Mot qui arrêta la guerre (le) - Actualité manga

Mot qui arrêta la guerre (le) : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 02 Avril 2015

Dans le Japon de l'ère Edo, au plus près du Lac Yamagata, Shigeru et son petit frère Sei s'adonnent jour après jour et toujours avec le même plaisir à leur activité : l'origami pour le premier, et la calligraphie pour le deuxième. Ils vivent heureux et de façon chaleureuse ensemble, profitant de leur quotidien dans un petit coin de paix, au gré des envolées des grues, des frémissements des carpes ou des rayons du soleil... Jusqu'au jour où le daimyô décide de mener une guerre contre son voisin. Tous les hommes ayant plus de 16 ans sont sommés de venir se battre pour lui, et Shigeru en fait partie. Une légende dit qu'en concevant 1000 origamis de grues, Shigeru pourrait voir son voeu de ne pas aller en guerre exaucé, mais bien qu'il se lance dans cette tâche ardue, les jours sont comptés et rien ne semble pouvoir empêcher la guerre. Rien, sauf la détermination presque candide de Sei qui, pour convaincre le daimyô de laisser tomber sa guerre et quitte à se frotter à ses conseillers, réalisera en 3 jours 3 calligraphies symboliques pour tenter d'arrêter la guerre... et pour sauver son frère.


Depuis ses débuts chez nobi nobi ! en 2015 avec Princesse Pivoine qui marqua l'arrivée de l'éditeur sur le marché, la jeune Ein Lee n'a cessé de décoller, de se tailler une solide réputation d'illustratrice, et, deux ans après La Princesse au bol enchanté, revient enfin en mettant en images un scénario écrit il y a plusieurs années par Audrey Alwett, scénariste reconnue dans le milieu de la bande dessinée où elle a notamment collaboré avec Arleston.


Porteur d'un message de paix plus que jamais d'actualité, le récit imaginé par Audrey Alwett résonne avec sincérité, de par la simplicité de son écriture et sa faculté à taper où il faut, tout en douceur, simplement en posant la question la plus importante. Empreint d'une naïveté rafraîchissante, ce scénario est sublimé par les illustrations d'une artiste qui a encore passé un cap dans l'art de la colorisation et des nuances. Ce récit de jeune garçon devant partir à la guerre a beau, dans le fond, être grave et dramatique, les visuels, portés par ces décors somptueux et par ce quotidien paisible où nos jeunes héros vivent en harmonie avec la nature et avec leur travail, apportent constamment l'apaisement et l'espoir sans jamais tomber dans la détresse ni dans la haine, sur un ton invitant à la paix intérieure autant qu'extérieure.


Le mot qui arrêta la guerre, c'est la victoire des mots et de la raison sur la violence, celle de la paix et de la liberté sur la haine. Aussi simple qu'essentiel et porté par une Ein Lee au sommet de son art, un album à faire lire à tous.


L'édition est une nouvelle fois impeccable, et l'on saluera en fin d'album l'habituel lexique (toujours très utile pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas certains termes typiquement japonais) ainsi que les 4 pages où Ein Lee présente un peu son travail de recherche pour le design des personnages et les décors.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs