Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 08 Janvier 2025
Haru et son père font face à King, le leader de Demon Card. Mais le nouveau porteur de Rave, ignare de toute la situation, apprend l’histoire des deux Gale, intimement liée à l’hégémonie de l’organisation malfaisante et aux drames connus par la famille Glory. Le fils et le père se lancent alors dans un assaut décisif contre King, sur le point d’invoquer un nouvel Overdrive…
D’abord très hésitant et simplet avant de gagner quelques nuances, Rave est un récit qu’on pouvait imaginer construit autour d’une seule grande intrigue dans laquelle Demon Card fait office d’antagoniste majeur. Pourtant, Hiro Mashima nous prend au total dépourvus en bouclant dès maintenant la bataille contre King, le leader de l’organisation ennemie. Un affrontement décisif qui s’enrichit de nombreuses révélations, notamment via un flashback sur les liens entre les deux Gale. Manœuvre narrative classique pour ajouter de la consistance aux enjeux et un personnage, certes. Mais ce n’est pas seulement l’arc et ses protagonistes qui s’en trouvent enrichis, mais bel et bien l’univers de Rave au sens large. D’ailleurs, même dans « l’après », ce volume ne cesse de faire monter la teneur de l’histoire, surtout sur ses deux premiers chapitres qui apportent des réponses autour des fondations de l’univers qu’on n’imaginait pas arriver aussi vite.
D’un coup, l’univers de Rave devient beaucoup plus dense, mais aussi plus tragique. C’est d’ailleurs dans ce sens que se déroule le combat final contre King, une bataille dans le sang, mais surtout dans les larmes. Exit le Hiro Mashima bien trop naïf : le mangaka livre ici un morceau de scénario poignant à souhait, qui joue certes sur des mécaniques relationnelles et affectives classiques du shônen d’aventure, mais qui le fait avec tant de sincérité qu’il est difficile de ne pas être ému. Plus encore, puisque la finalité a de quoi nous tirer des larmes. Sans entrer dans le spoil, ce moment a une résonance toute particulière quand on connaît l’histoire familiale de l’auteur. Rave semble ici atteindre une forme de summum, devenant davantage une tragédie grecque qu’un récit d’action benêt comme les premiers tomes l’affichait.
Arrivés à la moitié du volume, une question se pose alors : comment rebondir ? L’un des enjeux majeurs de la série est résolu, et le danger principal semble écarté. Loin de tâtonner, l’auteur sait relancer très rapidement son aventure, reformer un groupe de protagonistes encore enrichi (qu’on se le dise : Let est déjà l’un des personnages les plus charismatiques de l’œuvre, et son développement ne fera qu’aller dans ce sens) et connecter les différentes intrigues pour distinguer un objectif cohérent qui met en exergue les multiples mystères de l’univers. Le périple reprend, donc, et jongle habilement entre le sérieux lié aux nouvelles menaces et l’humour loufoque habituel de l’auteur. Si le retour du gang Grossfess peut refroidir les ardeurs de bon nombre de lecteurs, tout ce qui est proposé à côté est enthousiasmant.
Hiro Mashima a donc le mérite de boucler une première partie qu’on pouvait imaginer plus longue, mais le tout avec un talent incontestable, avant de lancer une nouvelle aventure déjà ambitieuse. À l’époque de la prépublication, il a donc fallu moins de deux ans au mangaka pour grandir, s’éloigner de sa candeur et parvenir à développer une histoire et un univers solides. Plus que jamais, Rave est lancé, et on comprend pourquoi la première série de Mashima reste tant dans les mémoires de ses fidèles lecteurs. Gageons que cette nouvelle édition lui donnera la visibilité qu’elle mérite, celle-ci restant beaucoup trop dans l’ombre de Fairy Tail.