Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 29 Août 2023
C'est assez improbable au vu de l'histoire inexistante et du concept répétitif de cette série, et pourtant, Sense existe toujours. Voici désormais 15 ans, depuis 2008, que l'auteur Haruki poursuit cette série au Japon à un rythme plutôt inégal, surtout ces dernières années où il a enchaîné plusieurs autres mangas à tendance érotique qui n'ont généralement pas dépassé les trois tomes. En France, les éditions Taifu Comics semblent se traîner ce tire un peu comme un boulet: après avoir été longtemps laissée en plan après le tome 6 paru en février 2014, le volume 7 a débarqué discrètement en juillet 2021 dans une certaine indifférence, et voici désormais que c'est le 8e opus qui est arrivé presque deux ans plus tard, en étant disponible depuis mai dernier.Aussi bien au japon qu'en France, le traitement offert à cette série est décidément un peu étrange. Mais au moins, on ne peut pas reprocher à Taifu d'avoir purement laissé tomber cette oeuvre.
On retrouve le jeune professeur Satô qui est toujours autant perdu dans ses fantasmes, au beau milieu des jolies lycéennes jonchant l'établissement pour filles où il travaille. Certaines adolescentes, à l'image de la si mignonne responsable du club de théâtre ou de Takemura l'entreprenante déléguée des élèves, lui font volontiers tourner la tête par leur charme naturel, quand elles ne vont pas elles-mêmes plus loin (n'est-ce pas, Takemura ?). Mais celle qui occupe le plus l'esprit de l'enseignant est décidément, encore et toujours, Ibuki, avec qui il semble aller un peu plus loin, entre baiser et rapport masochiste. Mais si la frontière entre les fantasmes et la réalité apparaît souvent floue, un autre événement apparaît, lui, bien réel, en menaçant de semer un peu plus la zizanie: la prise d'importance du collègue Asahina, un autre jeune homme qui paraît s'intéresser lui aussi de près à Ibuki, quand ce n'est pas à Satô lui-même qu'il s'intéresse, histoire de varier un peu plus les songes érotiques.
Tout ceci, c'est bien beau, mais la question est toujours la même dans cette oeuvre: où Haruki veut-il nous mener exactement ? On sait bien que la réponse est nulle part, tant on voit que l'auteur navigue à vue en se contentant de proposer de faux-rebondissements (qu'est-ce qu'on s'en fout d'Asahina ?) pour mieux enchaîner des instants érotiques qui, en plus de souvent en revenir à la même chose, jouent beaucoup trop mal sur la frontière entre les fantasmes et la réalité, si bien qu'il y a de quoi être généralement perdus. Ajoutons à ça un déroulement franchement pataud et un dessin où Haruki semble vraiment baisser en qualité (même si, de base, l'impression moyenne n'aide pas, les designs sont généralement plus irréguliers et moins expressifs qu'avant, les filles ayant même franchement des yeux de merlan frit parfois), et on obtient une lecture où l'on s'ennuie ferme. Au vu de son concept, Sense, est le genre d'oeuvre qui aurait dû s'arrêter à quelques tomes. Et pendant ce temps, on ne peut que constater que, au fil des années, ce mangaka gâche un peu son talent initial.