Library Wars - Love & War Vol.1 - Actualité manga

Library Wars - Love & War Vol.1 : Critiques

Toshokan Senso - Love & War

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 09 Juin 2010

A l'origine de Library Wars - Love & War, on retrouve une série de romans éponymes de Hiro Arikawa, dont le succès fut si grand au pays du soleil levant qu'ils ne tarderont plus à paraître en France, également aux éditions Glénat. Pour parfaire le tout, notons que les romans connaissent également une adaptation en manga de style shônen. Peut-être aurons-nous la chance de voir un jour cette version sortir aussi en France, mais en attendant, c'est la version shôjo que nous propose l'éditeur grenoblois.

Nous sommes au Japon, dans un futur où le gouvernement a adopté une "Loi d'Amélioration des Médias", qui a en réalité pour but de renforcer le contrôle des différents supports culturels. Et la principale cible de cette loi s'avère être le milieu littéraire, puisqu'une véritable chasse aux livres débute, l'armée étant mise à profit pour exercer une forte censure des livres en n'hésitant pas à détruire les ouvrages jugés non conformes aux valeurs de l'ordre public et de la patrie.
Face à cette terrible répression, les bibliothèques ont fini par se fédérer, et ont créé un véritable corps militaire pour défendre les livres. Par admiration pour l'un des membres de ce corps des Bibliothécaires, qui a défendu une fois par le passé son statut de lectrice, mais dont elle ne se rappelle malheureusement pas le visage, Iku Kasahara rêve d'intégrer ce corps de lutte et suit une formation dans ce but. Mais en lieu et place du prince charmant qui l'a autrefois sauvée, elle se retrouve avec Dojo, un instructeur impitoyable qui la fait tourner en bourrique !

C'est ainsi que débute Love & War. En inscrivant son histoire sur un futur réaliste vers lequel notre réalité a de plus en plus tendance à se pencher, le romancier Hiro Arikawa nous propose un synopsis de base d'anticipation visionnaire et pertinent, et de ce fait, on est particulièrement curieux de voir comment un shôjo va aborder une telle intrigue. Mais si, dans le genre seinen, le récit aurait pu s'inscrire directement aux côté de récits d'anticipation sombres à la Ikigami, ne nous leurrons pas: ici, nous avons bel et bien affaire à un shôjo. Et pourtant, dans l'univers-même des shôjo parus en France, qui se cantonnent souvent aux romances adolescentes, Love & War, de par ce sujet de base, parvient sans le moindre mal à se démarquer.

Malgré tout, impossible de cacher le côté shôjo de la chose, à commencer par le fait que notre héroïne ait décidé d'intégrer le corps des Bibliothécaires par admiration pour un prince charmant qu'elle n'a vu qu'une fois et dont elle se souvient à peine. Egalement, on devine facilement, et ce dès le départ, l'apparition de sentiments naissants entre la demoiselle et son terrible instructeur bien loin d'être si mauvais que ça. Et Iku de s'interroger régulièrement sur les réactions de Dojo, qui, tout au long de ce premier volume, ne cesse de cacher sous des paroles acérées et un air bourru son côté très protecteur, qui laisse deviner une véritable attirance, envers notre héroïne. "Est-il bon ou mauvais avec moi ? Je peine à le cerner...", voici une phrase qui pourrait facilement cerner le dilemme d'Iku face à cet instructeur.
Dès lors, quiconque n'est pas amateur de shôjo aurait pu avoir peur d'être facilement irrité par cet aspect de l'oeuvre. C'est sans compter sur le talent de la mangaka, Kiiro Yumi, qui nous offre un très bon travail pour ce qui est ici le tout premier volume relié de sa carrière.

Régulièrement, à travers cette naissance de sentiments, ce début de "je t'aime moi non plus", l'ensemble fleure bon le shôjo, certes, mais le tout est habilement masqué sous une grande dose d'humour, un humour qui fait facilement mouche, et ce dès les premières pages. Dès le début, Kiiro Yumi donne le ton, en nous présentant d'emblée en la personne d'Iku une héroïne haute en couleurs. Toujours dynamique, la demoiselle dévoile rapidement une personnalité colérique amusante qui ne manque pas d'éclater sans cesse à travers ses nombreuses prises de bec avec Dojo. Assez éloignée des héroïnes un peu niaises ou cruches que l'on peut voir si souvent dans ce genre d'oeuvre, Iku, un brin garçon manqué, affiche d'emblée toute sa franchise, fait preuve d'une détermination à toute épreuve, agit toujours avant de réfléchir, ce qui a tendance à provoquer des catastrophes et à lui causer des problèmes qui lui valent souvent d'être traitée de crétine, mais elle parvient toujours à retomber sur ses pieds grâce à sa volonté d'aller de l'avant. Caractérielle, omniprésente, dotée d'une vraie personnalité, Iku est une héroïne comme on aime en voir.
A côté de ça, Dojo est évidemment l'autre personnage fort de ce premier tome. En apparence bourru et impitoyable, il affiche régulièrement une image de lui plus nuancée, et si l'on devine facilement comment il va évoluer, on a hâte de voir comment la mangaka va continuer d'exploiter ce personnage.
En ce qui concerne les autres protagonistes présentés dans ce volume, si l'on excepte un Tezuka qui devrait, lui aussi, rapidement évoluer, tous les autres personnages restent assez effacés, mais devraient rapidement gagner en intérêt.

Mais au beau milieu de tout ceci, le point qui intrigue le plus reste bien évidemment ce scénario de base prometteur. Un constat s'impose: le fond de ce synopsis d'anticipation est encore peu exploité. Néanmoins, ce premier tome pose de manière efficace les bases de l'histoire, en expliquant succinctement (peut-être aussi de manière légèrement confuse) comment la situation a évolué, du vote de la "Loi d'Amélioration des Médias" à la situation actuelle, en passant par la création du corps des Bibliothécaires, pour lequel nous découvrirons les principales instances et l'organisation hiérarchique. Ainsi, pendant que nous suivons la formation d'Iku, les grandes lignes sont posées, et à présent, on attend de la suite qu'elle approfondisse les choses.

D'un point de vue visuel, on reste sur une très bonne impression. Assez standard mais précis et très expressif, le coup de crayon offre de nombreux passages amusants, portés par les bouilles bourrées de caractère d'Iku et Dojo. On signalera que les allergiques aux dessins typés shôjo pourraient être ici convaincus par des dessins qui, s'ils restent assez fins, évitent les principaux écueils du genre, le trait parfois assez appuyé de l'auteure évoquant même par instants quelque chose de plus masculin. Quant à la narration, elle ne laisse aucun temps mort, le tout est très dynamique, et après des premières pages légèrement poussives, ce qui est dû au fait que le ton soit donné dès le départ et que l'on soit projeté directement dans l'intrigue, on se laisse facilement happer par le récit. Et ce malgré quelques passages un brin confus, à l'image des très peu nombreuses et très courtes véritables scènes d'action. Au final, on reste sur l'impression d'avoir affaire à quelque chose de légèrement hybride visuellement parlant, ancré dans le genre shôjo sans y être étouffé, et flirtant à plusieurs reprises avec un style plus typé shônen, ce qui pourrait séduire un large public. Au final, on se dit que le sous-titre "Love & War", que cette juxtaposition de deux termes antagonistes correspond bien à l'univers du manga.

Très énergique, assez frais et léger, drôle, porté par un duo de héros assez hauts en couleurs, et assez original dans l'univers des shôjo parus en France, ce premier volume de Love & War se révèle fort agréable à suivre et est susceptible d'intéresser aussi bien un public féminin que masculin, à condition de ne pas être hermétique à 100% au genre shôjo. Les grandes lignes de l'intrigue sont posées, le tout ne demande qu'à être approfondi, et à présent, toutes les cartes sont entre les mains de Kiiro Yumi pour que l'on ait droit à une suite à la hauteur de nos attentes.

Du côté de cette édition française, Glénat nous offre un travail de bonne facture. L'impression et le lettrage restent corrects, et malgré quelques coquilles et tournures de phrases lourdes, la traduction colle bien aux caractères des différents personnages, et contribue à rendre la lecture plus dynamique.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs