Mimikaki- L'étrange volupté auriculaire - Actualité manga

Mimikaki- L'étrange volupté auriculaire : Critiques

Yamamoto Mimikaki-Ten

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 12 Juin 2018

Tout en continuant de nous enchanter avec la tranche de vie culinaire La Cantine de Minuit, les éditions Le Lézard Noir nous proposent, en ce mois de juin, de découvrir la toute première oeuvre du mangaka Yarô Abe. De son nom original Yamamoto Mimikaki-Ten, Mimikaki - L'étrange volupté auriculaire a connu un parcours un peu délicat avant d'être soudainement stoppé lors d'un changement de responsable éditorial, comme l'explique très ben l'auteur dans sa passionnante postface, mais ce n'est pas vraiment un problème puisque ce tome unique est en réalité une succession d'histoires courtes ayant toutes un thème commun.


Ce livre d'environ 180 pages regroupe donc 9 récits courts. 8 d'entre eux ont été publiés de 2004 à 2010 aux éditions Shôgakukan dans le magazine Big Comic Original et ses hors-série, tandis que le "dernier" (en réalité le 6e dans le tome) est un inédit qui n'a jamais été publié en magazine auparavant. Le point commun de ces récits: Shizue Yamamoto, la mystérieuse gérante d'un petit salon de mimikaki. Vous ne savez pas ce qu'est le mimikaki ? Il est vrai que cette pratique reste assez méconnue chez nous, mais le manga d'Abe se chargera de nous en montrer les vertus. Le mimikaki désigne le cure-oreille japonais typique, une sorte de bâtonnet en bois ou en métal dont l'une des extrémités est recourbée, et qui est réputé pour procurer d'intenses sensation de plaisir quand il est manipulé par des mains expertes. Pour quelques centaines de yens Shizue, dans sa petite boutique, propose de soigner les oreilles de ses patients et de les satisfaire en posant leur tête sur ses genoux pour mieux leur faire profiter de ses talents dans le maniement du mimikaki, qu'elle élève au rang d'Art au point de provoquer d'indicibles jouissances.


Le schéma est, tout compte fait, assez similaire à celui de La Cantine de minuit, à ceci près que le petit restaurant est remplacé par ce paradis des oreilles. Les gens s'y croisent peut-être moins que dans le restaurant puisque Shizue ne prend évidemment qu'un client à la fois, mais la teneur est un peu la même: se plonger dans le salon de cette femme et aux côtés de ses clients permet non seulement d'avoir une vision d'un Japon un peu plus profond et peut-être un peu oublié, mais aussi de découvrir une jolie palette de visages parfois assez truculents dont le contact avec Shizue va parfois changer la vie ou leur vision de certaines choses et de leurs petits problèmes personnels. Et en filigranes, certains passages de ces histoires permettront d'entrevoir un petit peu plus Shizue elle-même.


Sous le trait faussement simple d'Abe, qui offre des personnages aux contours fins et aux dégaines réussies (y compris Shizue, qui a une aura assez particulière avec son visage étonnant où le cou n'est pas bien délimité et le nez n'est pas dessiné) ainsi que des cadres immersifs et sans superflu, Mimikaki est une petite lecture séduisante, et servie dans une édition soignée. En plus de la postface d'Abe qui est très intéressante, soulignons la traduction très soignée de Miyako Slocombe, le papier assez épais et souple, ainsi que la bonne qualité d'impression.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs