Petit monde de Machida (le) Vol.1 - Manga

Petit monde de Machida (le) Vol.1 : Critiques

Machida-kun no Sekai

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 08 Juillet 2022

Lycéen âgé de 16 ans, Hajime Machida semble être le plus banal des adolescents. Binoclard, pas spécialement beau garçon, dans la moyenne basse en sport et en cours, se débrouillant tout juste en cuisine tant qu'on ne lui en demande pas plus que de cuire des oeufs, peu intéressé par la technologie au point de ne même pas posséder de smartphone, ayant un look plutôt passe-partout. Lui-même pense qu'il n'est doué dans aucun domaine en particulier et qu'il n'a rien de spécial pour lui. Et pourtant, tout le monde l'adore. La raison ? Eh bien, il possède en réalité un don précieux, et peut-être devenu très rare à notre époque : il fait tout naturellement attention aux autres sans même s'en rendre compte.


Au mois de mai dernier, le catalogue des éditions Akata a donc accueilli un nouveau shôjo dont la réputation est si flatteuse que 'on peut se demander pourquoi il a fallu tant de temps pour qu'il arrive en France. Lauréat en 2015 du Prix "New Face" du Japan Media Arts Festival, vainqueur du prix culturel Osamu Tezuka du nouvel auteur en 2016, nommé cette même année au 9e Prix Manga Taishô, Le petit monde de Machida est un manga achevé en 7 volumes, qui a été dessiné de 2015 à 201 pour le magazine Betsuma de Shûeisha par Yuki Andô, une autrice que l'on découvre dans notre pays pour l'occasion mais qui est active professionnellement dans son pays d'origine depuis le milieu des années 2000.


Au programme, une tranche de vie adolescente qui repose sur une idée directrice tout simplement et en même temps rayonnante: mettre en scène un personnage principale dont la plus grande qualité est de faire naturellement attention aux autres. Sans avoir conscience de sa qualité car elle lui apparaît toute naturelle, Machida sait observer les autres, leur porter des petites attentions sans chercher quoi que ce soit en retour, remarquer les côtés positifs de chacun(e), leur venir en aide sans chercher plus loin que ce que lui dicte son coeur, leur dire les mots bénéfiques qu'ils ont besoin d'entendre. Et si cela pourrait apparaître naïf voire niais, il n'en est rien, car absolument rien n'est forcé nid ans le style de la mangaka, ni dans la personnalité de ce garçon.


Dans ce premier volume, on suit donc tout bonnement le quotidien de cet adolescent qui fait le bien partout autour de lui sans même s'en rendre forcément compte. Fils aîné d'une famille assez nombreuse dont le père n'est apparemment plus là, il veille sur ses deux petits frères et ses deux petites soeurs, et tâche d'épargner certaines tâches à sa mère enceinte. Et en dehors de chez lui, c'est pareil. Ici, il voit le courage d'un camarade de classe ayant un coeur d'artichaut, étant plutôt bonne poire et étant un peu maladroit. Là, il vient naturellement faire taire les rumeurs infondées sur un vieil homme esseulé en brisant sa solitude et en l'aidant à devenir le "gentil papy" du quartier" qu'il rêve d'être. Machida est un coeur en or, qui aime naturellement les gens, qui ne cesse de le leur dire, et qui est alors aimé d'eux en retour. Et ça, l'autrice sait joliment le souligner sans trop en faire, via des textes qui sonnent juste en mettant en valeurs les relations humaines au travers de de notions comme l'amitié, l'amour, le lien familial et la solitude, mais aussi via un dessin collant parfaitement au propos: simple, sans esbroufe, mais lumineux et véhiculant les choses naturellement avec une expressivité tout en douceur.


Et si le schéma aurait pu vite devenir redondant, que l'on se rassure, car un fil directeur semble bel et bien se mettre en place autour de sa relation avec Inohara, une camarade de classe qui semble être son exacte opposée: séchant en permanence les cours même si elle a d'excellentes notes, solitaire comme pas d'eux, affirmant détester les gens, elle est de ces personnes que beaucoup de monde préfère ne pas approcher et sur qui des rumeurs courent, à tort ou à raison. Mais Machida n'est pas comme ça: il cerne d'emblée les bons côtés de cette fille (pourquoi lui aurait-elle pansé sa blessure si, comme elle l'affirme, elle détestait vraiment les gens ?), s'inquiète grâce à sa profonde empathie, et se questionne naturellement sur elle: pourquoi semble-t-elle refuser de se lier aux autres ? Qu'est-ce qui l'a poussée à en arriver là ? C'est petit à petit, au fil du temps, de moments passés ensemble et de différentes rencontres que la relation entre ces deux-là devrait évoluer, sous le regard bienveillant du lectorat.


L'idée de base est donc toute simple, et pourtant elle fait un bien fou, tant Yuki Ando sait lui faire honneur en véhiculant un paquet d'ondes positives sur une tonalité particulièrement lumineuse et humaine. Ce premier tome a tout de la lecture rayon de soleil, si bien qu'il semble difficile de ne pas vouloir, nous aussi, entrer dans le petit monde de Machida.


En ce qui concerne l'édition française, elle s'avère très satisfaisante, en particulier pour la traduction d'Aline Kukor qui colle vraiment bien à la personnalité de Machida et de son entourage et qui est toujours fluide; on trouve également un lettrage très propre d'Arwan Charlès, une bonne qualité d'impression sur un papier fin mais souple et sans transparence, et une belle jaquette signée Clémence Aresu, légèrement différente et enrichie par rapport à l'originale japonaise, pour un rendu tout en simplicité et en douceur qui colle impeccablement à l'oeuvre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs