Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 01 Juin 2022
Le quotidien de Kosuzu, la tenancière de l'étrange librairie Suzunaan, se suivent sans se ressembler. Le village des humains reste un lieu où les phénomènes étranges liés aux yokais sont légion, qu'il s'agisse d'événements rappelant les « sept mystères de Honjo », d'étranges lettres d'amour retrouvées, ou encore d'énigmatiques graffitis qui apparaissent sur les portes coulissantes de l'école...
Sur ses deux premiers volumes, Touhou – Forbidden Scrollery nous a vite placé dans une zone de confort à travers sa construction autour de différentes histoires indépendantes, mais gravitant autour d'un même cercle de personnages. Ce spin-off s'avère être un bon moyen pour Zun d'étendre son univers vidéoludique grâce aux talents de dessinateurs de Moe Harukawa, dont la patte à la fois fouillée et mignonette nous a aisément plongé dans les moult mystères qui constituent le quotidien pas tout à fait normal des habitants du village des humains. Pour les adeptes de Touhou, il s'agissait d'un bon moyen de retrouver pléthore de personnages à travers des petites histoires sans prétention mais suffisamment bien racontées et bien grattées pour qu'on se prête au jeu, une formule aussi efficace sur un lecteur néophyte de l'univers qui passait s'implémente à côté de l'aspect retrouvailles de la saga, les références aux événements des jeux étant peu nombreuses.
Avec ce troisième opus, les deux auteurs confirment ce parti-pris en nous narrant quatre affaires paranormales liées aux yokai qui imprègnent le village des humains. Cette suite ne cherche donc pas de fil conducteur, ce qui ne l'empêche pas de livrer tout un tas de petits développements contribuant à renforcer la crédibilité de cet univers mystique. Une recette qui fonctionne grâce aux idées nouvelles qui démarque une histoire d'une autre, tant d'occasion pour Zun de nous divertir du folklore de son monde tout à fait séduisant.
Le plus habile bien, encore une fois, de la capacité qu'a l'œuvre de ne pas perdre un lecteur qui n'aurait jamais joué à un jeu Touhou. Si on comprend régulièrement qu'un ensemble plus vaste se cache derrière ce spin-off manga, le fait de jouer sur des personnages récurrents et de cadrer chaque intrigue sur un leitmotiv bien précis aboutit à un cadre qui fait de Forbidden Scrollery un dérivé qui se suffit à lui-même. A vrai dire, pour un non initié aux jeux, la lecture amène une sorte de curiosité, celle d'une ambiance gentillette et mystérieuse qui, à première vue, ne se prête pas à un jeu de type shoot'em up. Alors, la curiosité de tenter les jeux gagnera sans doute quelques lecteurs... ce qui est probablement l'une des différentes optiques du récit, en plus de celle du pur divertissement.
Et on en n'attendra pas davantage de Forbidden Scrollery, titre qui se lit avec un petit plaisir tant il nous dépayse et fait passer de bons moments par ses petites intrigues riche en mystères et toujours habilement conçue, avec un joli sens du rythme de la part de Moe Harukawa dont la patte ne cesse de nous ravir. Le spin-off a encore quatre tomes à nous offrir, quatre opus qui, s'ils sont de cet acabit, nous plairont sans mal.