Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 27 Avril 2022
Lancé en 2016, Soul Keeper faisait partie des titres Panini à se faire rare, privant les lecteurs d'une œuvre du talentueux Tsutomu Takahashi. Ainsi, tandis que la maison d'origine italienne relance Sidooh avec l'ambition d'aller jusqu'au bout, le titre fantastique et social de l'artiste a lui aussi droit à sa nouvelle mouture en ce mois d'avril 2022, avec parution simultanée des deux premiers opus.
Au Japon, le manga remonte à la décennie dernière. Initialement lancé en 2011 dans le Young Jump de l'éditeur nippon Shûeisha, sous le titre d'origine Hito Hitori Futari, le récit a pris fin avec son huitième volume voilà un peu moins de dix ans, en septembre 2013.
Après la mort, les esprits suivent une formation afin de bonifier leurs âmes, en vue de leurs réincarnations. Mais le fantôme de Riyon sèche bien souvent ces cours, préférant s'adonner à des parties de jeu de plateau avec un autre défunt. Son comportement ne peut durer éternellement, aussi le précepteur en chef confie à Riyon une tâche pour l'amener d'une autre manière vers la purification de l'âme : La défunte jeune femme devra devenir l'esprit protecteur d'un vivant, jusqu'au trépas de celui-ci. Peu enchantée dans un premier temps, elle découvre avec choix que sa cible n'a plus que 518 jours à vivre, garantissant une mission d'assez courte durée. Une fois sur Terre, elle découvre la nature de son humain à protéger : Celui-ci n'est autre que Soichiro Kasuga, Premier Ministre actuel du Japon dont la popularité est négative, menaçant d'être renversé par l'opposition...
Soul Keeper fait partie de ces titres où rien n'est devinable d'avance, et dont on ne peut prédire la nature que prendra l'aventure. Récit mystique jouant sur des concepts religieux pour narrer une combinaison entre un humain et son esprit accompagnateur, ce premier tome prend le temps pour arborer sa forme, nous laissant dans une zone d'incertitude pendant plus de sa première moitié. L'histoire en elle-même se lance pourtant rapidement et efficacement, aussi le tempérament marqué de Riyon nous apparaît simplement, de même pour sa mission qui sera d'accompagner un humain jusqu'à son décès. Simple a priori, mais la surprise venant du travail qu'occupe ce dernier, on devine dès lors que la tâche de l'héroïne ne sera pas une mince affaire, ni même comment elle pourra s'y prendre.
Le cœur de ce premier volume réside sur une double narration. D'un côté, le fantôme de la jeune femme doit débarrasser l'âme de sa cible de toutes les impuretés, permettant à Tsutomu Takahashi de croquer un peu plus la facette spirituelle de son récit à chaque page. De l'autre, c'est le quotidien de Soichiro Kasuga en tant que Premier Ministre du Japon qui nous est narré, une histoire forte, presque étouffante tant le malaise quotidien du personnage est aisément retranscrit par la narration et la pudeur du récit. Là où Soul Keeper aurait pu se vêtir d'une sorte de discours de propagande, il n'en n'est finalement rien tant le rôle de Soichiro nous est présenté comme un fardeau sans que des idées politiques ne se dégagent de son calvaire.
Vient alors le dernier segment du volume, qui redistribue un poil les cartes. On voyait mal le récit dépeindre indéfiniment une Riyon confrontée aux sphères noires de son humain, symbole du mal-être de celui-ci. Alors, l'histoire prend une autre tournure en fin d'opus pour aborder une véritable union entre les deux protagonistes, laissant croire que l'intrigue s'orientera vers une collaboration assumée, de vive voix. Dès lors, ce premier tome gagne une nouvelle fraîcheur tout en plantant quelques pistes que Tsutomu Takahashi pourra exploiter par la suite. Parmi-elles, la vie antérieure de Riyon, visiblement trop jeune pour être morte de manière juste. La parution simultanée du second tome tombe à bien nommé, tant la fin de ce premier opus donne indéniablement envie de voir ce que le mangaka nous réserve.
Côté édition, Panini livre une copie tout à fait satisfaisante : Un papier de bonne facture et une couverture aux quelques effets de vernis sélectif donnent lieu à un bel ouvrage, tandis que Laura Iacucci nous offre un lettrage clair et efficace, et Arnaud Takahashi une traduction bien en phase avec l'atmosphère solennelle de l'œuvre.
Au Japon, le manga remonte à la décennie dernière. Initialement lancé en 2011 dans le Young Jump de l'éditeur nippon Shûeisha, sous le titre d'origine Hito Hitori Futari, le récit a pris fin avec son huitième volume voilà un peu moins de dix ans, en septembre 2013.
Après la mort, les esprits suivent une formation afin de bonifier leurs âmes, en vue de leurs réincarnations. Mais le fantôme de Riyon sèche bien souvent ces cours, préférant s'adonner à des parties de jeu de plateau avec un autre défunt. Son comportement ne peut durer éternellement, aussi le précepteur en chef confie à Riyon une tâche pour l'amener d'une autre manière vers la purification de l'âme : La défunte jeune femme devra devenir l'esprit protecteur d'un vivant, jusqu'au trépas de celui-ci. Peu enchantée dans un premier temps, elle découvre avec choix que sa cible n'a plus que 518 jours à vivre, garantissant une mission d'assez courte durée. Une fois sur Terre, elle découvre la nature de son humain à protéger : Celui-ci n'est autre que Soichiro Kasuga, Premier Ministre actuel du Japon dont la popularité est négative, menaçant d'être renversé par l'opposition...
Soul Keeper fait partie de ces titres où rien n'est devinable d'avance, et dont on ne peut prédire la nature que prendra l'aventure. Récit mystique jouant sur des concepts religieux pour narrer une combinaison entre un humain et son esprit accompagnateur, ce premier tome prend le temps pour arborer sa forme, nous laissant dans une zone d'incertitude pendant plus de sa première moitié. L'histoire en elle-même se lance pourtant rapidement et efficacement, aussi le tempérament marqué de Riyon nous apparaît simplement, de même pour sa mission qui sera d'accompagner un humain jusqu'à son décès. Simple a priori, mais la surprise venant du travail qu'occupe ce dernier, on devine dès lors que la tâche de l'héroïne ne sera pas une mince affaire, ni même comment elle pourra s'y prendre.
Le cœur de ce premier volume réside sur une double narration. D'un côté, le fantôme de la jeune femme doit débarrasser l'âme de sa cible de toutes les impuretés, permettant à Tsutomu Takahashi de croquer un peu plus la facette spirituelle de son récit à chaque page. De l'autre, c'est le quotidien de Soichiro Kasuga en tant que Premier Ministre du Japon qui nous est narré, une histoire forte, presque étouffante tant le malaise quotidien du personnage est aisément retranscrit par la narration et la pudeur du récit. Là où Soul Keeper aurait pu se vêtir d'une sorte de discours de propagande, il n'en n'est finalement rien tant le rôle de Soichiro nous est présenté comme un fardeau sans que des idées politiques ne se dégagent de son calvaire.
Vient alors le dernier segment du volume, qui redistribue un poil les cartes. On voyait mal le récit dépeindre indéfiniment une Riyon confrontée aux sphères noires de son humain, symbole du mal-être de celui-ci. Alors, l'histoire prend une autre tournure en fin d'opus pour aborder une véritable union entre les deux protagonistes, laissant croire que l'intrigue s'orientera vers une collaboration assumée, de vive voix. Dès lors, ce premier tome gagne une nouvelle fraîcheur tout en plantant quelques pistes que Tsutomu Takahashi pourra exploiter par la suite. Parmi-elles, la vie antérieure de Riyon, visiblement trop jeune pour être morte de manière juste. La parution simultanée du second tome tombe à bien nommé, tant la fin de ce premier opus donne indéniablement envie de voir ce que le mangaka nous réserve.
Côté édition, Panini livre une copie tout à fait satisfaisante : Un papier de bonne facture et une couverture aux quelques effets de vernis sélectif donnent lieu à un bel ouvrage, tandis que Laura Iacucci nous offre un lettrage clair et efficace, et Arnaud Takahashi une traduction bien en phase avec l'atmosphère solennelle de l'œuvre.