Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 11 Avril 2017
Il rêvait d'elle sans même la connaître, puis l'a vue apparaître dans son lycée et, comme bon nombre de camarade de classe, a été fasciné par sa beauté. Si bien que quand la mystérieuse Kikuko Munakata s'est retrouvée en danger, l'adolescent Ryoîchi Takasogo n'a pu s'empêcher de la sauver. Depuis, la jeune fille semble très attirée par lui... à son grand dam. Car elle a beau être d'une envoûtante beauté, Kikuko semble être avant tout une redoutable prédatrice capable de faire sortir de sa bouche de dangereux filaments, de se nourrir d'humains, et d'attirer à elle des nuées d'insectes... Qui est-elle vraiment ? Est-elle seulement humaine ? Et comment Ryôichi doit-il alors réagir face à la déclaration que Kikuko lui fait ?
Le tome 1 de Nuisible fascinait essentiellement pour la figure de Kikuko, fort réussie dans le mystère, la beauté, l'inquiétude, l'ambiguïté qu'elle dégageait. Une bonne partie du volume 2 s'applique alors à accentuer cela, dès lors que Kikuko s'immisce dans la demeure familiale de Ryôichi, pour le pire et... le pire. Prenant la forme d'un petit huis-clos où l'adolescent ne peut échapper à celle qui a jeté son dévolu sur lui, le récit joue bien sur toute l'ambivalence de Kikuko, totalement effrayante dans sa manière de séquestrer Ryôichi, de provoquer autour d'elle des morts terribles qui bouleverseront la vie de l'adolescent, ou d'attirer à elle tous les insectes, mais en même temps presque touchante dans sa tristesse d'être rejetée ou dans la fragilité qu'elle montre par moments. Concrètement, Kikuko n'a jamais l'air foncièrement mauvaise, mais semble tout simplement inadaptée... et pour cause.
Dans un tome qui joue beaucoup sur le mélange d'ambiances (huis-clos, épouvante, fantastique, romance, macabre...), le scénario de Masaya Hokazono semblerait parfois presque se traîner pendant plusieurs dizaines de pages (d'autant que certaines pistes sont un peu laissées en retrait), si l'observation de Kikuko ne nous laissait pas déjà cerner certaines choses. Ces choses finissent par se confirmer dans une fin de volume où sonne l'heure des révélations par le biais de Kuzumi, l'homme recherchant Kikuko pour la tuer et en sachant très long. Rien de bien étonnant dans lesdites révélations, non seulement parce qu'on en devinait une bonne partie, mais aussi parce qu'elles jouent sur des ficelles très classiques du genre : destruction écologique, évolution pour survivre, folie humaine... Les choses font pourtant leur effet, entre le lien étroit de Kikuko et Ryôichi (qui peut expliquer pourquoi il la voyait en rêve avant même de la rencontrer), le rattachement à des éléments existant réellement (la Biosphère II), l'amour naturel mais confinant à la folie d'un père pour sa fille malade, et l'omniprésence des insectes...
Classique, le scénario de Hokazono reste prenant en grande partie parce qu'il est sublimé par les dessins de Yu Satomi. Pour son premier essai sur un manga, cette illustratrice offre toujours un délicieux travail d'ambiance, comme observé dans la chronique du tome 1. Entre instants de pure fascination, moments d'effroi, ou quelques élans macabres, la dessinatrice sait surtout sublimer l'ambiguïté de Kikuko, et devrait offrir de sacrées sueurs froides à celles et ceux qui ont peur des insectes, certains d'entre eux étant dessinés avec une précision folle, et certaines planches pouvant réveiller un brin les phobies, à l'image de celles où une abeille est posée près d'un oeil (et la jaquette fait son effet aussi).
Plus que l'histoire pour l'instant basique, dont le déroulement est classique, mais qui promet de se réveiller plus dans le dernier tome, tout est avant tout question d'atmosphère dans Nuisible, et pour cela les planches de Yu Satomi font souvent très bien leur office. En cela, la lecture reste assez captivante et donne sans mal envie de connaître la suite et fin.
Le tome 1 de Nuisible fascinait essentiellement pour la figure de Kikuko, fort réussie dans le mystère, la beauté, l'inquiétude, l'ambiguïté qu'elle dégageait. Une bonne partie du volume 2 s'applique alors à accentuer cela, dès lors que Kikuko s'immisce dans la demeure familiale de Ryôichi, pour le pire et... le pire. Prenant la forme d'un petit huis-clos où l'adolescent ne peut échapper à celle qui a jeté son dévolu sur lui, le récit joue bien sur toute l'ambivalence de Kikuko, totalement effrayante dans sa manière de séquestrer Ryôichi, de provoquer autour d'elle des morts terribles qui bouleverseront la vie de l'adolescent, ou d'attirer à elle tous les insectes, mais en même temps presque touchante dans sa tristesse d'être rejetée ou dans la fragilité qu'elle montre par moments. Concrètement, Kikuko n'a jamais l'air foncièrement mauvaise, mais semble tout simplement inadaptée... et pour cause.
Dans un tome qui joue beaucoup sur le mélange d'ambiances (huis-clos, épouvante, fantastique, romance, macabre...), le scénario de Masaya Hokazono semblerait parfois presque se traîner pendant plusieurs dizaines de pages (d'autant que certaines pistes sont un peu laissées en retrait), si l'observation de Kikuko ne nous laissait pas déjà cerner certaines choses. Ces choses finissent par se confirmer dans une fin de volume où sonne l'heure des révélations par le biais de Kuzumi, l'homme recherchant Kikuko pour la tuer et en sachant très long. Rien de bien étonnant dans lesdites révélations, non seulement parce qu'on en devinait une bonne partie, mais aussi parce qu'elles jouent sur des ficelles très classiques du genre : destruction écologique, évolution pour survivre, folie humaine... Les choses font pourtant leur effet, entre le lien étroit de Kikuko et Ryôichi (qui peut expliquer pourquoi il la voyait en rêve avant même de la rencontrer), le rattachement à des éléments existant réellement (la Biosphère II), l'amour naturel mais confinant à la folie d'un père pour sa fille malade, et l'omniprésence des insectes...
Classique, le scénario de Hokazono reste prenant en grande partie parce qu'il est sublimé par les dessins de Yu Satomi. Pour son premier essai sur un manga, cette illustratrice offre toujours un délicieux travail d'ambiance, comme observé dans la chronique du tome 1. Entre instants de pure fascination, moments d'effroi, ou quelques élans macabres, la dessinatrice sait surtout sublimer l'ambiguïté de Kikuko, et devrait offrir de sacrées sueurs froides à celles et ceux qui ont peur des insectes, certains d'entre eux étant dessinés avec une précision folle, et certaines planches pouvant réveiller un brin les phobies, à l'image de celles où une abeille est posée près d'un oeil (et la jaquette fait son effet aussi).
Plus que l'histoire pour l'instant basique, dont le déroulement est classique, mais qui promet de se réveiller plus dans le dernier tome, tout est avant tout question d'atmosphère dans Nuisible, et pour cela les planches de Yu Satomi font souvent très bien leur office. En cela, la lecture reste assez captivante et donne sans mal envie de connaître la suite et fin.