Maison en petits cubes (la) : Critiques

Tsumiki no Ie

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 05 Avril 2012

Toujours soucieuses de dénicher des oeuvres de qualité, les éditions nobi nobi! nous amènent sur un plateau un titre précédé d'une réputation plus que flatteuse : La Maison en petits cubes, adaptation en livre illustré du court-métrage éponyme vainqueur de plusieurs prix à travers le monde, dont l'Oscar du meilleur court-métrage d'animation, le prix de meilleur court-métrage au festival du film d'animation d'Annecy, ou encore le prix du meilleur film d'animation au Japan Media Arts Festival. L'éditeur ne lésine pas sur les moyens pour promouvoir son nouveau bébé, comme le suggère sa forte mise en avant au dernier Salon du Livre : stand entièrement aux couleur de l'oeuvre, maquette de la maison en petits cubes, et surtout, venue de Kunio Katô, réalisateur du court-métrage et illustrateur du livre.

Dans une ville où l'eau ne cesse de monter, se dressent des maisons un peu particulières : chaque fois qu'une maison est immergée, son habitant en construit une nouvelle au-dessus. Ainsi se trouvent sous l'eau des maisons empilées les unes sur les autres, ressemblant à des petits cubes superposés.
Pourtant, au fil du temps, la ville a été désertée par ses habitants, et aujourd'hui, seul un vieil homme résiste encore et toujours à la montée du niveau de la mer, en bâtissant inlassablement de nouvelles maisons sur ses anciennes.
Un jour, alors qu’il s’est encore une fois lancé dans la construction d’une nouvelle maison, ses outils lui échappent des mains et tombent tout au fond de l’eau. Il enfile sa combinaison pour aller les repêcher. Ce qu'il ne savait pas forcément, c'est qu'en revoyant au fil de sa descente ses anciennes maisons, des souvenirs de son passé lui reviendraient en mémoire...

Celles et ceux qui ont vu le court-métrage remarqueront assez rapidement que le livre illustré s'en écarte à quelques reprises, ne serait-ce que par les textes, totalement absents dans le métrage, qui est muet, mais pas que. Loin de se contenter de reprendre le métrage, Kunio Katô a dessiné de nouvelles illustrations, pour un résultat se dressant comme une oeuvre à part entière, complémentaire du film.

Mais le propos, lui, reste le même : dans cette ville où il ne reste plus qu'un habitant, les auteurs dressent, de manière intimiste, le portrait d'un vieillard revoyant les souvenirs de sa vie, à l'envers, du plus récent au plus ancien. Des souvenirs tantôt clairs tantôt très flous, parfois de prime importance parfois moins, comme tout le monde en a dans la réalité, et qui sont on ne peut plus humains : décès de sa femme, départ de la maison de sa fille, carnaval en famille, naissance de ses enfants... Les grandes étapes y passent, nous faisant revenir sur une vie simple mais bien remplie. Pour autant, pas question pour les auteurs de tomber dans une quelconque ambiance larmoyante, et c'est sans doute là la plus belle force du récit. Le scénariste Kenya Hirata et Kunio Katô reviennent sur une vie sans en faire des tonnes, sur un ton aussi simple que cette vie elle-même, tout au plus avec un brin de mélancolie. Quant au final, tout aussi simple, il fait parfaitement ressortir cet éloge de ces souvenirs, de ces petits riens qui font pourtant une vie, et qu'il faut chérir.

Pour appuyer le récit, Kunio Katô offre des aquarelles douces, aux tons ocres renforçant l'aspect un peu doux-amer, et où le flou des contours renforce le flou des souvenirs et la poésie de l'ambiance générale. A vrai dire, il apparaît qu'aucun autre choix que l'aquarelle, un peu fugace, flou, légère, n'aurait pu aussi bien retranscrire la notion de souvenir.

Du côté de l'édition, nobi nobi! sert un travail impeccable, comme toujours. On saluera une traduction bien conçue, qui donne volontiers, à plusieurs reprises, dans la rime, histoire d'appuyer la poésie de l'oeuvre.

Complétant joliment le court-métrage tout en pouvant se suivre de manière indépendante, la Maison en petits cubes se dresse comme un conte universel, qui nous rappelle de ne jamais négliger les simplicités et les souvenirs de ce qui fait une vie, et qu'il faut chérir. Une fable qui apaisera les coeurs, fera réfléchir les plus grands, et que ces derniers prendront plaisir à raconter à leurs enfants en se disant que, peut-être, ils y repenseront quand ils seront plus vieux, le sourire aux lèvres.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs