Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 17 Décembre 2012
Cette auteur commence à se faire connaitre en France pour ses yuri qui sont pour l’instant tous sortis chez Taïfu. Dans ce one shot, on se situe dans un lycée tout ce qu’il y a de plus normal. Pourtant, toutes les jeunes filles que l’on apprend à connaitre ont des histoires d’amour compliquées avec quelqu’un du même sexe. En premier lieu, on découvre Nana et Hitomi. Elles étaient dans le même collège mais le lycée les sépare puisque Hitomi fuit Nana depuis qu’elle a embrassé cette dernière et qu’elle a mal réagi. On les retrouve un peu plus tard, quand elles ont enfin décidé de sortir ensemble, mais leur entourage n’est pas au courant et elles vivent leur amour en cachette. Par la suite, on découvre beaucoup d’autres histoires. Par exemple, une infirmière qui l’espace de quelques jours peut revoir son amie du lycée qui se réincarne un instant dans le corps d’une de ses congénères. Et les histoires se suivent et se ressemblent, au final. On ne se rend pas tout à fait compte des différences entre les petites nouvelles. Elles sont toutes lycéennes, aiment plus ou moins une camarade, et ont un dénouement assez heureux puisque certaines vivent leur histoire d’amour, d’autres non.
Chacune des histoires est très simple, trop même. Il n’y a rien de complexe, et rien de vraiment divertissant non plus. Les jeunes filles sont mignonnes, plutôt émouvantes dans leur sentiments à fleur de peau qui parfois se révèlent pour la première fois. Mais tout reste très superficiel et se passe lentement. L’éveil du premier émoi et des soupçons de l’amour sont assez sympathiques mais il nous manque une réelle profondeur dans le contrôle des personnages. Le choix de plusieurs héroïnes nous déçoit quelque peu. On préfère largement la compagnie des autres protagonistes de l’histoire, dans ses précédents mangas. Malgré tout, l’auteur essaye d’aborder les différents problèmes de ces jeunes filles : la première fois, l’envie d’aller plus loin, le premier baiser, l’amour à sens unique … Autant de thèmes que les demoiselles en fleur abordent un jour ou l’autre. Mais la manière de les aborder est trop légère, facile, bâclée par moments. De plus, à contrario des autres œuvres de l’auteur, il n’y a pas vraiment de scène plus intime. Le sujet du sexe est très éludé et abordé de manière bien trop discrète. C’est aussi ça l’inconvénient des multiples histoires, puisqu’on ne suit à aucun moment l’avancée des personnages sur le long terme. A part Nana et Hitomi, où le sujet est abordé, sinon tout se fait jusqu’à la déclaration ou au premier baiser, puis plus rien. En somme, un premier tome qui ne nous marque pas vraiment et qu’on oublie rapidement tant il manque de relief.
Après tout, le graphisme se veut mignon et attirant, rondouillard et tout en courbes. A l’image des jeunes filles qui habitent la série, sans aucun doute. Ainsi, priorité est faite sur les grands yeux pétillants, les pommettes rebondies et les émotions un peu caractérisées qu’on y trouve : joie, surprise, gêne, tristesse. Facilement identifiables, les expressions de nos héroïnes sont peuplées de cette légèreté qu’on retrouve souvent chez les héroïnes de shojo, avec beaucoup de spontanéité et d’esthétisme. Bref, c’est tout joli tout beau mais ... un peu creux, souvent, tant on a l’impression d’être dans un monde en sucre, tout comme l’histoire. De même, les décors se feront rares et tout est centré sur le design des personnages. En résumé, Secret Girlfriend tombe lui aussi, comme ses congénères avant lui, dans le cliché yuri = mignon, sentimental, progressif voire lent et pureté, tandis que son penchant yaoiste a souvent collé à lui l’image de l’histoire qui s’oublie, de la priorité de l’acte sexuel, de la non importance de la logique sentimentale ... Si le second a su, à de nombreuses reprises, nous prouver qu’il y avait un grand panel sur le genre, Secret Girlfriend nous confronte dans l’idée première que l’on se fait du yuri.