Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 26 Octobre 2023
Hachi, en amenant Nana au concert du groupe Trapnest, espérait qu'elle renoue sa relation avec Ren. Et effectivement, sa tentative allume une légère braise qui pourrait bien raviver la flamme. Mais si la jeune femme se délecte de cette histoire d'amour renaissante, la situation de Nana la renvoie à son propre célibat, suite à la récente trahison amoureuse qu'elle a subie...
La rupture avec Shôji a dirigé la série vers son axe principal. Ou plutôt, cette séparation a guidé Hachi vers l'histoire de Nana, une intrigue à la fois musicale et dramatique, où les destins des groupes sont aussi ceux des liaisons sentimentales.
Ainsi, la candide Nana devient presque spectatrice de l'histoire de sa colocataire qui renoue avec son amour d'autrefois : Ren. Un peu comme le lecteur, exception faite que Hachi joue un rôle de transmetteur particulièrement important. De la même sorte qu'elle reste une sorte de miroir de Nana Ôsaki, en étant son reflet comme son inverse. Là où sa grande histoire d'amour s'est arrêtée, celle de son amie renaît. Et paradoxalement, quand Nana retrouve son âme sœur, Hachi se dirige vers une relation dont on ne peut deviner la bénédiction ou, à l'exact opposé, sa toxicité. Tout ce segment est d'ailleurs traité d'une main de maîtresse par Ai Yazawa qui introduit cette "idylle" avec une myriade d'émotions. Car tout comme Hachi, on stresse face à ce contact qui paraît si irréel et digne d'un conte d'adolescente, tandis que la réalité derrière le personnage de Takumi nous fait aussi ressentir un certain effroi. Et parce que nous ne sommes toujours pas fixés au terme de ce volume, la tentation de se ruer sur le tome suivant ne sera que plus grande.
À côté, la mangaka densifie un élément de l'univers de Nana parmi les plus importants de l'œuvre : le microcosme que forment les groupes de Blast et Trapnest. Une rivalité qui n'a pas tout à fait débuté, mais un véritable petit monde forgé de connexions, amicales ou amoureuses, aboutissant à une bulle de personnages vivants au sein de l'histoire. Alors, la rupture vis-à-vis de la segmentation de la série jusqu'à présent n'est que plus grande. Là où Nana jouait sur les cercles respectifs des deux héroïnes, nous sommes maintenant guidés vers le groupe musical de Nana Ôsaki, auquel se connecte Trapnest suite à la résurrection de son idylle avec Ren. Dès lors, Jun et Kyôsuke deviennent des soutiens, des sortes de figures maternelles et paternelles quand, du côté des deux Nana, la stabilité amoureuse n'est pas encore de mise.
Encore une fois, il y aurait tant à dire sur ces événements passionnés, ces drames humains qui nous touchent et cette manière qu'a Ai Yazawa de les raconter qui frôle l'excellence. Véritable génie de la narration et des jeux de symbolismes pour conter son histoire, la mangaka nous épate encore, alors que nous n'en sommes qu'au tome 5. La suite s'annonce plus prometteuse que jamais.