Platinum End Vol.1 - Actualité manga
Platinum End Vol.1 - Manga

Platinum End Vol.1 : Critiques

Platinium end

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 25 Janvier 2017

Critique 4 :

Après les succès publics Death Note et Bakuman, le retour du duo Tsugumi Ohba/Takeshi Obata était forcément attendu par bon nombre de lecteurs, et ce retour s'est fait en 2015 au Japon. Après la fin de Bakuman en 2013, Obata a pu se faire plaisir courant 2014 avec les séries courtes All you need is kill et School Judgment. Ohba, de son côté, s'est contenté en 2014 de scénariser la nouvelle Skip! Yamada-kun, préférant sûrement peaufiner sa future nouvelle série-phare. Cette nouvelle série, c'est donc Platinum End, un titre que Kazé Manga a tout fait pour promouvoir en 2016 (publicités, simultrad...), afin d'en faire le premier vrai gros blockbuster de son catalogue (après 5-6 Ans d'existence, il était temps).

Publiée dans le magazine de type shônen Jump Square, Platinum End a pour personnage principal Mirai Kakehashi. Il a beau avoir un prénom qui devait le destiner à un bel avenir ("Mirai" signifiant "Avenir, Futur" en japonais), cet adolescent ne trouve absolument rien de bon dans sa vie, si bien qu'il a décidé d'en finir en se jetant du haut d'un toit. Mais dans sa chute, un phénomène impensable se produit : juste avant qu'il ne touche le sol, un ange nommé Nasse vient le sauver d'une mort certaine... pour lui proposer un tout nouvel avenir ? En effet, cet être lui propose d'acquérir d'incroyables pouvoirs, promesses d'une vie meilleure... Mais à quel prix ?

Après la tranche de vie souvent légère Bakuman, le duo Ohba/Obata revient ici à quelque chose doté d'une ambiance plus sombre et donc plus proche d'un Death Note. Et comme dans Death Note, la vie du personnage principal se voit bouleversée par l'apparition d'une créature fantastique. Pourquoi ? Dans quel but ? C'est en partie ce que ce premier tome va nous révéler...

Tout commence pourtant de façon un poil horripilante, tant Mirai, dans les débuts, est un gros cliché de dépressif limite emo, complètement blasé par la vie, étonné par rien et même pas par l'arrivée d'un ange devant lui, considérant que son existence est une souffrance permanente, passant son temps à ruminer répétitivement qu'il veut mourir... Heureusement, cela ne dure pas, dès lors que l'arrivée de Nasse et l'acquisition de ses pouvoirs permettent d'éclairer brièvement, mais efficacement le passé de Mirai, et d'entamer en lui un début de renouveau où, pour accomplir le voeu de sa mère, il cherchera enfin à atteindre le bonheur.

Mais rien ne sera simple, car au-delà de l'acquisition de pouvoirs, Mirai finira très vite par apprendre de la bouche de Nasse que son arrivée à ses côtés a un but précis : il fait partie de 13 élus, 13 humains qui ont chacun été choisis par un ange afin de peut-être devenir le nouveau Dieu, qui remplacera alors l'actuel Dieu en fin de vie.

Dit comme ça, sur le papier, ce concept qui sera au coeur de l'oeuvre rappelle énormément un autre manga : Mirai Nikki. Heureusement, la comparaison peut s'arrêter à peu près là, car le titre d'Ohba et Obata devrait visiblement prendre une tournure différente, tout d'abord en ce qui concerne les pouvoirs conférés par les anges et le statut même de ces 13 êtres surnaturels.
On apprend ainsi dès ce premier tome que ces derniers sont classés en trois rangs : les anges suprêmes, les rangs A, et les rangs B. Selon leur rang, les anges ne sont pas égaux dans les pouvoirs qu'ils peuvent conférer à leur élu. De base, la compétition pourrait donc s'avérer un peu inégale, mais il reste à voir si les auteurs exploiteront cette idée pour l'instant simplement esquissée, et qui s'accompagne d'une autre donne : les anges peuvent être promus ou rétrogradés, et donc voir leurs pouvoirs réduits ou agrandis, ce qui pourrait enclencher pas mal de rebondissements par la suite !
Quant aux pouvoirs eux-mêmes, on en dénote trois principaux. Premièrement, les ailes permettant de se déplacer hyper vite au point que le commun des mortels ne peut rien voir, permettant aussi, du coup, de dérober des choses. Deuxièmement, le lancer de flèches rouges permettant de rendre la cible raide dingue du lanceur pendant 33 jours, au point d'accomplir tout ce que le lanceur souhaite. Troisièmement, les flèches blanches qui tuent instantanément leur cible sitôt celle-ci touchée...
Quelques combinaisons entre ces pouvoirs sont possibles, et les différents élus déjà présents vont les exploiter de manières bien à eux : se taper un maximum de starlettes, tuer tous les autres élus pour devenir Dieu au plus vite, se la jouer superhéros cool... Cet aspect est pour l'instant très cliché, mais il y a moyen pour les auteurs d'offrir ensuite des façons d'utiliser les pouvoirs plus variés et ambitieuses. On note que les élus sont censés être des personnes déçues par le monde et voulant le changer. Le changer en bien ou en mal, ça, ça reste à voir selon les cas.

Mirai, lui, semble avoir déjà décidé de la façon dont il exploitera ses capacités : sans abuser les innocents, sans tuer, et pour tenter d'accéder à son désir nouveau de trouver le bonheur. Contrairement aux autres participants, il semble vouloir un bonheur on ne peut plus simple, au point de vouloir se débarrasser de son statut d'élu pour se forger une vie heureuse comme l'aurait souhaité sa mère. Mais l'élection du nouveau Dieu est une compétition dont on ne peut s'échapper, sauf en trouvant la mort...

En toile de fond, il résulte de cela une certaine volonté de réflexion sur le bonheur. En réalité, cet aspect paraît pour l'instant creux : il n'est que très peu évoqué, et quand il l'est c'est pour balancer d'énormes banalités guimauves ("Tout le monde naît pour connaître le bonheur"... Sans blague).

L'autre élément pouvant devenir potentiellement très intéressant est plutôt à chercher du côté des anges, dont le comportement s'avère ambigu et fortement éloigné de l'image que l'on a habituellement de ces créatures. Les pouvoirs qu'ils confèrent peuvent permettre de manipuler des innocents et de semer la mort, et Nasse est la première à glisser à l'oreille de Mirai quelques idées pas forcément belles où il devrait piétiner des personnes pour atteindre son propre bonheur. Mais pourrait-il être heureux en devenant un être aussi mauvais ?

A part ça, un élément peut déjà faire tiquer, en espérant qu'il se démente par la suite. Pour l'instant, sur 13 élus, déjà plusieurs sont Japonais, et deux sont même dans le même lycée, vive la facilité...

Visuellement, le titre s'avère très prometteur. Au niveau de la densité et de la précision du trait, Takeshi Obata n'a certes plus jamais atteindre l'excellence de la fin de Hikaru no Go et des débuts de Death Note, mais ici son travail, en dehors de certaines utilisations de trames, s'avère très bon à plus d'une reprise. Dès les premières pages le dessinateur parvient à bien faire ressortir l'état d'esprit de Mirai grâce une mise en scène soignée. Il installe alors un contraste entre la noirceur de la réalité de Mirai, et l'aspect immaculé de Nasse lors de sa première apparition. Le design de l'ange en ressort alors marquant dès le départ, et ce design ne fait que confirmer ses qualités ensuite. Le travail sur Nasse est en effet magnifique, parfois un peu trop relâché, mais son design est somptueux, sa blancheur, ses ailes amples et son physique plutôt menu lui offrant un certain cachet.

Au bout du compte, Platinum End parvient à intriguer sur son premier volume. La lecture n'est pas sans défauts ni clichés agaçants, mais Ohba et Obata installent pas mal d'éléments pouvant permettre par la suite des développements intéressants et évitant une trop grosse linéarité. Il ne reste plus qu'à voir si la suite saura être à la hauteur des ambitions affichées, en exploitant correctement les choses.

Kazé Manga a soigné son édition : on a l'habituel format de l'éditeur pour les titres estampillés "Shônen up!", avec une jaquette qui attire l'oeil grâce à ses effets brillants. A l'intérieur le papier et l'impression sont tout à fait honnêtes, et l'expérimenté Thibaud Desbief livre une traduction soignée.


Critique 1

Après Death Note et Bakuman le célèbre tandem Ohba/Obata nous revient avec une troisième collaboration ! Autant dire que l'attente autour de ce titre était très forte, et comment pouvait il en être autrement ?
Pour ceux qui l'ignorent Takeshi Obata est un remarquable dessinateur à qui l'on doit notamment l'exceptionnel Hikaru no go, qui est un des titres les plus riches qui soit. On le retrouve également avec son compère dans les très remarqués (qu'on aime ou pas) Death Note et Bakuman, qui nous dévoile les secrets du monde de l'édition. Et même s'il a aussi participé à Blue Dragon Ral Grad, on ne lui en tiendra pas rigueur…
Tsugumi Ohba est le scénariste du duo et a démontré, notamment avec Death Note un talent narratif hors pair…
Ils sont donc de nouveau réunis, et personne ne s'en plaindra, bien au contraire !
Alors que leurs deux précédentes collaborations sont éditées chez Kana, ce coup-ci c'est Kaze qui hérite de Platinum End, un gros coup pour l'éditeur !
En route pour cette nouvelle aventure !

Mirai est malheureux, il monte sur le toit d'un immeuble et saute sans réfléchir, il veut mettre fin à sa vie. Il a perdu ses parents dans un accident, son oncle et sa tante l'ayant recueilli le maltraite...rien ne l'attache à ce monde. Lorsqu'il ouvre les yeux, un ange lui parle ! Est-il mort ? Et bien non, puisque l'ange vient de lui sauver la vie sous prétexte de vouloir lui apporter le bonheur, et pour ce faire il lui propose deux pouvoirs : des ailes lui permettant de voler, lui apportant la liberté, et une flèche (celle de Cupidon?) qui rendra folle d'amour pour lui toute personne touchée par cette même flèche. La liberté et l'amour, puissante combinaison du bonheur ! Bien que sceptique, Mirai réclame les deux et obtient même un peu plus. Mais ce qu'il ne sait pas c'est qu'il vient d'entamer une compétition mortelle : en effet, Dieu se cherche un remplaçant, il a dépêché treize anges pour désigner son successeur, chacun apportant les mêmes pouvoirs aux treize humains choisis. Tout aurait pu bien se passer si en plus de la liberté et de l'amour, les candidats ne disposaient pas en plus du pouvoir de la mort, une seconde flèche, tuant instantanément ceux touchés par elle…
Personne ne peut voir les anges et les pouvoirs des candidats mis à part les candidats eux-mêmes...Mirai est donc relativement tranquille, mais il apprend par les médias qu'un des candidats abuse de sa flèche d'amour avant que ce dernier ne soit exécuté par un autre candidat… Une lutte divine commence alors !

Le pitch de départ est assez plaisant et même assez original : un garçon perdu qui se voit sauvé par un ange avant de se voir confier des pouvoirs afin que ce dernier retrouve goût à la vie. A ce stade toutes les possibilités sont alors envisageables, et si on commence sur un ton optimiste (malgré le malheur de Mirai), très rapidement on va sombrer dans un côté sombre et glauque. Mirai, en se servant de sa flèche blanche oblige, sa tante à lui révéler une terrifiante vérité avant que celle-ci ne se suicide...des pouvoirs à double tranchant pouvant avoir de néfastes conséquences. Même l'ange incite Mirai à commettre des crimes...on sait alors qu'on a affaire à un titre qui aura une ambiance pesante...très bien !
Vient ensuite l'histoire des différents humains sélectionnés pour remplacer Dieu himself...cela laisse entendre des affrontements et des coups bas, des stratégies mises en place, mais surtout cela sonne comme du déjà vu. Les deux premiers titres auxquels on pense sont (pour ceux qui connaissent, et dans le cas contraire, je vous encourage à les découvrir) Bloody Cross et plus encore Mirai Nikki (un hasard le choix du prénom?). Deux titres qui opposaient déjà des candidats pour remplacer Dieu, deux titres aux approches différentes, mais qui font ici écho à ce que nous propose Ohba.
Et puis on pense également à Death Note, avec la toute-puissance accordée aux candidats, pouvant désormais tuer en toute impunité sans que personne ne le remarque, un pouvoir de mort qui les rapproche d'un statut divin ! Et tout comme dans Death Note, le personnage principal est accompagné d'une entité invisible le suivant partout et le conseillant, mais à la place d'un dieu de la mort il s'agit d'un ange. Et bien que cela soit des anges, ces derniers n'ont pas l'air spécialement angéliques : ils prônent le meurtre, le vol...on est bien loin de l'image qu'on peut se faire d'un ange…et c'est tant mieux.

Un autre point faisant penser à Death Note, et de ce côté c'est une excellente chose, ce sont les règles accompagnant les pouvoirs, bien que simples, elles s'avèrent assez strictes et imposent certaines conditions aux candidats. En cela on se remémore l'incroyable suspens et les stratégies de Death Note et on trépigne à l'avance de retrouver ça !

Pour le moment Mirai se présente comme un adolescent peu sur de lui, timide, préférant rester en retrait, mais malin. Et déjà à l'issue de ce premier tome un des treize candidats est mort et en connaît deux autres...les auteurs décident de lancer les choses rapidement pour nous accrocher d'autant plus et cela fonctionne à merveille.
Pour l'heure, mis à part Mirai et l'ange qui l'accompagne, aucun personnage n'est développé, mais un des candidats semble sortir du lot, ce dernier se faisant faire un costume digne des meilleurs (pires?) sentais… On se pose alors légitimement la question s'il ne s'agira que du délire d'un seul personnage ou si les auteurs vont prendre cette direction plutôt inattendue, mais on en doute. 
On retrouve ce fameux ethnocentrisme japonais, visiblement tous les candidats sont Japonais, Dieu est et sera donc Japonais...tout est normal… Mais il faut plus y voir ici une facilité de narration.

Le dessin est sans surprise : superbe ! Le trait est fin, précis, dynamique, on retrouve sans peine le talent de Obata. Mention spéciale aux anges qui en plus d'être magnifiques, possèdent tous des caractéristiques spécifiques permettant de les distinguer (nombre et emplacement des ailes notamment).

Ce premier tome séduit donc totalement, malgré une impression de déjà vu dans d'autres titres, mais également dans la précédente série des auteurs.Cependant si c'est aussi bien fait que cela l'était pour Death Note, on signe de suite !


Critique 2


Takeshi Obata et Tsugumi Ohba… Ces deux noms ne vous laissent sans doute pas indifférents et pour cause, ils représentent l’un des binômes le plus célèbre de l’histoire du manga et sont à l’origine des populaires Death Note et Bakuman, tous deux édités chez Kana. Leur dernière pépite en date, c'est Platinum End, série qui a d'abord fait saliver avec sa publication en simultrad, avant que Kazé ne planifie la sortie du premier tome relié à peine trois mois après la parution nippone, fait très rare sur le marché du manga surtout lorsque ça concerne une oeuvre Shueisha. Platinum End s'annonce alors comme une des séries du printemps, un titre sur lequel Kazé a beaucoup misé niveau communication, ce qui n'a rien d'anodin tant il a le potentiel, notamment vis-à-vis de ses auteurs, pour devenir l'un des fers de lance du catalogue de l'éditeur. Le résultat était-il proportionnel aux attentes des lecteurs ? Complètement puisque cette introduction, en plus d'être un excellent moment de lecture, ouvre de multiples possibilités pour cette série originale.

Mirai s’apprête à devenir lycéen, mais il souhaite en finir avec une vie qui ne lui a jamais fait de cadeaux. Après le décès de ses parents aimants, le jeune homme fut recueilli par son oncle, sa tante et ses cousins qui n’ont rien à envier à la famille Dursley. Alors qu’il saute du toit d’un immeuble pour mettre fin à ses jours, Mirai est rattrapé par Nasse, un ange qui veut lui faire connaître le bonheur et lui propose de choisir entre plusieurs pouvoirs : Des ailes permettant de voler à vitesse éclaire, ou une flèche rendant amoureux pendant 33 jours. Sceptique et curieux de voir de quelle manière il pourrait ainsi devenir, Mirai demande à obtenir tous ces dons. Grâce aux cadeaux de Nasse, le quotidien infernal de Mirai va brutalement changement, mais les véritables motifs de la venue de l’ange cachent des enjeux colossaux auxquels le jeune homme ne s’attendait certainement pas…

On peut compter sur les deux auteurs pour inventer des concepts de shônen novateurs et captivants dès le départ. Après l’histoire d’un cahier provoquant la mort et celle de deux mangakas en herbe, ils prennent presque à contre-pied leur première œuvre phare. Avec Platinum End, il n’est donc plus question de Shinigami, mais d’anges, et le héros n’a pas forcément le pouvoir de tuer, mais bien de voler et de rendre amoureux dans la seule optique d’atteindre le bonheur. Avec ce concept, finalement assez simple, le récit peut facilement déboucher sur une infinité de possibilités, mais c’est sans compter la manière de développer progressivement l’histoire des anges afin de fixer d’importants enjeux dès le second chapitre de la série, afin d’ancrer Platinum End dans un style très shônen tout en gardant assez d’atouts et d’originalité pour passionner le lecteur.

Décrire exactement en quoi consistera, sans doute, la série serait de l’ordre du spoiler puisque les éléments se mettent en place progressivement au cours de ces trois chapitres et comme pouvait le faire Death Note en son temps, le scénario se dessine petit à petit jusqu’à ce qu’en fin de troisième chapitre, le lecteur puisse se faire sa propre idée de l’intrigue générale, une sensation qui se confirmera toutefois dès le début du second opus. Reste que le tout se renouvelle pour le moment constamment et il n’est même pas à exclure que l’œuvre prenne des tournants auxquels on ne s’attendait, chose possible étant donné que les concepts de Platinum End permettent des rebondissements réguliers. On peut néanmoins affirmer que Ohba et Obata ne tomberont pas dans la facilité du shônen de baston et, comme ils le disaient si bien dans Bakuman, un « shônen marginal » est la solution idéale pour apporter un vent de fraîcheur à un style très codifié qui a souvent du mal à se renouveler.

Ces codes sont d’ailleurs très présents dans ces quatre premiers chapitres : des personnages accompagnés d’une entité leur conférant des pouvoirs, un protagoniste droit et un autre qui lui est opposé, une histoire d’amour, des messages positifs… On retrouve ici toutes les idées qui font le sel des mangas pour le jeune public. Notons d’ailleurs que derrière un scénario de plus en plus grandiloquent au fil des pages, le duo développe tout un message autour du bonheur. Ils tournent même en dérision les personnages souvent taciturnes en faisant de Mirai un ancien suicidaire qui ne va aspirer qu’à une chose, connaître un bonheur simple et très conforme à celui véhiculé par la société nippone. Pour le moment, l’idée est assez superficielle, mais en mettant en scène différents personnages qui ont des visions différentes du bonheur, les interactions entre personnages pourraient se révéler fascinantes.

Gageons qu’outre un certain effet miroir inversé par rapport à Death Note, ces débuts de Platinum End démontrent déjà bien la patte de Tsugumi Ohba qui a souvent recours aux mêmes critères pour construire son histoire. On retrouve alors l’idée des entités accompagnant les héros et dotées de personnalités multiples, comme Ryûk et Rem dans Death Note, mais aussi deux personnages aux idéaux nettement opposés sans compter l’amourette dévoilée en fin de volume et qui pourrait devenir un élément charnière du récit selon ses orientations. Cela passe par des personnages assez convenus quand on connaît les auteurs, bien qu’on se prenne très facilement de sympathie pour Mirai qui évite d’être une caricature du héros de shônen. Néanmoins, peu d’intervenants sont pour le moment montré, on attend déjà à découvrir davantage de figures dès les prochains chapitres.

Avec une histoire sérieuse et moins ancrée dans la tranche de vie que l’était Bakuman, Obata a dû réajuster son trait et le résultat est sans appel : Le dessinateur est au sommet de son talent, que ce soit sur les pages couleur ou les simples pages en noir et blanc qui fourmillent de détails et nous laissent très facilement ébahis. Parfois, Platinum End s’impose comme un simple art-book et le format mensuel semble être opportun à l’auteur qui, lorsque le temps lui permet d’aboutir ses dessins, s’impose comme un artiste comme on en voit que trop peu dans le shônen. Autant dire que graphiquement, ces premiers chapitres font déjà naître chez nous l’envie d’un art-book futur…

Côté édition, on voit que Kazé a mis les petits plats dans les grands, ne serait-ce pour la couverture qui bénéficie d'un effet brillant mosaïque réussi, donnant une certaine aura au volume. Il est fort à parier de ce plus ne concerne que le tome premier, mais il serait agréable de voir la démarche se poursuivre sur l'ensemble de l’œuvre. La qualité éditoriale globale du pavé, elle, est de bonne facture, fidèle aux titres de la collection shônen de l'éditeur.
On salue aussi la très bonne traduction de Thibaud Desbief, sans fausse note, rendant honneur à la série.

Le retour de Takeshi Obata et Tsugumi Ohba se fait donc en fanfare puisque pour l’heure, Platinum End se révèle être une histoire originale tout en respectant déjà des codes bien connus, une intrigue aux possibilités multiples et portées par un visuel bluffant sur bien des points, un style qui a gagné en sérieux et en détail par rapport à Bakuman. La série a donc de beaux jours devant elle, car avec un tel scénario, les auteurs ont de quoi développer un manga palpitant qui peut s’imposer sans grand mal face aux mastodontes shônen que nous prévoit 2016…


Critique 3 :

Que vous ayez aimé ou non, on ne peut se mentir sur un fait : Death Note a été une petite révolution dans le monde du manga, d'où son succès planétaire. Son duo d'auteurs formé par Takeshi Ohbata au dessin et Tsugumi Ohba au scénario n'est plus à présenter tant leurs oeuvres auront marqué les lecteurs, que ce soit aussi avec leur premier titre à savoir Hikaru No Go, ou bien le dernier mettant en scène le monde des mangaka, j'ai nommé Bakuman. Autant dire alors que leur tout dernier titre en date était particulièrement attendu, mais cette attente n'aura pas été très longue : en effet, et aussi rare que cela soit, le titre a d'abord eu droit à une sortie en simultrad permettant de lire les chapitres quasiment en même temps que les japonais. S'en est suivie une sortie du premier volet seulement trois mois après la version reliée japonaise, avec l'annonce déjà du second volet pour fin août, donc tout va très vite pour notre plus grand plaisir !

Platinum End nous entraîne au côté de Mirai, un jeune lycéen qui décide dès le début du manga de...se suicider. Après avoir perdu sa famille devant ses yeux dans un accident à ses sept ans et avoir été élevé par son oncle et sa tante qui se sont servis de lui comme d'un réel esclave, il ne trouve plus vraiment de sens à la vie, lui qui n'a jamais connu le bonheur, et décide par ce fait de mettre fin à ses jours. Mais alors qu'il saute du toit d'un immeuble et s'apprête à s'écraser par terre, un ange le sauve. Grosse surprise, cet ange semble observer Mirai depuis toujours et lui propose même de lui offrir ses pouvoirs afin qu'il puisse enfin trouver le bonheur. N'ayant plus rien pour se raccrocher à la vie, Mirai accepte et le voici doté de nouvelles capacités : des ailes d'ange qui lui permettent de voler et de se déplacer à toute allure sans être repéré, mais aussi une flèche rouge qui lui permet de contrôler les sentiments d'une personne. Avec ces nouvelles capacités, le jeune lycéen a de quoi modifier grandement sa vie, mais jusqu'où sera-t-il prêt à aller pour obtenir le bonheur tant convoité ?

A la lecture de ce synopsis, on pourrait croire que nous avons ici une version 2.0 de Death Note : rassurez vous, il n'en est rien. Déjà rien que par son héros, l'histoire a un tout autre sens : Mirai n'est pas un élève surdoué qui veut diriger le monde comme un dieu, au contraire même il ne cherche que la simplicité dans sa vie et utilise le moins possible ses nouveaux pouvoirs. Alors qu'il lui est possible désormais de faire un peu ce qu'il veut de sa vie par ses pouvoirs comme voyager, voler l'argent dont il a besoin ou tuer ou se faire aimer par les personnes qu'il souhaite, il refusera tout cela. Mais rapidement sa nouvelle vie va la rattraper : Nasse, son ange gardien, lui explique qu'il a été choisi par elle pour devenir le nouveau dieu parmi treize autres personnes qui ont elles aussi été choisies par un ange gardien. Et pour devenir dieu, il n'y a qu'une seule solution : être le dernier survivant parmi les humains choisis; refuser cette mission étant aussi synonyme de retour à la case départ et donc d'un vrai malus pour Mirai. Averti sur le tard, ce dernier est donc contraint de participer à ce jeu de la mort et une nouvelle crainte commence à naître, à savoir celle de se faire repérer dans la rue par un autre possesseur d'ange et se faire tuer. Car au delà de la flèche rouge et des ailes, il est également possible de se servir de la flèche blanche qui tue tout simplement sa cible. Mais tout le monde ne profite pas de ces capacités pour se battre. C'est ainsi qu'un certain Tonma justement utilise sa flèche d'ange pour assouvir ses fantasmes uniquement et coucher avec toutes les starlettes de son choix. Un autre personnage lui utilise ses pouvoirs dans un costume de super héros pour glaner une certaine reconnaissance...

A première vue, on pourrait craindre que Platinum End ne soit qu'un énième manga de type survival, bien à la mode ces derniers temps avec des titres forts comme ont pu l'être Mirai Nikki. Mais justement, les auteurs développent ici un univers déjà riche et intéressant qui semble tendre vers une nouvelle vision du genre. Ainsi, les treize personnes sélectionnées n'ont pas tous les mêmes capacités puisque cela dépend du rang de l'ange qui peut être soit suprême, de rang 1 ou 2. Si le premier rang permet à l'ange de donner à son élu les ailes et les flèches, le rang 1 ne donne pas la flèche blanche et le rang 2 ne peut donner au choix qu'une des deux capacités restantes. Cependant, selon leurs actions les anges peuvent passer au rang supérieur tout comme rétrograder : un concept très intéressant puisqu'on peut déjà prévoir des retournements de situation par cette idée. A noter aussi que seuls les possesseurs d'ange peuvent les voir, à l'instar des shinigami dans Death Note.

Platinum End commence donc plutôt bien avec tous les ingrédients pour nous captiver dès le premier tome, surtout avec ses deux dernières pages qui nous offrent une attente insoutenable pour lire la suite. Bien qu'il reste encore des mystères à révéler, les auteurs ont toutes leurs chances pour créer un titre qui arrivera rapidement à se démarquer et pourquoi pas, devenir un véritable succès.
Concernant le dessin, Obata est toujours aussi en forme et ses planches sont autant magnifiques qu'avant. Avec le thème des anges, son trait se rapproche davantage à celui de Death Note plutôt que Bakuman qui lui avait eu droit à un trait plus typé shonen. Enfin quant à l'édition, c'est du tout bon surtout pour la sortie si rapide du tome et une communication plutôt grande pour que ce titre devienne un hit. L'objet en soi est également de qualité.


Critique 4 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

14.5 20
Critique 3 : L'avis du chroniqueur
Kiraa7

16.5 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs