Natsuko no Sake Vol.4 - Actualité manga
Natsuko no Sake Vol.4 - Manga

Natsuko no Sake Vol.4 : Critiques

Natsuko no Sake

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 30 Juillet 2021

Désormais devenue gérante de la brasserie Saeki sur demande de son père, Natsuko a certes bel et bien fait ses preuves, mais a donc encore plus de travail qu'avant, d'autant plus qu'elle a encore des choses à apprendre (notamment concernant le facteur commercial et économique) dans le cadre de sa nouvelle fonction, et que la Rosée de lune doit prochainement être présentée au concours dans l'espoir d'obtenir une médaille d'or. La jeune femme de 22 ans, dont la volonté est aussi pure que tenace, reste néanmoins active sur tous les plans y compris concernant l'exploitation du tatsu-nishiki confié par son défunt frère. Et sur ce dernier point, les convictions de notre héroïne semblent enfin porter leurs fruits: soutenue par l'association des riziculteurs, elle franchit une petite étape vers la reconnaissance du bio en parvenant à faire interdire l'épandage aérien de pesticides pour l'année à venir, et le moment est donc venu pour démarrer la culture du tatsu-nishiki au printemps suivant. Toujours aussi volontaire et admirable, notre héroïne se donne elle-même beaucoup à la tâche, comme toujours, en allant même jusqu'à apporter son aide dans les champs, y compris quand Gôda lui fait découvrir les vertus du fumier de vache en tant qu'engrais naturel.

C'est ainsi qu'au fil de ce quatrième pavé de plus de 450 pages, notre attachante héroïne et ses acolytes poursuivent leur tâche, dans un rendu qu'Akira Oze évoque avec beaucoup de talent, tout d'abord pour le suivi habituel de toutes les étapes essentielles de la fabrication du saké et avant ça de la culture du riz, mais aussi pour sa manière de ne pas idéaliser les choses. Ainsi, par exemple, Natsuko a parfaitement conscience que si certains paysans ont accepté de la suivre, c'est moins par convictions personnelles que pour les considérations financières, puisque vendre le produit bio plus cher que le riz non-bio devrait largement compenser la plus faible quantité de la récolte, une vision des choses qu'elle ne peut évidement aucunement leur reprocher tant elle peut sembler logique, au vu des conditions éreintantes du travail. A contrario de cette frange-là des paysans, Gôda revient sur le devant en apparaissant toujours comme porteur d'une autre vision intéressante et plus que jamais d'actualité, en étant persuadé que l'agriculture bio constitue l'avenir et renversera l'agriculture industrielle un jour, et qu'être paysan demande avant tout d'aimer son travail, son sol, sa terre, d'élever ses légumes comme des enfants, plutôt que de céder aux simples considérations commerciales. On appréciera même beaucoup sa mise en place d'un système d'agriculture solidaire particulièrement intéressant... mais là aussi, même lui ne peut que se frotter à certaines limites de son système, des limites sans doute nourries par le système commercial imposé dans nos sociétés. Ainsi, comme toujours, le mangaka sait nuancer son propos, ne rien idéaliser, mettre en avant aussi bien les vertus que les limites de ses problématiques, tout en soulignant l'importance d'aller vers une agriculture plus raisonnée.

Dans ses messages ainsi que dans sa manière de décortiquer la production de saké étape par étape mais aussi via pas mal d'anecdotes et d'à-côtés, la lecture reste alors toujours aussi riche, pertinente et passionnante. mais au-delà de ça, Oze, comme toujours, au aussi pour grand mérite de ne jamais négliger le facteur humain, à travers des personnages qui continuent d'avancer voire de se confronter à leurs propres problématiques personnelles.
Ici, même si Shingo est un peu plus discret, il n'est aucunement oublié en poursuivant ses efforts, par amour pour Natsuko, dans sa production d'un saké de qualité qui pourrait devenir un rival de la Rosée de lune. Revenant avec un deuxième essai après un premier saké qui n'était pas à la hauteur, le jeune prétendant pourra-t-il enfin dire à notre héroïne ce qu'il a sur le coeur ? Sans prendre trop de place, la part sentimentale est bien dosée et apporter un petit plus, d'autant qu'il ne fait aucun doute qu'elle ne s'arrêtera pas là, les hommes attirés par notre vaillante héroïne étant de plus en plus évidents.
On appréciera également tout un focus sur Saeko, l'amie d'enfance de Natsuko prenant ici une décision forte en demandant à notre héroïne la possibilité de produire du tatsu-nishiki dans la petite rizière laissée par son père. Cette fille de paysan qui avait fui la vie paysanne mais qui a échoué dans sa vie tokyoïte sera-t-elle à la hauteur ? Avec un père qui n'hésite pas à la traiter de bonne à rien, Saeko semble partir de loin, mais sa volonté de cultiver du tatsu-nishiki est tout un symbole, à la fois pour souligner son amitié envers Natsuko, et pour sa prouver à elle-même qu'elle vaut quelque chose, qu'elle en est capable. Suivre régulièrement Saeko dans ce tome a alors quelque chose de très attachant, l'amie d'enfance de Natsuko y gagnant beaucoup, et sa petite parcelle de culture risquant bien de la grandir sur le plan personnel.
Enfin, un personnage est mis en avant plus qu'aucun autre dans cet opus: le tôji Shinsuke Yamada alias "papy". C'est quelque chose qui avait été savamment préparé par l'auteur dans le précédent volume: après plus de 50 ans passés dans le saké et 40 ans en tant que tôji, le vieil homme, à cause de son âge, pourrait bien avoir atteint ses limites dans un travail particulièrement éreintant. Et toute une problématique se poser alors: alors qu'il a passé 30 ans à travailler avec talent pour la brasserie Saeki, faut-il lui faire envisager la retraite ? Une retraite qui ne serait pas due à la dégradation de son talent (bien au contraire), mais bien à de profondes inquiétudes pour sa santé. Face à son père qui envisage de le faire partir, Natsuko ne peut s'y résoudre: au-delà de son talent, "Papy" est aussi celui à qui son défunt frère a confié les grains de tatsu-nishiki, et ils se sont promis de concevoir ensemble le meilleur des sakés. Et, surtout, quel avis le vieil homme lui-même aurait-il sur une possible retraite ? Quand on a vécu toute sa vie uniquement par amour de son travail, peut-on y renoncer de cette manière ? Dans cette optique, Oze n'oublie pas non plus le cas de Kusakabe: le solide jeune homme a désormais pris une place plus importante que jamais dans la brasserie et auprès de Natsuko, encore plus depuis que "Papy" a entrepris de lui inculquer tout son savoir. Suivre Kusakabe dans son apprentissage, y compris dans les champs, est tout aussi intéressant, tandis que le mangaka expose également très bien ce qu'il peut ressentir vis-à-vis de "papy" et de l'héritage important qu'i veut lui laisser.

Une nouvelle fois, Natsuko no Sake frappe fort et juste. Que ce soit dans les nombreuses informations sur le saké et sur la fabrication d'un bon saké, dans les messages véhiculés par Akira Oze, ou dans des développements de personnages bourrés d'humanité, l'oeuvre reste une merveille.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs