Tempête de cristal Vol.1 - Actualité manga

Tempête de cristal Vol.1 : Critiques

Kooru Sora, Sakou no Kuni

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 30 Janvier 2020

En ce début d'année, les éditions Komikku nous proposent de découvrir dans notre pays la toute première série shôjo d'Aki Aoi, une mangaka qui a auparavant beaucoup oeuvré dans le boy's love, et que l'on connaît d'ailleurs déjà un peu dans notre pays via le one-shot Under the blue sky, qui était paru aux éditions Taifu Comics en 2015. De son nom original  Kooru Sora, Sakou no Kuni, Tempête de Cristal est une série bouclée en trois volumes, qui fut publiée de 2016 à 2019 dans le magazine Gekkan Princess des éditions Akita Shoten, et qui nous plonge d'emblée dans une aventure aux accents fantasy plutôt fascinante dans son concept.


Car dans ce monde, il existe un mystérieux phénomène, nommé tempêtes de sable argenté. Tous les lieux et paysages ce que ces étonnantes catastrophes naturelles touchent se retrouvent figés, rapetissés, cristallisés, aboutissant alors sur ce qui semble être des répliques miniatures, alors que ces endroits étaient encore, avant la tempête, gorgés de vie. Nommés "fragments", les endroits rapetissés et cristallisés sont recherchés et récupérés par des chasseurs, ayant tous un animal de soutien avec eux, et revendant ensuite ces captivants vestiges à des artisans, entre autres. Dans son village d'Itora, la jeune Sekka, 14 ans, est l'une de ces artisanes. En apprentissage dans l'atelier de son maître Utou et de son employée Kari, elles s'applique, jour après jour, à mettre en valeur du mieux qu'elle le peut les fragments de cristaux, dans lesquels se reflètent des bâtiments ou des cadres naturels qui étaient autrefois encore normaux, ces précieux objets étant bien souvent accessibles seulement pour les personnes suffisamment riches. Elle a en elle le rêve de devenir une grande artisane, et ses tout premiers travaux commercialisés semblent d'ailleurs attirer les regards, pour sa plus grande joie. Mais un jour où elle part en livraison dans une ville voisine, sa vie se retrouve bouleversée non seulement par la découverte d'une boutique clandestine où elle croit distinguer des personnages au sein même des fragments, mais surtout par l'imminence d'une tempête de sable argenté devant frapper son village. Revenant en vitesse sur les lieux, elle ne peut que constater, désespérée, qu'il est déjà trop tard: le village d'Itora a disparu, et avec lui ses habitants, dont Utou et Kari. Pourtant, il lui reste une piste pour peut-être en retrouver la trace et éventuellement sauver ses proches s'ils sont encore en vie: sa rencontre avec Tito, énigmatique jeune homme ayant un bien étrange compagnon nommé Archéo, et semblant pouvoir déterminer où vont frapper les tempêtes...


Dès les premières pages, la mangaka arrive à fasciner, non seulement à travers ce concept de base original et surprenant, mais aussi à travers ses planches qui ne cesseront de montrer des qualités visuelles et narratives. Concernant l'aspect visuel pur, on notera que la mangaka préfère sous-entendre les moments un peu sombres/durs ainsi que les quelques passages d'"action" plutôt que de les montrer franchement. Par exemple, on devine une mort plus qu'on ne la voit vers la fin du tome, un peu avant ça la chute de Sekko du hait d'une falaise n'est pas montrée directement, et vers le tout début on ne voit pas le sort du village. Le résultat, c'est un récit dont on devine et ressent alors la rudesse surtout en filigranes, sans scènes-choc, ce qui permet à l'autrice de surtout privilégier une atmosphère fascinante, un peu contemplative parfois. Impression encore renforcée par la grande discrétion des onomatopées: il y en a, mais elles ne sont jamais envahissantes, restent fines et petite. C'est, en quelque sorte, surtout sur son découpage soigné et son dessins en lui-même que l'autrice cherche à se reposer, et là-dessus elle offre une très jolie copie. Les designs sont propres, elle sait particulièrement bien se focaliser sur les visages en faisant le choix de régulièrement épurer les fonds, et quand il y a des décors ils sont facilement immersif, même quand la dessinatrice y joue surtout sur les trames pour faire ressentir l'aspect désertique. Et puisque l'on parle de désert, soulignons certaines influences un peu moyen-orientales, que ce soit dans certains vêtements ou via des concepts comme les caravanes (de chasseurs).


C'est donc en étant portée par une patte visuelle soignée et facilement prenante (voire envoûtante dans son genre) que démarre rapidement une petite histoire assez prometteuse, dont l'autrice expose vite et bien, un à un les grands concepts. Les tempêtes, les fragments, les chasseurs et les artisans bien sûr (Aki Aoi sachant donc construire tout un petit univers reposant dépendant de ces tempêtes), mais aussi les premiers pas de la quête de Sekka, choisissant de quitter ses terres natales pour tenter de trouver comment sauver les siens quitte à découvrir un peu plus le monde pour ce qui a alors un petit parfum d'aventure. Et sur son chemin arrivent dès le début des figures plus ou moins mystérieuses: Tito qui reste un compagnon fort mystérieux, la caravane de chasseurs de la belle Isuka dont on ne sait d'abord pas si on peut lui faire confiance, l'inquiétant "marché noir" semblant faire un trafic d'un type bien précis de fragments... Certains de ces visages ayant déjà leur propre petite histoire et leurs points d'intérêt, même si c'est parfois un peu rapide. Et puis, certaines questions finissent par se soulever autour des tempêtes elles-mêmes. Quelle en est l'origine ? Pourquoi transforment-elles en fragments les lieux où elles sévissent ? Le récit semble bien parti pour y répondre.


Tempête de Cristal s'offre donc un démarrage très prometteur, qui doit beaucoup aux qualités visuelles d'Aki Aoi et aux aspects originaux et fascinants du petit univers qu'elle pose avec clarté. En trois tomes, il y a moyen d'avoir une courte oeuvre se tenant bien, en tout cas ce début est réussi !


L'édition française s'avère agréable à prendre en main avec son papier souple et sans transparence, son impression correcte et sa traduction claire et bien conçue de la part d'Aline Kukor. Soulignons la qualité de la jaquette, fidèle à l'originale japonaise, ayant un petit côté granuleux (évoquant les grains de sable d'une tempête ?), et un joli petit effet argenté sur la numérotation (comme du sable argenté ?).


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction