Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 21 Juin 2023
"J'espérais vraiment qu'un jour, tu me dévorerais complètement."
Arrivée dans la forêt de la nuit avec le profond désir d'être tuée, la petite Mimizuku, ancienne esclave maigre comme un clou, s'est vu refuser la mort par le roi de la forêt Fukurô, mais ce dernier l'a laisser s'installer auprès de lui sans en faire grand cas. Et depuis, le quotidien autrefois si pénible voire terrible de cette enfant semble avoir commencé à changer. Elle admire Fukurô, chez qui elle s'invite régulièrement et qu'elle trouve si beau, et aime plus encore ses tableaux qui illuminent ses yeux. Le contraste est alors d'autant plus grand quand cette enfant, censée être si pure et innocente à son jeune âge, avoue à son hôte quelles tâches particulièrement horribles on lui confiait dans son village en tant qu'esclave, et pourquoi elle désire tant mourir, tout ceci nous offrant un portrait vraiment peu glorieux et très choquant des pires bassesses dont sont capables les êtres humains. A côté de ça, le fameux "démon" apparaît souvent bien plus humain que ces derniers, plus encore quand, par l'intermédiaire de Kurô, on apprend vite et bien quel fut son propre passé dramatique avant qu'il ne devienne le démon de la forêt, et pour quelle raison profonde il peint, en montrant dans le fond son amour pour le monde qui l'entoure.
C'est dans ce contexte que l'on continue de suivre la sorte de cohabitation entre Mimizuku et Fukurô, ainsi que le lien qui se construit entre eux mine de rien. Même si son désir de mourir est toujours en elle, Mimizuku a le sentiment d'avoir trouvé une place... mais cela pourra-t-il durer ? En effet, par l'intermédiaire d'un habitant qui a été sauvé par Mimizuku, le royaume voisin de Red-Ark apprend qu'une fillette est apparemment l'esclave du démon. Et c'est sur ce malentendu, sur ce prétexte tout trouvé, que la révolte humaine contre Fukurô se prépare, avec des conséquences cruciales et, surtout, un choix important de la part de Fukurô. Un choix à la fois bienveillant pour la fillette et cruel pour lui, qui dit tout de son attachement discret pour Mimizuku et de la part d'humanité qui réside en lui.
La suite du tome, elle, entame une nouvelle partie, une nouvelle vie pour Mimizuku, sous la houlette du paladin A Duke Macbahren et de son épouse Orietta qui montrent beaucoup d'attention à son égard. Ajoutons à cela des habitants qui se montrent si gentils et compatissants, et la petite fille découvre une vraie chaleur humaine qui, à l'inverse de son passé d'esclave, montrent cette fois-ci de plus jolis aspects de l'espèce humaine. Et cela, même s'il reste des zones d'ombre sur certains aspects comme les possibles cachotteries du sanctuaire et les doutes sur la fiabilité du roi, et même s'il est impossible de ne pas penser au sort qui attend Fukurô.
Naviguant entre cruauté et chaleur, ce deuxième tome, assez riche en bouleversements importants, apporte une saveur supplémentaire à cette histoire. Alors que nous sommes déjà à la moitié de l'histoire de Mimizuku, en en suivra désormais la suite avec une certaine impatience, tant elle a à présent su se faire marquante et attachante.