Mémoires de Vanitas (les) Vol.1 - Actualité manga
Mémoires de Vanitas (les) Vol.1 - Manga

Mémoires de Vanitas (les) Vol.1 : Critiques

Vanitas no carte

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 05 Mars 2018

Critique 3


En France, Jun Mochizuki est connue pour le très populaire Pandora Hearts. La série s'étant achevée avec son vingt-quatrième volume en 2015 au Japon, il paraissait impossible que la mangaka stoppe sa carrière en si bon chemin. C'est donc en 2016 que débute Vanitas no Carte, nouvelle série de l'autrice, que les éditions Ki-oon se sont empressées de nous proposer sous le titre Les Mémoires de Vanitas. S'il est encore tôt pour dire si l’œuvre portera les mêmes ambitions que Pandora Hearts, quatre tomes ayant été publiés à l'heure où ces lignes sont écrites, c'est un récit riche en promesses qui nous est offert par ce premier opus.


Au XIXème siècle, le jeune Noé arrive à Paris. Ce dernier vient d'intégrer la capitale de la France pour une raison précise : il est à la recherche du grimoire de Vanitas, un artefact sacré pour les Vampires puisqu'il permet de modifier le nom d'un buveur de sang, symbole même de son identité et de son âme, un pouvoir capable de changer fondamentalement un vampire. Et justement, Paris est en proie à une crise : un vampire sème la discorde et est responsable de bien des meurtres, impensable puisque ces créatures n'ont pas le droit de s'attaquer aux humains.


Au cours de son voyage, Noé fait la rencontre d'Amélia, une jeune femme qui s'avère être un vampire et qui va perdre la raison... jusqu'à l'intervention d'un jeune homme. Ce dernier se présente comme Vanitas, un humain héritier du fameux grimoire qui est capable de l'utiliser pour sauver les vampires devenus incontrôlables de leur folie.


Avec Les Mémoires de Vanitas, Jun Mochizuki fait sien du mythe du vampire, à sa sauce, dans un Paris largement fantasmé où la Ville des Lumières n'a pas usurpé son nom, littéralement, et où des navires volants permettent le voyage des citoyens. Un sujet classique, mais aux multiples possibilités, dans un univers qui sied parfaitement à la patte de la mangaka tant celle-ci parvient à le rendre onirique. En effet, le Paris de Jun Mochizuki s'avère proche de l'idée qu'on peut avoir de la ville au XIXème siècle, tout en étant dotée d'une beauté parfaitement mise en relief par le soin apporté aux décors et quelques planches qui dénotent tout l'amour de l'autrice pour la capitale.


Associer ce cadre au mythe du vampire n'est pas vraiment une erreur, l'époque se mariant assez bien aux histoires de buveurs de sang, surtout quand l'intrigue est pourvue d'une dimension surnaturelle très appuyée. Ainsi, le contexte des Mémoires de Vanitas est appuyé par toute la première partie du tome qui sait aller à l'essentielle, appuyé par des premières péripéties qui tiennent en haleine par leurs événements, tout en parvenait à présenter comme il se doit le duo phare de personnages : Noé et Vanitas.


Le pitch de la série s'installe donc sans trop de mal et sur un rythme bien géré. Les concepts de la série méritent explications pour que le lecteur s'en imprègne correctement, et Jun Mochizuki fait ça très bien à partir de premières péripéties qui ne laissent pas le temps de souffler, et qui associent aussi bien l'action à l'humour. Alors, outre une intrigue dont les premiers éléments laissent curieux par les quelques mystères distillés ci et là, c'est le duo formé par Noé et Vanitas qui en met plein la vue, les personnages étant montrés attachants et particulièrement efficaces dans leurs interactions. Tous deux, complémentaires, ont leur lot de mystère, et ce sera au scénario de les décortiquer et les faire évoluer sur la durée. Une ambition classique, mais qui permet déjà de s'intéresser à cex deux têtes d'affiche.


La suite du volume va particulièrement bien évoluer, plantant les éléments de tout premier tome efficace qui se respecte. Une menace est peu à peu mise en avant, de nombreux personnages apparaissent (certains étant certainement voués à revenir dès le tome suivant), tant que l'univers se développe sans mal, notamment en ce qui concerne l’intrigante société autour des vampires. Le tout se fait avec une sacrée dose d'action, des séquences haletantes et bien rendues par Jun Mochizuki sur le plan narratif.


Pour ceux qui découvriraient la mangaka avec cette série, c'est donc un style assez superbe qui les attend. Le travail sur les personnages est particulièrement précis, l'autrice étant à l'aise avec les héros de type beaux garçon, mais ne se limitant pas à ces attraits physiques pour faire briller son casting principal. Sa construction graphique reste reste efficace, que ce soit les environnements dépeints avec soin (on ne le répètera jamais assez, mais la double planche montrant Noé découvrant, depuis le ciel, un Paris illuminé est particulièrement somptueuse) et une narration efficace, aussi bien lors des moments d'actions que sur les séquences plus décontractées.


Du côté de l'édition, Ki-oon livre, comme à son habitude, une très bonne copie. Une page couleur, un papier épais pour un tome, lui aussi, d'un bon volume... Tandis que la traduction de Fédoua Lamodière est maîtrisée et met en avant aussi bien l'univers que les caractères bien trempés des personnages.


Alors, c'est un premier volume convaincant que nous livre Jun Mochizuki. Classique dans son schéma, mais particulièrement efficace dans son rythme et son équilibre, il garantit aussi bien le divertissement par de bonnes séquences d'action que la mise en place des concepts de l'histoire, des personnages, et des particularités de l'univers. Bilan positif donc, on est ainsi prêts à suivre Vanitas et Noé dans leurs aventures !


Critique 2


Il est de ces belles histoires qui perdurent et comblent de bonheur nombre de gens! C'est le cas de celle liant Jun Mochizuki à Ki-oon! Ayant fait les belles heures de l'éditeur avec son précédent titre Pandora Heart qui a remporté un vif succès publique et critique, il n'est en rien étonnant de voir cette auteure de talent publiée à nouveau chez Ki-oon avec son nouveau titre "Les mémoires de Vanitas", un titre plus qu'attendu! 


Parvenant à créer des ambiances aussi sombres qu'oniriques, des personnages construits et savoureux, nous attendions beaucoup de ce titre qui nous plonge dans un univers pas si éloigné que celui de Pandora Hearts...et pourtant...


Fin 19e, dans le ciel entre Londres et Paris! 


D'étranges rumeurs courent disant que les vampires seraient de retour et qu'ils se montreraient très agressifs, ce qui apparaît inconcevable étant donné leurs lois et leurs règles! L'un d'entre eux, Noé, a été envoyé en mission par son maître afin de retrouver le "Grimoire de Vanitas", un livre d'une terrible puissance ayant appartenu au mythique vampire de la Lune Bleue, un vampire rejeté par les siens qui aurait tenté (et presque réussi) d'exterminer sa race maudite grâce à l'aide de ce puissant livre magique dont la nature demeure toujours inconnue! 


A bord du dirigeable qui le conduit vers Paris, Noé fait la connaissance d'une belle jeune femme qui va se révéler être une vampire! Cette dernière, prise de folie, contaminée par une étrange maladie qui frappe les vampires, va l'attaquer et s'en prendre aux autres passagers! C'est alors qu'intervient un jeune homme en possession du grimoire de Vanitas! Prétendant lui-même se nommer Vanitas, il va utiliser le livre non pas pour tuer la jeune femme comme Noé s'y attendait, mais pour la soigner! 


Se présentant comme un humain héritier de la mémoire de Vanitas, le vampire de la Lune Bleue, le jeune homme annonce alors que son objectif n'est en rien d'éliminer les vampires, mais bel et bien de les soigner grâce aux pouvoirs du livre! Il va alors embarquer Noé avec lui, prétextant avoir besoin d'un garde du corps dans sa lutte contre cette maladie touchant les vampires, ce que ce dernier va accepter contraint et forcé, dans l’intérêt de sa mission, comprendre la nature du grimoire!  


Quel plaisir de retrouver dès les premières pages l'ambiance et l'humour de Jun Mochizuki! D'emblée on reconnaît la patte de l'auteure, sans parler de son trait, mais de son univers nous entraînant dans un voyage poétique qui peut tourner au cauchemar à la moindre étincelle, mais habité par une réelle légèreté! 


Si le titre s'ouvre dans un dirigeable immense au superbe design apportant un côté steampunk plus qu'appréciable, se mariant à merveille avec l'univers de l'auteure, rapidement nous nous retrouvons en plein Paris, une ville dont Mochizuki est tombée amoureuse lors de sa première visite et qu'elle nous fait l'honneur de mettre en scène dans son nouveau titre! 


On sent que l'auteure s'est documentée pour reproduire la Ville lumière, ses immeubles, son côté tentaculaire...mais cela reste un Paris à la sauce Mochizuki, avec ses arrières ruelles sombres, renfermant de dangereux mystères, toujours avec ce coté steam-punk qui fonctionne à merveille! 


En ce qui concerne la thématique des vampires, on a déjà tout vu, tout lu, tout entendu les concernant! Des vampires charismatiques et puissants aux monstres informes ressemblant plus à des bêtes qu'à des humains, en passant par les vampires ridicules qui luisent au soleil! 


L'auteur va donc s’approprier ce mythe, regrouper différents éléments pour nous les reproposer à sa sauce! Mélange de tout ce qu'on peut connaître des créatures, à la fois puissantes et séduisantes, mais qui perdent toute humanité lorsqu'ils sont contrôlés par la maladie qui les affecte! 


Là où l'auteur fait un pied de nez au genre, c'est que son personnage principal, d'abord présenté comme un chasseur de vampires, n'est autre qu'un médecin dont l'objectif est de tous les sauver; elle inverse la situation des figures les plus connues et représentées pour nous présenter les vampires presque comme des victimes! Pour autant, vampire oblige, elle habille le tout avec un mythe et une légende antique à grand coup d'artefact magique et de prophétie, de manifestations lunaires surnaturelles... A cela elle ajoute de nouveaux concepts comme le fait de sauver les vampires en leur restituant leurs noms, par opposition à la malédiction qui leur supprime leur essence même incarnée par ce nom vampirique! Le concept est original et renvoie à celui utilisé pour les exorcismes où il convient de nommer le démon / l'esprit pour le chasser...mais là encore l'auteure inverse le processus: le nom rend son essence au vampire, prouve son existence aux yeux du monde et le libère de cette malédiction! 


L'auteure nous propose également un background, au-delà des simples légendes, imposant des règles et des lois aux vampires, par exemple le fait que les vampires eux-mêmes décapitent ceux contaminés pour protéger leur existence ainsi que le pacte de "non-agression" avec les humains. 


Les bases sont posées, le mystère est là et déjà on tombe dans le piège: notre curiosité est happée et nous voulons en apprendre davantage! 


Du côté des personnages, Noé, présenté comme le personnage principal se veut assez mystérieux, laissant entrevoir un passé sombre et emplit de secrets. Il représente le naïf du duo, régulièrement ses certitudes se heurtant à ce qu'il voit de ses propres yeux, il fait le lien entre les vieilles croyances concernant les vampires et leurs légendes avec le monde actuel! Mais il se fait rapidement voler la vedette par un Vanitas très enjoué et omniprésent, prenant énormément de place malgré sa petite taille! Bien qu'il ne soit qu'humain, il n'a aucun mal à s'imposer lui et ses valeurs auprès d'anciens vampires belliqueux! Il est clairement l'élément comique et rafraîchissant du titre, mais bien évidemment il possède lui aussi de très nombreux secrets qu'on ne demande qu'à découvrir! 


Entre le Paris du 19e et les vampires, Mochizuki tient ici un univers propice aux références en tous genres, littéraires, mais aussi cinématographiques, ce qui vient apporter encore un surplus de profondeur, voire de légitimité, à cet univers déjà riche! 


Le dessin de l'auteur est toujours aussi séduisant et précis, possédant les mêmes forces que dans Pandora Hearts, mais également les mêmes faiblesses! C'est beau à n'en pas douter, les arrières plans sont détaillés et stylisés, mais aussi régulièrement vides, les personnages possèdent une classe folle, mais possèdent des visages presque interchangeables, ce qui à long terme pourrait amener une certaine confusion lorsqu'ils vont se multiplier. 


La mise en scène est par contre très réussie, elle impose une dynamique et un rythme très soutenu qui fait que malgré son épaisseur, ce premier tome se lit très rapidement, d'autant qu'on rentre immédiatement dans l'univers proposé par l'auteure.  


Il était évident que Ki-oon mettrait ce titre en avant, ce qu'ils n'ont pas manqué de faire, mais c'était largement mérité! 


On sort de ce premier tome déjà totalement séduit, et outre le plaisir de retrouver cette auteure pleine de talent on devine déjà le potentiel de ce récit qui va sans nul doute nous entraîner dans une quête passionnante! 


Critique 1


Jun Mochizuki fait sans aucun doute désormais partie des mangakas emblématiques des éditions Ki-oon. Avec Pandora Hearts qui était porté par des personnages savoureux, par un univers délicieusement alambiqué, par une tension dramatique palpable et par un scénario complexe, l'artiste a connu son premier grand succès international et a offert à son éditeur français l'un de ses plus gros succès historiques. Si bien que l'arrivée de sa nouvelle série est forcément un événement que Ki-oon a à coeur de bien porter : promotion importante, grosse mise en avant à Japan Expo avec un stand dédié et la venue de l'artiste pour la 2ème fois sur le salon (elle était déjà venue en 2010 pour le lancement de Pandora Hearts)...


Débutée au Japon en décembre 2015 chez Square Enix dans le magazine Gangan Joker, la série Les Mémoires de Vanitas nous plonge à la fin du XIXè siècle, dans une ville de Paris quelque peu différente de celle que l'on connaît. Ca doit être une petite fierté pour Ki-oon : Jun Mochizuki avoue avoir choisi pour cadre notre capitale suite à sa venue à Japan Expo en 2010, une venue qui fut son premier voyage à l'étranger et pendant laquelle elle est visiblement tombée amoureuse de la ville-lumière ! 


Profitons-en pour signaler d'emblée la beauté du cadre que la mangaka offre, à grand renfort de documentation, mais aussi des photos qu'elle a pu prendre lors de son premier voyage. Avec ses bâtiments soignés, ses vues depuis les toits, ses costumes recherchés ou les lumières de nuit, la mangaka n'a aucun mal à faire ressentir une atmosphère d'époque... mais qu'on se le dise, c'est bel et bien une ville de Paris à sa sauce que la mangaka propose ! Pour le bien de son récit, elle ajoute des éléments plus axés steampunk, à l'image des aéronefs très élaborés comme "La Baleine" apparaissant dans le premier chapitre. Cet engin volant, vaste et doté de nombreuses vitres, impressionne dans son design, celui-ci ayant en réalité été élaboré par l'artiste Ryo Yamaguchi (un artiste freelance ayant notamment travaillé sur les décors de Kingdom Hearts x ou Dragon Quest X).


Et c'est au sein de cette "Baleine" que tout commence. Tandis qu'une rumeur affirme que les vampires sont de retour à Paris alors qu'ils sont censés avoir disparu et qu'ils attaquent des humains alors que ça leur est interdit, un jeune homme du nom de Noé quitte l'Angleterre pour voguer en direction de Paris, avec pour mission confiée par son maître de retrouver et de découvrir la véritable nature de l'énigmatique "Grimoire de Vanitas". Avec sa couverture bleue, ses pages noires et sa chaine en argent, ce livre mécanique reconnaissable entre tous serait le fruit du légendaire vampire de la lune bleue, et cet être rejeté par les siens aurait alors d'éradiquer son espèce en utilisant ce livre maudit. Alors qu'il profite de la vue merveilleuse, le jeune homme fait la connaissance d'une charmante jeune femme, Amélia. Mais alors qu'il l'aide quand elle fait un malaise, il comprend qu'elle est comme lui : une vampire ! Victime d'une maladie frappant mystérieusement des vampires pour les faire tomber dans la folie meurtrière, la demoiselle, "maudite" et n'étant plus maîtresse d'elle-même, s'attaque à son interlocuteur devant les autres passagers... jusqu'à ce qu'un homme fasse une entrée pour le moins fracassante, armé du grimoire que Noé recherche ! Pourtant, le nouveau venu, loin d'utiliser le livre pour éliminer la jeune femme, s'en sert au contraire pour soigner sa maladie et la faire revenir à la raison. Le fameux grimoire ne serait donc pas qu'un instrument de mort ? Il faut croire que non, car l'homme le possédant, affirmant s'appeler lui-même Vanitas, est un simple humain et médecin spécialiste des vampires, qui a hérité du nom et des mémoires du vampire de la lune bleue, et qui, contrairement aux chasseurs de vampires de l'Eglise ou aux bourreaux, a juré de sauver tous les vampires jusqu'au dernier ! C'est aux côtés de cet étrange homme que Noé va être emmené dans une déferlante d'événements, se lançant notamment sur la piste de l'être mystérieux rendant malades les vampires...


Le moins que l'on puisse dire est que Jun Mochizuki gère à merveille toute sa mise en place, rythmée et proposant d'emblée quelques moments de tension qui promettent beaucoup sur la longueur, ne serait-ce que pour la dernière page du chapitre 1 qui annonce de lointains bouleversements. Sans jamais laisser l'intensité retomber, la mangaka installe avec clarté ses concepts, à commencer par sa réappropriation du mythe si surexploité des vampires. Mais ici l'artiste parvient à se dégager de la majorité des oeuvres du genre, car son personnage central est le contraire de bon nombre de figures connues de chasseurs de vampires qui les traquent pour les tuer : Vanitas, lui, les recherche pour les soigner et leur sauver la vie.


Et c'est donc dans cette optique de soin qu'il utilise le grimoire magique via un rituel intéressant. Si les vampires "maudits" deviennent fous, c'est suite à l'altération de leur nom véritable, qui est la structure même de leur existence. Se faire voler leur vrai nom signifie pour eux perdre l'essence même de leur vie, voir leur identité s'égarer, et devenir fou jusqu'à parfois en être anéanti. Le concept est vraiment intéressant, d'autant qu'il voit Jun Mochizuki y aborder une nouvelle fois la question de l'existence, un élément qui était déjà au coeur de Pandora Hearts (rappelons notamment qu'Oz, le héros de Pandora Hearts, avait pour crime le simple fait d'exister).


Dans ce Paris du XIXe atypique où réalité, steampunk et vampires se côtoient, Mochizuki immisce par petites doses un background consistant, notamment en ce qui concerne ce qui s'est déroulé par le passé. Ainsi apprend-on par exemple qu'après la guerre les vampires ont reçu l'interdiction d'attaquer des humains et que la majorité d'entre eux se sont exilés hors du monde des hommes, et que depuis cette guerre leur existence est systématiquement étouffée auprès de la population. A présent, les vampires "maudits" par la maladie, quand ils sont capturés, sont systématiquement décapités, car c'est la règle. Une règle que Vanitas n'accepte pas, lui qui est armé de son grimoire à double tranchant (si ce livre peut guérir les vampires malades, on dit aussi que c'est lui qui est à l'origine de cette maladie...). D'autres petits éléments de background viennent s'immiscer pour offrir plus de crédibilité à l'univers, à l'image de l'évocation de l'astremite, une source d'énergie minérale fictive utilisée pour faire fonctionner les aéronefs.


Mais bien sûr, l'un des autres éléments-clés de l'univers qui s'installe est à cherche du côté des personnages, auxquels Mochizuki, comme dans Pandora Hearts, accorde une grande importante. Noé campe un personnage principal qui devient vite intéressant, dans la mesure où, régulièrement, certains événements viennent lui rappeler par petites touches un passé que l'on devine délicat, voire douloureux. Ainsi, le personnage prend au compte-goutte une certaine consistance qui ne fait que renforcer l'aura de mystère autour de lui. Qui est son maître ? Pourquoi a-t-il pour mission de découvrir la vraie nature du grimoire ? Quels sombres événements visiblement traumatisants a-t-il pu vivre avec ses proches ? En face, Vanitas régale grâce à un comportement assez excentrique, chose que l'on devine dès son entrée en scène fracassante ! Tour à tour sérieux, très bavard, insouciant, plaisantin même dans les moments qui semblent critiques, voire amoureux soudain, il extériorise beaucoup et semble bien imprévisible dans sa façon de se comporter et de pouvoir changer d'humeur. Un caractère forcément difficile à appréhender, et qui va forcément créer quelques étincelles et moments conflictuels avec Noé ! Mais derrière ce comportement, nombre de mystères l'entourent lui aussi. Quel est son lien avec le vampire de la lune bleue ? Comment a-t-il obtenu le grimoire ? Pourquoi tient-il tant à sauver tous les vampires ? Pourquoi se nomme-t-il lui aussi Vanitas ? Autour de ces deux figures centrales, l'autrice parvient à installer petit à petit une palette de personnages déjà assez vaste, que l'on se surprend à déjà retenir facilement alors qu'ils sont nombreux, d'Amélia Rousse à la belle et charismatique Jeanne en passant par Lucas, Dante, Trix et bien d'autres, dont le rôle est déjà bien exposé.


Avec un petit peu de recherches ou de connaissances, on constate aussi que Jun Mochizuki se fait plaisir dans le nombre de références littéraires ou cinématographiques issues du XIXe siècle ou du début du XXe, et ayant souvent un lien avec les vampires. La plus évidente concerne le nom du Comte Pax Orlok, Orlok étant un autre nom de Nosfaratu ou du Comte Dracula. Mais on peut aussi citer Lord Ruthven, qui est le nom d'un personnage central de la nouvelle "Le Vampire" de John William Polidori, ou le nom du chat de Noé, Murr. Ce dernier provient tout simple du "Chat Murr", un roman d'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann. Et il ne s'agit de la seule référence à ce roman, puisque la mangaka offre à la jeune fille que l'on voit dans le passé de Néo le nom de Mina, qui est aussi le nom de la mère de Murr dans le roman ! On se demande alors si tout ceci aura une signification plus poussée. Notons aussi que Noé dit être originaire de la Forêt d'Averoigne : il s'agit ici d'une référence à une série de livres de l'écrivain américain Clark Ashton Smith, où il y a d'ailleurs une histoire de vampires. Averoigne y est une province française fictive.


Pour finir, encore un petit mot sur les dessins. Au-delà de ce qui a déjà été dit auparavant concernant les décors, soulignons l'efficacité de designs expressifs, charismatiques et tous bien reconnaissables, ainsi que les moments d'action vifs et lisibles et l'excellente utilisation des trames, notamment pour apporter plus de profondeur.


Sur son premier volume, la nouvelle série de Jun Mochizuki commence aussi vite que bien, avec un rythme déjà soutenu, un univers bien pensé et qui se met en place de façon on ne peut plus efficace, des personnages très prometteurs et pas mal d'événements. Voilà qui nous promet une aventure passionnante sur la longueur !


Ki-oon offre une édition dans ses hauts standards de qualité avec une première page en couleur, un papier épais et souple sans transparence, une excellente impression en Italie chez Lego, un grand soin dans le travail de lettrage et dans celui d'adaptation graphique de Clair Obscur. Soulignons surtout la qualité de la traduction de Fédoua Lamodière, qui officiait déjà sur Pandora Hearts et qui offre ici un résultat aussi limpide que vivant et collant bien aux personnages. Très fidèle à la japonaise, la jaquette française s'offre un titre bien trouvé dans une jolie écriture. Pensez d'ailleurs à retirer la jaquette pour trouver sur la couverture des explications très sympathiques sur la conception de "La Baleine", le tout avec quelques croquis.


Critique 3 : L'avis du chroniqueur
Takato

16 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs