Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 31 Mai 2023
« Dis Nana, tu te souviens de notre rencontre ? Moi, je suis plutôt du genre à croire à ce que l'on appelle le destin. »
Le premier volume de Nana aurait presque pu constituer une histoire complète, celle de deux destins différents, de deux jeunes femmes portant le même prénom. Ai Yazawa a d'ailleurs pensé la chose ainsi, au cas où la parution n'irait pas plus loin. Ironique, quand on sait aujourd'hui que son œuvre phare est l'un des shôjo les plus populaires à l'échelle mondiale.
Ainsi, il faut considérer le premier opus comme une longue et belle introduction, plantant le décor pour chacune des deux héroïnes. L'histoire de Nana commence désormais, en faisant se croiser ces deux femmes aux noms identiques, si différentes l'une de l'autre, mais aussi tellement complémentaires. Un atout que l'on devine par leur rencontre, celle du hasard, ou du destin, dans un train, une nuit de pleine neige. Direction Tokyo, chacune d'elles change d'environnement pour croquer la vie à pleines dents. Le destin, encore une fois, une notion abstraite, mais qui semble prendre tellement de force avec ce simple deuxième volume d'une série qui, aujourd'hui, en compte vingt-et-un.
Si le premier volume peut être considéré comme une amorce, ce second tome présente davantage de concret, tout en restant à une étape de démarrage du récit. Si les deux héroïnes sont maintenant réunies, il faut confirmer leurs parcours respectifs, ce qu'elles ont à accomplir, et ce qu'elles feront de leurs destinées tokyoïtes respectives. En ce sens, le début de l'opus insiste beaucoup sur Nana Komatsu, dit « Hachi ». Une construction qui n'a rien d'anodin, et semble même être le miroir des deux protagonistes. Si Nana Komatsu est un véritable bonbon pétillant, une fille pleine d'énergie aussi attachante qu'agaçante, Nana Osaki est son opposée : un concentré de mystère pour une fille qui a davantage la tête sur les épaules, tout en affichant un charisme indéniable. C'est possiblement pour respecter cette part nébuleuse qu'Ai Yazawa prend le point de vue de l'une des Nana avant de rejoindre la seconde, et créer un tandem qui fait immédiatement mouche.
Si on s'attache d'abord à la petite vie de « Hachi » et de son entourage modeste, la lecture bascule dès que la collocation débute. Une cohabitation particulièrement fraîche et drôle grâce à la complémentarité des héroïnes, mais qui prend progressivement un autre aspect au fur et à mesure que le background de Nana Osaki est révélé, et quand lorsque les éléments qui gravitent autour d'elle font irruption dans l'appartement 707, un lieu qui deviendra un personnage à part entière tant il sera iconique et symbolique. Malheureusement, quand la lecture s'achève, cet aspect commence à peine à être effleuré. Comprenez alors pourquoi Nana a chamboulé son lectorat, et le bouleverse encore aujourd'hui. L'impatience de la suite est là !