Trisagion Vol.1 - Actualité manga
Trisagion Vol.1 - Manga

Trisagion Vol.1 : Critiques

Rengoku no Trisagion - Artisans of the Traitors' Gate

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 11 Juillet 2017

Nouvelle série d'action fantastique des éditions Doki-Doki, Trisagion a vu le jour en 2014 chez l'éditeur japonais Media Factory, au sein du magazine Gene Pixiv. Terminé en trois volumes depuis 2016, ce manga nous permet de découvrir pour la première fois en France deux auteurs : aux dessins Bancha Shibano dont ce fut la toute première série (depuis, il a participé en 2015 a une anthologie sur Kagerou Days), et au scénario Shiki Mizuchi, à qui l'on doit le light novel Seikoku no Ryû Kishi (inédit en France).


En 1890, sur le port de New York, le jeune Levy Knight Coulthard s'apprête à embarquer pour Liverpool, avant d'ensuite rallier la ville de Londres afin d'intégrer les rangs de Trisagion, une agence d'exorcisme luttant contre une très ancienne menace : les Nihiles, des anges déchus qui infiltrent notre monde et s'en prennent aux humains. Après 5 années à se préparer auprès du grand mage et inventeur Thomas Edison, le jeune garçon se prépare donc à se lancer dans le long combat contre ces créatures, motivé entre autres par un profond désir de venger ses parents tués par ces monstres quand il était petit. Mais il ne se doutait peut-être pas que bon nombre de dangers se dresseraient déjà sur sa route avant d'atteindre la capitale anglaise !


En promettant de nous plonger dans une Angleterre victorienne sombre et fantastique, vivant avec le danger surnaturel des Nihiles, Trisagion, sur le papier, a de quoi offrir une bonne petite série si le tout est bien traité... ce qui n'est malheureusement pas le cas pendant cette longue introduction (Levy n'intègre Trisagion que dans les toutes dernières pages... la série ne faisant que 3 tomes, c'est déjà un mauvais signe...). 


Ce qui frappe en premier lieu dès le début est la pauvreté des visuels, et cela ne fera que se confirmer tout au long du volume. Les personnages humains bénéficient d'un design lisse et inégal, souffrant de problèmes de proportion et surtout d'une utilisation des trames assez hasardeuse sur eux, ce qui renforce l'impression que les silhouettes sont mal équilibrées. Plus décevant encore, les designs des Nihiles n'offrent pour l'instant aucune envolée, sont on ne peut plus basiques, ce qui est plutôt dommage au vu de la capacité que sont censés avoir ces êtres aptes à prendre n'importe quelle apparence. Souvent absents ou très limités, les décors n'offrent aucune densité supplémentaire et ne dégagent pas vraiment d'ambiance "d'époque, peut-être cela changera-t-il avec l'arrivée de notre héros à Londres dans le volume 2. Le découpage, lui, est très classique, y compris lors des moments d'action qui peinent alors à se faire intenses. Mais le pire est à chercher du côté de la narration et de la mise en scène : c'est souvent anarchique, et on en a un bon exemple dès les premières pages qui ne sont pas évidentes à suivre ! Pour l'instant, donc, pas grand-chose à sauver sur le plan visuel, le travail de Bancha Shibano ayant malheureusement tendance à plomber encore plus un scénario qui... ne décolle pas.


Des bonnes idées dans le scénario, il y en a pourtant, ne serait-ce que dans la perspective de voir Shiki Mizuchi se réapproprier des personnalités historiques et des personnages de fiction anglophones issus du 19ème siècle à sa sauce. Complètement à sa sauce : ne cherchez aucun vrai rapport avec les personnalités d'origine. Ainsi Thomas Edison devient-il un mage ayant formé notre héros, Sherlock une journaliste-sorcière... On peut quand même bien s'amuser à rechercher les différentes références que le scénariste glisse. Par exemple, Heathcliff, le marquis des goules dans le manga, est une référence à un personnage du roman Les Hauts de Hurlevent, et son repaire se nomme "Arashi gaoka" qui est le nom japonais du célèbre roman d'Emily Brontë.


Ensuite, de nombreux concepts ont de quoi intriguer... mais ils sont amenés n'importe comment ! 


Dans toute la première moitié du tome, le scénario présente des choses qui ont l'air importantes, comme le rôle qu'ont les sorcières pour les Nihiles quand ils arrivent sur terre pour se repérer, puis la suite part sur autre chose. Le troisième chapitre aurait presque des allures de remplissage tant il n'amène quasiment rien, et le quatrième et dernier chapitre offre une affaire qui amène encore d'autres choses à la va-vite. On nous évoque "l'aristocratie des Nihiles", l'espèce la plus dangereuse, sans avoir de points de repère. On nous présente un "marquis des goules" sans savoir ce que des goules viennent faire dans une histoire d'anges déchus. On nous balance l'existence d'un "ordre de la sagesse divine", un cercle de magiciens, le temps d'une bulle sans que ce soit jamais évoqué à nouveau ni présenté... 


Les tentatives d'exploiter le contexte de l'époque sont, elles aussi, très maladroites et beaucoup trop lisses. Le récit évoque par exemple la fin du marché aux esclaves ou les problèmes d'inégalité sociale, mais ne le fait que le temps d'une page ou de quelques cases sans que ça apporte quoi que ce soit. 


Côté background et concepts, même combat. Pour l'heure, le passé du héros et de son amie d'enfance est acquis, mais jamais détaillé, ça le sera peut-être plus tard, mais en attendant ça n'aide pas à s'attacher à des personnages principaux dont on se fiche un peu. Des choses comme le capital de mana sont balancées vite fait (et pourquoi celui de Levy et Juna est inaliénable ?), et le système d'artefacts magiques, qui aurait pu amener de la variété dans les armes utilisées, se réduit pour le moment au strict minimum avec des artefacts n'ayant rien d'original.


En fait, à la lecture, on se demande constamment ce qui est important à retenir ou pas, le récit donne l'impression de balancer plein de choses un pu dans tous les sens, et ça en devient vite épuisant.


Le bilan n'est donc pas bien glorieux arrivé au bout de ce premier volume mal construit, poussif et techniquement très limité. Il y a pourtant pas mal de petites idées, mais aucune qui soit réellement exploitée. C'est d'autant plus dommage que Shiki Mizuchi semble vouloir pas mal s'investir dans son scénario, comme le montrent ses quelques pages bonus en fin de tome. Espérons donc que l'oeuvre décollera par la suite... et qu'elle en aura le temps au vu de sa brièveté.


En tout cas, cela n'empêche pas Doki-Doki d'offrir une édition tout à fait correcte, avec une traduction soignée de Thibaud Desbief, un lettrage convaincant et des premières pages en couleurs. Le papier est un peu fin, mais sert tout de même suffisamment bien une impression très correcte en Italie chez Lego.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
7 20
Note de la rédaction