Sounds of vinyl Vol.1 : Critiques

Onban Kikô

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 11 Avril 2025

Annoncé par les éditions Vega l'été dernier sous le titre provisoire The Record Journey, le manga "Omban Kikô" (littéralement "Voyage Record") a fait ses débuts en France dans la collection Alpha de l'éditeur au début de ce mois d'avril, tout compte fait sous le titre Sounds of Vinyl. Au Japon, cette série d'histoires courtes suit son cours depuis 2021 dans le magazine Aokishi des éditions Kadokawa, et il s'agit du tout premier manga professionnel de Ryôchirô Kezuka, un artiste qui se présente comme un fan de vinyles et de disquaires et qui, fort logiquement, va donc nous parler ici de l'univers musical qui le touche tant.

Ce premier volume a beau posséder quelques visages récurrents d'une histoire à l'autre (comme la disquaire du premier récit qu'on revoit brièvement plus tard, ou encore le groupe de rock fictif The Staggs), nous avons avant tout affaire ici à cinq histoires indépendantes qui, au fil des environ 230 pages du tome, vont nous immiscer dans le monde de la musique de différentes manières.

Tout d'abord, au Japon, une jeune femme ayant récemment perdu son grand-père compte vendre la précieuse et vaste collection de vinyles de ce dernier à une disquaire, avant que celle-ci ne se lance avec elle dans une enquête sur l'origine d'un disque mystérieux contenant une sorte de musique ethnique et qui va réveiller bien des souvenirs. Puis dans un pays autoritaire que l'on pourrait situer sûrement en Europe de l'Est ou en Russie, une jeune serveuse passionnée de rock se met en quête de disques interdits par les autorités. Puis un groupe de rock anglais tue le temps dans un pays inconnu jusqu'à rencontrer une jeune disquaire et musicienne qui ne manque pas de piquant, une étudiante devant rejoindre Londres s'embarque sur un bateau diffusant une radio pirate illégale en découvrant alors un univers qu'elle ne connaissait pas, et des passionnés de musique se réunissent autour d'un vieux jukebox dans un restaurant chargé de souvenirs.

Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre de la série, ces histoires ne se focalisent pas uniquement sur les vinyles, ces derniers faisant plutôt partie ici d'un tout, à savoir un élément musical rétro parmi d'autres: ainsi sera-t-il aussi question de disquaires aux mille et un trésors, de radios pirates, de groupes de rock un peu à l'ancienne, de jukebox, d'instruments rafistolés... soit autant de choses qui, à notre époque, ont généralement quelque chose d'un peu désuet et de délicieusement nostalgique. C'est bien sur cette atmosphère nostalgique et rétro que l'auteur se plaît à jouer, jusque dans son rendu visuel où, non content d'offrir une belle finesse de trait dans les designs et les décors, il apprécie aussi de soigner le différents cadres qu'il met en scène, à commencer par les boutiques de disques foisonnantes et un peu bordéliques ainsi que le bateau d'où émet la radio pirate.

Quand on aime ce type d'ambiance, il y a vraiment de quoi se laisser porter par la lecture de chacune de ces histoires, d'autant plus que Kezuka ne se contente pas tout à fait de ça et sait insuffler pas mal de valeur à son abord de la musique et des métiers et objets qui y sont liés. Ainsi pourra-t-il être question, au fil des pages, de la préciosité des objets (comme les vinyles ou le vieux jukebox) qui restent comme autant de souvenirs, du besoin de liberté en écoutant ce qu'on veut, des découvertes et rencontres permises par la musique, des amitiés naissantes et du partage culturel que celle-ci peut permettre... soit autant de sujets qui ont quelque chose de très universel.

Même s'il ne faudrait pas qu'une oeuvre de ce genre s'éternise trop, sur ce seul premier tome Sounds of Vinyl se révèle être alors une ravissante lecture dans son genre, d'autant que l'édition française est correcte malgré un prix qui semble un peu trop élevé et un lettrage une nouvelle fois délocalisé en Inde (même si celui-ci est d'assez bonne facture). On appréciera notamment le grand format assez idéal pour bien profiter des planches de l'auteur, le papier souple et plutôt opaque, l'impression convaincante, la première page en couleurs sur papier glacé (même si elle se contente de reprendre l'illustration de la couverture), et la traduction soignée de Satoko Fujimoto.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction