Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 25 Janvier 2021
Chronique 2 :
A 10 ans, Miyuki Fujito a tout pour briller en tant que futur mannequin. Fille du créateur de la marque Mille Neige qui défile même à Paris, la petite fille veut plus que tout entrer dans cet univers, aussi si joli minois et sa taille de 1m58 à son âge semblent déjà lancer sa carrière. Puis les années passent, la demoiselle devient lycéenne... mais elle ne prend pas le moindre centimètre. Un mannequin de taille moyenne est inconcevable, et l'entourage de Miyuki lui confirme qu'elle n'a pas sa place dans ce milieu. Mais l'adolescente est tenace et est prête à tout pour intégrer l'agence de son père. Le début de son ascension pourrait se faire après que la jeune fille ait découvert le secret d'Ikuto Tsumura, un camarade de classe discret et issu d'une classe très modeste, qui se passionne pour la couture et les vêtements. Lui rêve de devenir styliste et elle mannequin, mais tous jugent leurs prédispositions inadéquates. Il ne tiendra donc qu'à eux de renverser le destin.
Shine est le titre français donné au manga Runway de Waratte, titre en cours depuis 2017 au Japon, dans les pages de l'hebdomadaire Shônen Magazine de l'éditeur Kôdansha. Il s'agit là de la première œuvre longue de Kotoba Inoya, et de la deuxième œuvre professionnellement publiée du mangaka après l'histoire courte Hoshi no Negai wo, en 2016, dans la même revue de prépublication.
Notons aussi l'existence d'une adaptation animée de 12 épisodes, produite par le studio Ezola l'année dernière, et disponible dans nos contrées sur Wakanim.
Chose intéressante, le manga est officiellement un shônen mais a été classé dans le label Shôjo Addict par son éditeur français, nobi nobi !. Chez nous, le manga est donc présenté pour un lectorat plutôt jeune avec une tendance féminine, un choix qui, finalement, interprète d'une autre manière ce que Shine représente : L’œuvre de Kotoba Inoya est un nekketsu, un véritable récit initiatique ponctué de valeurs, propres à ce qui forme les premières expériences de lecture manga d'une manière générale. Pourtant, ce shônen pur jus dans ses codes a été classé, chez nous, dans le label Shôjo Addict de l'éditeur nobi nobi!. Le débat à ce sujet est légitime, la réflexion de l'éditeur pouvant se justifier par une crainte d'un ciblage peu efficace si le manga était traitée en tant que shônen chez nous, de par ses sujet. Un vaste débat donc, ce qui n'est pas vraiment l'objectif de notre chronique. Qu'à cela ne tienne, que le manga soit proposé comme un shôjo chez nous, cela ne l'empêche pas d'être un nekketsu qui prend pour centre les cadres atypiques du mannequinat et de la haute couture.
Un récit initiatique donc, puisque ce premier tome de Shine en respecte totalement les codes. Sans évoquer le suejt central, l'histoire est celle de deux adolescents en bas de l'échelle de leurs domaines respectifs, qui vont tout donner pour atteindre deux rêves. De l'entraide à la persévérance en prenant pour cible des protagonistes qui partent de rien pour aller haut, le façonnement de ce début d'oeuvre correspond bien aux moult titres d'aventure, de sport ou d'art propres aux revues shônen, en majorité.
Et là où Shine se révèle brillant dans son approche, c'est dans le choix de l'auteur de ne pas présenter un mais deux héros. Miyuki et Ikuto sont deux lycéennes jugés inaptes dans leurs passions pour des raisons différentes, et le présent manga sera l'histoire de leur progression dans deux univers distincts mais complémentaires, à l'image de leurs personnalités qui pourront apporter l'une à l'autre, réciproquement, un traitement déjà esquissé dans ce premier volet qui sait mettre en avant les identités de ses protagonistes.
Et finalement, nous avons presque résumé une grande part de l'efficacité de ce premier tome, avec ces quelques lignes. Pour l'heure, Kotoba Inoya respecte des codes précis mais avec efficacité et passion, en misant sur l'idée de deux héros distincts. Deux parcours croisés qui ont une autre efficacité : Aborder les milieux méconnus et indissociable que sont le mannequinat et la haute couture. Pour un shônen du genre, l'idée est brillante et surtout propice à casser bien des codes. Si les clichés de confort tendent à montrer ces milieux comme efféminés, tout n'est qu'une affaire de passion dans Shine. Aussi, si le héros a honte de son rêve, son entourage ne le jugera jamais pour ses goûts mais davantage pour sa position sociale, un autre aspect de l’œuvre qui méritera d'être creusé mais qui se révèle déjà intéressant. Car si Miyuki, de bonne famille, n'a que sa taille comme frein, Ikuto est un personnage plus intéressant tant celui-ci part de loin, cet adolescent de classe modeste (voire pauvre) souhaitant intégrer un domaine destiné aux plus aisés financièrement. Et pourtant, l'un comme l'autre captent notre attention par leurs détermination et leur complémentarité. Quand bien même ce premier volume met plutôt l'accent sur des chemins parallèles et qui se croisent, c'est bien la manière dont les deux jeunes gens évolueront ensemble, au contact l'un de l'autre, qui constituera un point de traitement efficace et innovant, pour sûr.
Évidemment, c'est aussi le côté didactique qui intéresse dans un tel titre. Aussi, entre les mœurs du milieu du mannequinat et quelques premières techniques de couture, l'auteur prouve qu'il a potassé son sujet. Là aussi, c'est un aspect qu'on appréciera découvrir dans l'ensemble de la série, mais qui lui donne déjà une plus-value par rapport à bien des titres du genre qui brassent des domaines déjà exploités à plusieurs reprises. Autrement dit, Kotoba Inoya a toutes les cartes en mains pour proposer une œuvre synonyme d'apport dans son genre.
Enfin, on apprécie déjà Shine pour son esthétique particulièrement glamour, un point qui devait être évident étant donné les milieux ciblés par le titre, et que l'auteur honorer par son trait plein de finesse, expressif et toujours efficace dès qu'il s'agit de présenter les images des défilés, les premiers castings de l'héroïne, ou les tenues confectionnées par Ikuto. Une sorte de sens du détail et de l'implication de l'artiste qui ne semble pas s'être frotté à ces sujets par hasard.
Dans cette optique, on pourra saluer l'intention de nobi nobi ! vis à vis des couvertures françaises. Celles-ci reprennent les visuels japonais mais avec avec un travail graphique donnant un rendu de revue chic. C'est particulièrement bien trouvé en plus de donner du cachet à l'ouvrage, même si cela s'éloigne forcément de la proposition initiale du mangaka. Chacun sera donc juge, mais peut-être aurait-il fallu laisser le choix au lecteur via un système de jaquette réversible, procédé qui a évidemment un coût pas certain d'être rentabilisé sur un titre abordant des sujets si atypiques.
Pour finir du côté de l'édition, soulignons le papier de bonne qualité propre au groupe Pika, et la traduction de Nathalie Lejeune qui semble bien retranscrire les milieux traités dans l’œuvre, avec beaucoup d'énergie dans le texte.
Chronique 1 :
N’avez-vous jamais rêvé d’être en couverture d’une revue de mode ? Ou encore de défiler sous les feux des projecteurs parisiens, portant des tenues aussi raffinées qu’inestimables ?
Chiyuki pour sa part a, depuis son enfance, l’intention de parvenir à réaliser ce rêve de petite fille qui sonne en elle comme une évidence. Elle mesure un mètre cinquante-huit à seulement dix ans, prodigieux ! Son père étant le gérant d’une entreprise de mannequinat, Mille Neige, son objectif et son avenir sont donc tracés. Mais huit années plus tard, en terminale à l’heure actuelle, elle n’est pas de taille à rivaliser contre les mannequins de l’agence… En sens propre du terme car elle mesure encore la même taille qu’autrefois, c’est à dire un mètre cinquante-huit !
Virée de l’agence par son père en personne, mais tentant encore et toujours le concours d’admission, Chiyuki n’est pas prête à abandonner si facilement. Et arrive sa rencontre avec Ikuto, un jeune styliste amateur. Il n’est autre que son camarade de classe, pauvre qui n’a aucune chance de faire carrière dans le milieu ou seulement d’intégrer l’école de design... Ensemble, ils vont faire en sorte de surmonter les obstacles pour changer leur destin !
Première œuvre de la mangaka Kotoba Inoya, Shine est avant tout un manga qui englobe une réalité actuelle : ne pas pouvoir accéder a une voie professionnelle choisie sous prétextes que des prédispositions X ou Y faussent ce choix. Et l’autrice nous le prouve très bien en tournant autour du mot qui fâche : impossible. Pourquoi serait-il impossible qu’une jeune femme de petite taille puisse exercer le job désiré ? De quelle manière est-il impossible qu’un jeune de famille modeste reste dans sa lignée sans avoir le droit d’entrée dans l’école qu’il envie ?
C’est alors là que la fusion opère entre les deux protagonistes, et que Kotoba nous dévoile ses talents ! Il a suffi d’une tenue et qu’une seule photo circule en masse, mettant en scène Chiyuki dans une robe créée par Ikuto, pour que leurs destins prennent un tournant catégorique.
L’univers nous ancre en même temps dans la dure réalité du quotidien ainsi que dans le rêve. Une alternance qui est très complète jusqu’à aller à nous donner des explications sur des points de couture. Il est donc possible de légèrement se cultiver au sens large du terme en lisant certains paragraphes. Nous en saurons plus sur l’impitoyable monde qu’est le mannequinat et la difficulté de se faire une place parmi les meilleurs.
Ce qui nous touche particulièrement dans cette histoire, est la force de caractère de Chiyuki, qui berce entièrement le scénario. Nous ne sentons aucune mise en valeur du personnage féminin face au personnage masculin, au contraire ! C’est à la limite si nous nous demandons qui est le réel meneur de l’histoire, Chiyuki ou Ikuto ? Leur rôle est pourtant si rapproché mais tellement éloigné à la fois, que l’attention a tendance à plus se porter sur Ikuto qui se cache sous une personnalité bien à lui : derrière les projecteurs, très hésitant et manquant de confiance en lui. Pourtant une qualité exceptionnelle résonnera en ce personnage, il a le cœur sur la main contrairement à Chiyuki qui a l’air de vouloir n'en faire qu’à sa tête.
Du côté graphique tout y est, décor, émotion, dégradés… Le point positif et propre à l’autrice va être son talent à faire vivre ses personnages par l’expression faciale. Sans parler des tenues illuminées qui font leur venues de parts et d’autres des chapitres. Un vrai privilège qui reflète à la fois, la qualité du coup de crayon de Kotoba et l’importance que prend le vêtement dans l’œuvre. Malgré ça, nous notons un bémol dans certaines cases qui paraissent vraiment vides.
Telle une couverture d’une revue de mode, Nobi Nobi prend extrêmement soin de son nouveau protégé. Et ça se sent ! La couverture met en avant Chiyuki en version magazine avec différents articles. Différentes écritures et les couleurs appellent le regard ! Et la qualité s’étend jusqu’à la quatrième qui n’est pas qu’une simple couverture blanche contenant le résumé.
Pour la qualité d’impression, nous restons sur du banal, Nobi Nobi par les éditions Pika c’est à dire : du papier classique pour un manga qui n’entrera pas dans le top 3… D’éventuelles pages en couleurs sont également inexistantes ici.
A 10 ans, Miyuki Fujito a tout pour briller en tant que futur mannequin. Fille du créateur de la marque Mille Neige qui défile même à Paris, la petite fille veut plus que tout entrer dans cet univers, aussi si joli minois et sa taille de 1m58 à son âge semblent déjà lancer sa carrière. Puis les années passent, la demoiselle devient lycéenne... mais elle ne prend pas le moindre centimètre. Un mannequin de taille moyenne est inconcevable, et l'entourage de Miyuki lui confirme qu'elle n'a pas sa place dans ce milieu. Mais l'adolescente est tenace et est prête à tout pour intégrer l'agence de son père. Le début de son ascension pourrait se faire après que la jeune fille ait découvert le secret d'Ikuto Tsumura, un camarade de classe discret et issu d'une classe très modeste, qui se passionne pour la couture et les vêtements. Lui rêve de devenir styliste et elle mannequin, mais tous jugent leurs prédispositions inadéquates. Il ne tiendra donc qu'à eux de renverser le destin.
Shine est le titre français donné au manga Runway de Waratte, titre en cours depuis 2017 au Japon, dans les pages de l'hebdomadaire Shônen Magazine de l'éditeur Kôdansha. Il s'agit là de la première œuvre longue de Kotoba Inoya, et de la deuxième œuvre professionnellement publiée du mangaka après l'histoire courte Hoshi no Negai wo, en 2016, dans la même revue de prépublication.
Notons aussi l'existence d'une adaptation animée de 12 épisodes, produite par le studio Ezola l'année dernière, et disponible dans nos contrées sur Wakanim.
Chose intéressante, le manga est officiellement un shônen mais a été classé dans le label Shôjo Addict par son éditeur français, nobi nobi !. Chez nous, le manga est donc présenté pour un lectorat plutôt jeune avec une tendance féminine, un choix qui, finalement, interprète d'une autre manière ce que Shine représente : L’œuvre de Kotoba Inoya est un nekketsu, un véritable récit initiatique ponctué de valeurs, propres à ce qui forme les premières expériences de lecture manga d'une manière générale. Pourtant, ce shônen pur jus dans ses codes a été classé, chez nous, dans le label Shôjo Addict de l'éditeur nobi nobi!. Le débat à ce sujet est légitime, la réflexion de l'éditeur pouvant se justifier par une crainte d'un ciblage peu efficace si le manga était traitée en tant que shônen chez nous, de par ses sujet. Un vaste débat donc, ce qui n'est pas vraiment l'objectif de notre chronique. Qu'à cela ne tienne, que le manga soit proposé comme un shôjo chez nous, cela ne l'empêche pas d'être un nekketsu qui prend pour centre les cadres atypiques du mannequinat et de la haute couture.
Un récit initiatique donc, puisque ce premier tome de Shine en respecte totalement les codes. Sans évoquer le suejt central, l'histoire est celle de deux adolescents en bas de l'échelle de leurs domaines respectifs, qui vont tout donner pour atteindre deux rêves. De l'entraide à la persévérance en prenant pour cible des protagonistes qui partent de rien pour aller haut, le façonnement de ce début d'oeuvre correspond bien aux moult titres d'aventure, de sport ou d'art propres aux revues shônen, en majorité.
Et là où Shine se révèle brillant dans son approche, c'est dans le choix de l'auteur de ne pas présenter un mais deux héros. Miyuki et Ikuto sont deux lycéennes jugés inaptes dans leurs passions pour des raisons différentes, et le présent manga sera l'histoire de leur progression dans deux univers distincts mais complémentaires, à l'image de leurs personnalités qui pourront apporter l'une à l'autre, réciproquement, un traitement déjà esquissé dans ce premier volet qui sait mettre en avant les identités de ses protagonistes.
Et finalement, nous avons presque résumé une grande part de l'efficacité de ce premier tome, avec ces quelques lignes. Pour l'heure, Kotoba Inoya respecte des codes précis mais avec efficacité et passion, en misant sur l'idée de deux héros distincts. Deux parcours croisés qui ont une autre efficacité : Aborder les milieux méconnus et indissociable que sont le mannequinat et la haute couture. Pour un shônen du genre, l'idée est brillante et surtout propice à casser bien des codes. Si les clichés de confort tendent à montrer ces milieux comme efféminés, tout n'est qu'une affaire de passion dans Shine. Aussi, si le héros a honte de son rêve, son entourage ne le jugera jamais pour ses goûts mais davantage pour sa position sociale, un autre aspect de l’œuvre qui méritera d'être creusé mais qui se révèle déjà intéressant. Car si Miyuki, de bonne famille, n'a que sa taille comme frein, Ikuto est un personnage plus intéressant tant celui-ci part de loin, cet adolescent de classe modeste (voire pauvre) souhaitant intégrer un domaine destiné aux plus aisés financièrement. Et pourtant, l'un comme l'autre captent notre attention par leurs détermination et leur complémentarité. Quand bien même ce premier volume met plutôt l'accent sur des chemins parallèles et qui se croisent, c'est bien la manière dont les deux jeunes gens évolueront ensemble, au contact l'un de l'autre, qui constituera un point de traitement efficace et innovant, pour sûr.
Évidemment, c'est aussi le côté didactique qui intéresse dans un tel titre. Aussi, entre les mœurs du milieu du mannequinat et quelques premières techniques de couture, l'auteur prouve qu'il a potassé son sujet. Là aussi, c'est un aspect qu'on appréciera découvrir dans l'ensemble de la série, mais qui lui donne déjà une plus-value par rapport à bien des titres du genre qui brassent des domaines déjà exploités à plusieurs reprises. Autrement dit, Kotoba Inoya a toutes les cartes en mains pour proposer une œuvre synonyme d'apport dans son genre.
Enfin, on apprécie déjà Shine pour son esthétique particulièrement glamour, un point qui devait être évident étant donné les milieux ciblés par le titre, et que l'auteur honorer par son trait plein de finesse, expressif et toujours efficace dès qu'il s'agit de présenter les images des défilés, les premiers castings de l'héroïne, ou les tenues confectionnées par Ikuto. Une sorte de sens du détail et de l'implication de l'artiste qui ne semble pas s'être frotté à ces sujets par hasard.
Dans cette optique, on pourra saluer l'intention de nobi nobi ! vis à vis des couvertures françaises. Celles-ci reprennent les visuels japonais mais avec avec un travail graphique donnant un rendu de revue chic. C'est particulièrement bien trouvé en plus de donner du cachet à l'ouvrage, même si cela s'éloigne forcément de la proposition initiale du mangaka. Chacun sera donc juge, mais peut-être aurait-il fallu laisser le choix au lecteur via un système de jaquette réversible, procédé qui a évidemment un coût pas certain d'être rentabilisé sur un titre abordant des sujets si atypiques.
Pour finir du côté de l'édition, soulignons le papier de bonne qualité propre au groupe Pika, et la traduction de Nathalie Lejeune qui semble bien retranscrire les milieux traités dans l’œuvre, avec beaucoup d'énergie dans le texte.
Chronique 1 :
N’avez-vous jamais rêvé d’être en couverture d’une revue de mode ? Ou encore de défiler sous les feux des projecteurs parisiens, portant des tenues aussi raffinées qu’inestimables ?
Chiyuki pour sa part a, depuis son enfance, l’intention de parvenir à réaliser ce rêve de petite fille qui sonne en elle comme une évidence. Elle mesure un mètre cinquante-huit à seulement dix ans, prodigieux ! Son père étant le gérant d’une entreprise de mannequinat, Mille Neige, son objectif et son avenir sont donc tracés. Mais huit années plus tard, en terminale à l’heure actuelle, elle n’est pas de taille à rivaliser contre les mannequins de l’agence… En sens propre du terme car elle mesure encore la même taille qu’autrefois, c’est à dire un mètre cinquante-huit !
Virée de l’agence par son père en personne, mais tentant encore et toujours le concours d’admission, Chiyuki n’est pas prête à abandonner si facilement. Et arrive sa rencontre avec Ikuto, un jeune styliste amateur. Il n’est autre que son camarade de classe, pauvre qui n’a aucune chance de faire carrière dans le milieu ou seulement d’intégrer l’école de design... Ensemble, ils vont faire en sorte de surmonter les obstacles pour changer leur destin !
Première œuvre de la mangaka Kotoba Inoya, Shine est avant tout un manga qui englobe une réalité actuelle : ne pas pouvoir accéder a une voie professionnelle choisie sous prétextes que des prédispositions X ou Y faussent ce choix. Et l’autrice nous le prouve très bien en tournant autour du mot qui fâche : impossible. Pourquoi serait-il impossible qu’une jeune femme de petite taille puisse exercer le job désiré ? De quelle manière est-il impossible qu’un jeune de famille modeste reste dans sa lignée sans avoir le droit d’entrée dans l’école qu’il envie ?
C’est alors là que la fusion opère entre les deux protagonistes, et que Kotoba nous dévoile ses talents ! Il a suffi d’une tenue et qu’une seule photo circule en masse, mettant en scène Chiyuki dans une robe créée par Ikuto, pour que leurs destins prennent un tournant catégorique.
L’univers nous ancre en même temps dans la dure réalité du quotidien ainsi que dans le rêve. Une alternance qui est très complète jusqu’à aller à nous donner des explications sur des points de couture. Il est donc possible de légèrement se cultiver au sens large du terme en lisant certains paragraphes. Nous en saurons plus sur l’impitoyable monde qu’est le mannequinat et la difficulté de se faire une place parmi les meilleurs.
Ce qui nous touche particulièrement dans cette histoire, est la force de caractère de Chiyuki, qui berce entièrement le scénario. Nous ne sentons aucune mise en valeur du personnage féminin face au personnage masculin, au contraire ! C’est à la limite si nous nous demandons qui est le réel meneur de l’histoire, Chiyuki ou Ikuto ? Leur rôle est pourtant si rapproché mais tellement éloigné à la fois, que l’attention a tendance à plus se porter sur Ikuto qui se cache sous une personnalité bien à lui : derrière les projecteurs, très hésitant et manquant de confiance en lui. Pourtant une qualité exceptionnelle résonnera en ce personnage, il a le cœur sur la main contrairement à Chiyuki qui a l’air de vouloir n'en faire qu’à sa tête.
Du côté graphique tout y est, décor, émotion, dégradés… Le point positif et propre à l’autrice va être son talent à faire vivre ses personnages par l’expression faciale. Sans parler des tenues illuminées qui font leur venues de parts et d’autres des chapitres. Un vrai privilège qui reflète à la fois, la qualité du coup de crayon de Kotoba et l’importance que prend le vêtement dans l’œuvre. Malgré ça, nous notons un bémol dans certaines cases qui paraissent vraiment vides.
Telle une couverture d’une revue de mode, Nobi Nobi prend extrêmement soin de son nouveau protégé. Et ça se sent ! La couverture met en avant Chiyuki en version magazine avec différents articles. Différentes écritures et les couleurs appellent le regard ! Et la qualité s’étend jusqu’à la quatrième qui n’est pas qu’une simple couverture blanche contenant le résumé.
Pour la qualité d’impression, nous restons sur du banal, Nobi Nobi par les éditions Pika c’est à dire : du papier classique pour un manga qui n’entrera pas dans le top 3… D’éventuelles pages en couleurs sont également inexistantes ici.
Certes, dans ce premier tome rien n’est gagné. Nous savons très bien que le pire reste à venir, entre la pression de leur statut actuel et les opportunités qui se présenteront à eux. Mais la hargne qui se sent sur les deux jeunes, par la force d’écriture de l’autrice, aboutira à une œuvre aussi charmante qu’inspirante. Un début en beauté pour une nouvelle recrue du milieu !