Thermae Romae Vol.1 - Actualité manga
Thermae Romae Vol.1 - Manga

Thermae Romae Vol.1 : Critiques

Thermae Romae

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 15 Mars 2012

Fort d'environ un million d'exemplaires vendus au Japon à chaque nouveau tome, Thermae Romae débarque en France déjà auréolé d'une belle réputation, d'autant que son auteure, Mari Yamazaki, est invitée au Salon du Livre, et que le récit nous emmène dans un pays pas très loin de chez nous, en Italie... pour un sujet on ne peut plus original !

Ayant effectué plusieurs voyages en Europe, ayant fait ses études en Italie et habitant au Portugal, Mari Yamazaki ne cache pas son intérêt pour certains aspects de la culture occidentale. Parmi ceux-ci, elle montre une grande passion pour la Rome antique et pour l'art des bains. Qu'à cela ne tienne, pourquoi ne pas mélanger ces deux passions ?

Thermae Romae nous plonge à l'époque de l'Empire Romain, dans la première moitié du deuxième siècle de notre ère, en plein règne de l'Empereur Hadrien. Lucius Modestus, un architecte sur le déclin, ne parvient plus à trouver de bonnes idées pour se faire un nom. Un jour que Marcus, son ami, l'emmène aux thermes pour le requinquer, Lucius s'enfonce dans l'eau, se retrouve aspiré par un trou béant, et, quand il sort de l'eau, se retrouve... dans un bain japonais, en 2009 ?!
Déboussolé par cette aventure hors du commun, Lucius découvre ensuite dans les bains de cette civilisation inconnue mais avancée nombre de trouvailles ingénieuses, dont il va s'inspirer pour redorer son blason à son époque...

Avec un tel synopsis, difficile de savoir ce qui va nous attendre à la lecture. Au fil des pages, on découvre alors une oeuvre alliant habilement l'humour et la passion de l'auteure pour les bains et tout ce qui les entoure.

Ce qui frappe donc en premier lieu, c'est le ton adopté par Mari Yamazaki, fait d'un humour que l'on n'attendait pas forcément. Si la facilité avec laquelle Lucius change d'époque laisse dubitatif, on se régale face au choc des cultures, parfaitement orchestré. Effectivement, Lucius ne sait pas où il atterrit, prend les Japonais pour des esclaves aux "visages plats", et enchaîne les répliques décalées dans un cadre qui lui est inconnu. De leur côté, les japonais peuvent rester abasourdis de voir un grand gaillard étranger surgir subitement de l'eau dans des conditions particulièrement loufoques, puis de le voir agir de manière complètement étrange à leur yeux, à l'image du passage où notre cher Romain sort en toge dans la rue ! Mais la grande réussite de l'auteure vient sans doute de la façon qu'elle a de faire s'extasier Lucius devant les ingéniosités qu'il découvre... et qui ne sont rien d'autre que des objets de notre vie quotidienne ! Un pommeau de douche, une baignoire... Le choc des époques est parfaitement orchestré.

Le regard à la fois craintif et émerveillé face à ces objets, Lucius va ensuite les observer attentivement afin de s'en inspirer, histoire de les adapter à sa sauce à son époque. Et c'est ici que l'on ressent bien la passion de Mari Yamazaki pour les bains, celle-ci effectuant des parallèles ingénieux entre les bains japonais et les thermes romains. En filigranes, tout ceci permet à l'auteure de mettre en avant des éléments quotidiens de chaque époque, ainsi nous immisce-t-elle en douceur dans les us et coutumes des bains japonais et romains, tout en dépeignant, en toile de fond, quelques pans de l'histoire romaine, autre grand centre d'intérêt de la mangaka : découverte de l'Empereur Hadrien, et de quelques anecdotes comme son histoire d'amour tragique avec Antinoos, ou encore son caractère plutôt pacifiste puisqu'il préfère voyager et consolider l'intérieur du pays plutôt que de chercher à l'étendre à tout prix. On verra également Lucius l'accompagner lors d'un voyage à Jerusalem.

Ce dernier point nous permet d'aborder le vague fil rouge de l'oeuvre.
Dans les faits, chacun des cinq chapitres de ce tome est construit de manière indépendante, à chaque fois sur le même schéma : une demande particulière est faite à Lucius, celui-ci se retrouve au Japon où ils s'inspire de certains objets, dont il s'inspire, une fois revenu à Rome, pour satisfaire les demandes des clients. On le ressent dès ce premier tome : le schéma des chapitres est redondant, et pourrait rapidement lasser, d'autant que l'on se demande un peu comment fera Mari Yamazaki pour renouveler continuellement les demandes des clients, les bains et les caractéristiques dont s'inspire Lucius. Pour le moment, elle s'en tire très bien de ce côté-là, mais l'interrogation reste.
Pour créer un peu plus de liens entre les différents chapitres, la mangaka met alors en place un élément : l'accroissement de la popularité de Lucius au fil de ses nouvelles idées, une popularité qui grandit tant et si bien qu'il est bientôt contacté par l'Empereur Hadrien en personne. Mais les choses ne s'arrêtent pas là, puisque sa vie professionnelle se met à briller tellement qu'à côté, c'est sa vie de couple qui en pâtit... Affaire à suivre dans le deuxième volume !

Visuellement, le titre se démarque sans difficulté, de par son style très occidentalisé. Imprégnée de culture européenne, Mari Yamazaki offre un coup de crayon à mi-chemin entre manga et bande dessinée occidentale, d'autant que certains personnages, principalement Lucius, semblent clairement inspirés des canons de beauté de l'époque que l'on peut voir à travers gravures et sculptures. A côté, les Japonais, aux traits un peu plus relâchés, offrent un sympathique contraste renforçant le décalage de Lucius à notre époque. Hadrien, quant à lui, possède un physique fidèle à l'original, clairement inspiré des statues à son effigie. Les décors, surtout les bâtiments romains, jouissent d'une minutie très appréciable. A côté de ça, les expressions faciales savent s'adapter quand il le faut aux situations plus cocasses, histoire de mieux faire passer l'humour.

En guise de bonus, on appréciera beaucoup les blablas de Mari Yamazaki entre chaque chapitre : précisions sur son oeuvre, anecdotes personnelles... Un plus non négligeable.

Si la facilité des voyages dans le temps et le schéma redondant des chapitres peut freiner un peu, Thermae Romae possède suffisamment d'atouts pour qu'on se laisse conquérir. L'idée de base et les dessins sont originaux, l'humour est varié, la peinture des deux pays et des époques en toile de fond est intéressante... Voici une curiosité à tester, assurément ! Et si redondance il y a, elle ne devrait pas s'éterniser, la série étant apparemment prévue pour se boucler avec son sixième volume, dont la sortie est déjà planifiée par Casterman pour mars 2013.

Casterman, par ailleurs, a mis les bouchées doubles pour mettre en avant ce qui est clairement sa nouvelle série-phare, avec beaucoup de publicité, la venue de l'auteure en France, et un superbe présentoir en forme de colonne romaine dans les librairies. L'édition en elle-même est de très bonne qualité. Hormis quelques fautes de frappe et une couverture qui se salit facilement, on tombe sur une bonne qualité de papier et d'impression, sur une traduction fluide, et une adaptation réussie avec des onomatopées traduites et bien insérées. Toutefois, certains termes auraient sans doute mérité une petite note.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs