Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 08 Décembre 2025
Suite à la réalisation de « Quinze ans de mensonges », le film qui retrace la vie d’Ai Hoshino, Aqua fait face à celui dont il a juré de se venger, le vrai meurtrier de sa mère : Hikaru Kamiki. Mais la défense de ce dernier est solide, et sa vérité n’est peut-être pas celle à laquelle Aqua s’attendait. Alors, où se situe le mensonge ? Passé ce face-à-face, le garçon pourra-t-il enfin croquer la vie à pleines dents ?
Voilà un tome qui a été particulièrement attendu. Avec cet ultime opus, Aka Akasaka et Mengo Yokoyari livrent la conclusion d’une série qui aura fait parler d’elle, que ce soit par son excellent mélange de plongée dénonciatrice dans le monde du show-business avec un soupçon de thriller bien orchestré, ou par son adaptation animée d’excellente facture. Pour couronner cette fin, c’est un volume épais qui nous est offert avec pas moins de 14 chapitres compilés et quelques bonus conclusifs, dans un pavé de près de 300 pages. Kurokawa a d’ailleurs célébré cette conclusion en grande pompe avec une édition collector très fournie ainsi qu’un premier tirage du tome aux superbes effets de brillance sur plusieurs éléments de la couverture. Plus que jamais, Ai resplendit telle une étoile sur la jaquette, ce qui donne le ton de cette ultime lecture avant même qu’on l’ait entamée.
Le très attendu face-à-face entre notre héros et Kamiki, son géniteur et fomenteur du meurtre d’Ai, livre des révélations particulièrement attendues. Dans un premier temps, le lecteur pourra être déçu des vérités qui lui sont offertes. « Tout ça pour ça ? » est une réaction légitime, mais c’est sans compter l’art de surprendre que manie très bien Aka Akasaka dans une succession de rebondissements finaux, ce qui passe tant par les révélations que par un jonglage habile entre oppositions intenses et euphorie du quotidien, un travail de narration millimétré qui donne sa cadence au tome, mais aussi son sens.
Car si cet enchaînement de surprises pourrait n’être là que pour le quota de moments chocs et dans une volonté des auteurs de nous surprendre à chaque fois, il n’en est rien. Toute la construction amène à une fin certes riche en émotion, mais surtout pleine de temps et qui offre un regard nouveau sur toute la quête revancharde d’Aqua. Bien des éléments prennent alors leur sens, y compris le segment fantastique du récit, celui de la réincarnation, qui trouve une forme de légitimité. Toute l’écriture du protagoniste offre de nouveaux horizons de lecture tandis que les personnages clés qui gravitent autour de lui, Kamiki et Ai en premier lieu, livrent leurs derniers secrets qui permettent de les comprendre et de saisir l’ampleur de toute la tragédie initiale. Le drame humain Oshi no Ko révèle toute sa puissance… mais le drame social aussi. Car dans cet ensemble, déjà abouti, l’auteur ne manque pas d’y ajouter un soupçon de procès envers l’univers du show-business, celui qui façonne des jeunesses parfois meurtries, des fascinations abusives et une vision de l’information tronquée au profit du spectacle et de la passion. Toutes les facettes de l’œuvre convergent dans ce final qui ne laisse plus de place au doute et fait des choix forts dans ses enjeux et dans ses symboliques, une vraie maîtrise qui force le respect.
Rien n’est donc laissé au hasard dans cette conclusion, et on apprécie tout particulièrement la présence d’un épilogue et de pages bonus qui laissent place à « l’après ». Oshi no Ko étant aussi une histoire de carrières qui ont nourri les développements des protagonistes, savoir ce que chacun devient dans ce petit monde est appréciable et atténue la frustration qu’une fin d’un manga si riche peut impliquer.
À termes, l’œuvre d’Aka Akasaka et Mengo Yokoyari aura été impeccable, construisant une histoire de vengeance garnie de vraies réflexions sur le monde du divertissement et ses aspects les plus impitoyables, autour d’une galerie de personnages humains dont les passions se confrontent aux dangers du milieu, le tout dans un drame humain à la résultante profondément touchante. Avec Kaguya-sama : Love is War, nous savions déjà qu’Akasaka était un excellent auteur, et Oshi no Ko nous le confirme. Quant à Mengo Yokoyari, la mangaka a pu dévoiler toute sa maîtrise stylistique et narrative, ce qui résonne une dernière fois dans ce volume aux séquences visuellement fortes. Un tandem qui s’est bien trouvé, et qu’on aimerait voir se reformer à l’avenir !
04/12/2025