Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 15 Juillet 2010
C’est dans un cadre plutôt inhabituel que s’installe l’histoire d’une des dernières parutions Taïfu, ici encore un one shot. En effet, Erik est un jeune chercheur très doué qui s’est fait enlever par une organisation terroriste profitant de ses talents. Les forces spéciales viennent au secours du groupe de chercheurs séquestrés, mais c’est Steve, un unique agent, qui découvrira le seul rescapé du groupe. Par ses paroles réconfortantes au sein d’un traumatisme marquant, Steve pose les liens d’une relation de confiance et de protection entre les deux hommes. C’est d’ailleurs dans l’instant qu’Erik tombe amoureux de Steve, bien que ses sentiments soient à sens unique. Les deux compagnons vont alors travailler ensemble, partager un quotidien plein de dangers pour Steve et d’inquiétude pour Erik. Mais ce dernier, absolument persuadé que ses sentiments ne sont pas réciproques, a certaines difficultés face à la déclaration de Steve, qui est on ne peut plus sérieux. Ce qui est plutôt étrange quand on y pense, étant donné que le jeune homme devrait se réjouir et profiter de cette chance inespérée, au lieu de souhaiter à tout prix retrouver une amitié qu’il croit perdu. C’est d’ailleurs sans aucun doute le point qui nous chiffonne le plus dans le manga, cette instabilité émotionnelle d’Erik, qui ne sait plus bien ce qu’il veut, et ce qu’il peut accepter ou non.
La relation entre un soldat et un scientifique a l’avantage de mettre en scène des adultes à priori matures, qui ne découvrent pas les sentiments et la sexualité. On sent en effet une aisance un peu plus perceptible entre Erik et Steve qu’entre deux lycéens qui se cherchent. Toutefois, le statut de Steve permet également d’amener un peu d’originalité : un métier « viril », un soldat qui aime un autre homme … cela brise quelques préjugés au passage. Cependant, la dangerosité du métier de Steve n’est mise en avant que partiellement, et dans des proportions bien moindres vis-à-vis de la romance principale. On appréciera toutefois la connotation un peu plus sérieuse et travaillée de la relation des protagonistes : l’amour met plus de temps à se déclarer chez Steve, mais surtout leur parcours est d’avantage intéressant que la normale, la sexualité étant moins diabolisée, tout du moins sacralisée dans de moindres proportions. Pour ce qui est des personnages, Steve a le tempérament calme, protecteur et réfléchi de tout bon seme, sans être dominateur dans les sentiments, tandis qu’Erik est un jeune homme lunatique, tantôt pleurnichard, tantôt souriant aux anges. Cela fait de ces protagonistes principaux des images simples, rapidement identifiables et compréhensibles mais sans être trop sectorisés ou enfermés dans des idées reçues. Les petits bonus, que ce soit des minis chapitres ou des digressions de fin de volume n’apportent pas grand-chose de plus, si ce n’est un appui léger sur l’humour, qui ne se démarque pas tant que ça au cours du manga.
Les dessins ont beau ne rien avoir d’original, ils sont bien construits, respectant les proportions, le remplissage des fonds et la dynamique dans les mouvements parfois très amples de Steve … On reprochera peut être à ce dernier de manquer un peu d’expressivité dans le regard, alors qu’Erik est transparent comme du verre. Un soin particulier est accordé à la plupart des détails, ce qui remplit les pages et les rend, au premier coup d’œil, consistantes à souhait. De même, les personnages sont bien différenciés même si l’on n’en voit pas beaucoup en dehors de nos deux héros. L’édition de Taïfu propose une couverture plus sombre, adaptée à l’ambiance de début de tome, avec un titre pas forcément bien mis en valeur. Ceci dit, le titre comportant moins d’onomatopées, le petit défaut de ne pas toutes les adapter, en fonction de leur taille et de leur position, ne se remarque pas trop et rend une lecture fluide et agréable. Un bon petit manga, parfois un tantinet difficile à la lecture à cause des sentiments pas toujours très simples d’Erik, mais alliant sensualité, dynamisme et romantisme. Dommage que ce ne soit pas plus poussé ...