après l’orage » ou du plus récent « Restart » présente ici une histoire d’amitié lycéenne qui peine à évoluer de manière saine et positive. Car Tanabe et Haruyama sont amis d’enfance, et pratiquaient tous deux le ping-pong, le premier essayant toujours de suivre tant bien que mal le talent du deuxième. Mais peu à peu, à force de travail et d’un certain don inné, Tanabe dépasse Haruyama qui ne le supporte pas, perdant son statut d’idole. Il arrête donc ce sport et se lance dans le volley-ball. Au lycée, la complicité qui les unissait a totalement disparue et alors que Tanabe était toujours accroché à son ainé, voilà qu’il l’évite tout le temps, fuit son regard et parait inexpressif à son contact. Mais leur relation déjà endommagée se dégrade encore quand leurs corps s’expriment et s’unissent, sans qu’une quelconque émotion vienne un jour s’immiscer entre eux. On ne sait alors plus qui prend modèle sur l’autre, qui recherche l’admiration de son partenaire. Puis, des années plus tard, les deux jeunes gens se retrouvent au détour de leur travail et ils doivent alors à nouveau se côtoyer. Mais avec l’âge, les questions et les doutes ont eu le temps de murir et enfin Tanabe va s’ouvrir, et Haruyama recevoir et comprendre son ami d’enfance dont il pensait se faire détester.

Le principal avantage de cette histoire, c’est qu’elle s’étale dans le temps et en longueur, nous permettant de mieux comprendre l’évolution des adolescents que l’on rencontre au début. On a ainsi une vision d’ensemble de leur relation chaotique et complexe, des premières compétitions sous-jacentes au réel conflit, ne laissant plus la place au mensonge ou à la fuite. Par contre, cette histoire principale ne dure pas bien longtemps et occupe une faible place dans ce tome, qui est plus un recueil de nouvelles plutôt qu’une véritable aventure de deux jeunes hommes. Ainsi, on a beaucoup de mal à rentrer aussi rapidement dans leurs sentiments et très vite la profondeur qui règne sûrement entre eux nous échappe. On ne comprend pas tous les sentiments qui se présentent à nous, ni pourquoi Tanabe et Haruyama se prennent autant la tête sur des souvenirs dont ils se rappelleraient ou non, tout comme on peine à comprendre l’importance de l’aspect charnel de leur relation. En effet, le sexe a une place prédominante dans la narration sans toutefois que l’émotion ne suive, ce qui nous laisse un goût d’inachevé dans la bouche. Et les deux histoires suivantes, présentées comme nouvelles de fin de volume qui a elles deux prennent presque autant de place que la principale, ne sont pas là pour rehausser le niveau de manière spectaculaire.

La première est sans aucun doute la plus réussie, avec une histoire d’amour entre un très joli jeune homme et un coiffeur qui, s’il s’est grandement amélioré, n’était pas très gâté par la nature étant jeune. Cela nous permet d’aborder, avec un peu trop d’humour malheureusement, le concept d’aimer malgré les apparences. Cette idée est abordée un peu trop facilement avec un héros qui est presque présenté comme étrange dans ses goûts. Toutefois, on aime bien l’idée et c’est une sympathique petite histoire. Pas comme la dernière, entre un médecin et un patient un peu masochiste, qui part dans un délire de l’auteur sur l’envie de souffrir du héros, qui aime ce dentiste un peu sociopathe qui en effraierait plus d’un. Assez étrange et peu émouvante, cette nouvelle n’apporte rien à ce one-shot. Les dessins de l’auteur, eux, sont toutefois assez satisfaisant. L’auteur a corrigé cette impression récurrente de vide observée dans « Après l’orage », les planches sont d’avantage remplies par des paysages, des décors, et le cadrage est bien moins monotone. De plus, il faut reconnaître que le design des protagonistes est plutôt très satisfaisant : des détails comme des lunettes ou un personnage aux cheveux longs et crépus facilitent la lecture et attirent notre attention, bien que dans l’histoire principale cela reste assez mineur et peu marquant. Rien à redire sur l’édition, et ce one-shot est finalement une déception au niveau du manque d’exploitation de l’histoire ... Pas vraiment indispensable.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
12 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs