Maison Ikkoku - Perfect Edition Vol.1 - Actualité manga
Maison Ikkoku - Perfect Edition Vol.1 - Manga

Maison Ikkoku - Perfect Edition Vol.1 : Critiques

Mezon Ikkoku

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 10 Février 2020

Depuis quelques temps, Delcourt/Tonkam réédite certains de ses titres phares dans des versions dites « Perfect », une aubaine pour relancer certaines séries qui ont connu l'engouement autrefois, telles que Gantz ou Fruits Basket. Le Grand Prix remporté par Rumiko Takahashi au Festival International de la Bande-Dessinée d'Angoulême fut l'occasion pour l'éditer de rendre de nouveau disponible un titre fortement apprécié de l'autrice : Maison Ikkoku.


Publié entre 1980 et 1987 dans le magazine Big Comic Spirits des éditions Shôgakukan, la série de 15 tomes fut fortement popularisée chez nous par son adaptation animée, produite par le studio Deen, qui fut proposée pour la première fois en France à la fin des années 80 sur le Club Dorothée, sous le titre Juliette je t'aime. En 2001, l'éditeur Tonkam publie pour la première fois le manga d'origine, dans une version en 10 volumes. Le titre est ensuite réédité en 2007, avec le même nombre de tomes, ce qui ne l'a pas empêché de devenir difficilement trouvable ces derniers temps. Alors, le Grand Prix remporté par Rumiko Takahashi était une aubaine, et voilà que Maison Ikkoku a droit à sa propre version « Perfect », dont nous reviendrons sur les qualités comme sur les défauts. A noter que cette mouture sera encore composée de dix épais opus reprenant les couvertures de la réédition japonaise de 2007, un poil différentes car colorisées.


Le jeune Yusaku Gôdai vit à la Maison Ikkoku, une pension dont les colocataires sont plus déjantés les uns que les autres : une jeune femme peu pudique, une mère et son garçons tous deux plus turbulents l'un que l'autre, et un employé de bureau sans gène. Las de cette situation, d'autant plus qu'il peine à intégrer une université, Gôdai est à deux doigts de quitter le pensionnat quand sa nouvelle concierge prend son poste. Kyoko Otonashi est une jolie jeune femme, et elle tape immédiatement dans l'oeil du potentiel futur étudiant, qui décide alors de rester sur place ! La colocation va prendre une dynamique nouvelle, surtout pour Yusaku qui va chercher à se rapprocher de la gardienne des lieux, tout en assurant sa réussite scolaire...


Sur plus de 300 pages, le lecteur a de quoi se familiariser avec la comédie aussi déjantée que romantique de Rumiko Takahashi, qui souffle sa quarantième bougie cette année. On pourrait penser que le titre a vieilli, mais c'est finalement l'esthétique qui fait office de témoin de l'âge du récit, puisque la patte années 80 de la mangaka transparaît et donne un certain cachet à Maison Ikkoku, surtout aujourd'hui.


Dans la forme, c'est une série au pitch simple qui nous est proposée : une pension composée de colocataires tous assez barjos dans leur genre, et une relation amoureuse principale entre Yusaku Gôdai et Kyoko Otonashi, la nouvelle gardienne de la maison. Il n'en faut pas plus pour aboutir à une succession de péripéties plutôt désopilantes, notamment parce qu'elle joue essentiellement sur les sentiments de plus en plus réciproques et de moins en moins avoués des deux protagonistes, tandis que leurs colocataires sont toujours là pour apporter leurs grains de sel, et accentuer les quiproquos entre les deux individus. Evidemment, d'autres personnages se greffent petit à petit à l'équation, chose indéniable pour permettre au récit de se renouveler. C'est donc assez simple mais particulièrement réussi, Rumiko Takahashi jonglant correctement entre ses personnages et les situations, le tout à travers plusieurs gags absurdes et des scènes de comédie romantique assez typiques mais plutôt plaisantes. Il faut évidemment apprécier le genre pour entrer pleinement dans l'oeuvre, mais les amateurs ont de quoi être largement séduits par ce premier gros volume qui se savoure sans mal, même quarante ans après la parution du tout premier chapitre.


Et au delà de tout l'aspect humoristique très réussi de ce premier volume, difficile de passer à côté des thématiques très contemporaines abordées par Rumiko Takahashi, tant de sujets qui ont de quoi retentir au fil des décennies. Ainsi, ces 16 premiers chapitres abordent habilement le deuil, la réussite scolaire aussi, et évidemment la question des années de jeune adulte, avec toutes les responsabilités morales que cela implique. Il demeure alors une certaine authenticité dans bon nombre de chapitres, et parfois même un peu de mélancolie quand le récit s'y prête. Il y a donc parfois un joli mélange des ambiances, qui ne fait jamais tâche au sein de ce premier tome, bien au contraire. Tout un programme donc, mais qui augure du bon pour l'ensemble de la série dont on connait, depuis un moment déjà, la durée totale.


Le point qui fera le plus débat dans cette nouvelle édition, ça sera évidemment l'édition elle-même. Cette Perfect Edition, comme ce fut le cas pour Gantz et Fruits Basket chez le même éditeur, est surtout une version compilée épaisse, avec de nouvelles couvertures plus moderne, qui est surtout un moyen de remettre en avant l’œuvre. Le prix, lui, pourrait sembler honnête, puisque ce sont 355 pages qui sont proposées au prix de 12,50€. Seulement, l'épaisseur de cette nouvelle version est la même que les précédentes, qui elles étaient proposées à des prix bien plus bas. Chacun sera donc juge du prix pratiqué, mais on peut comprendre ceux qui grinceront des dents.


Mais c'est surtout l'intitulé « Perfect » qui passe le plus mal. Nous avons là ni plus ni moins une nouvelle version compilée par rapport au format japonais initial, garnie d'un papier souple standard mais qui n'a rien de spécialement qualitatif. On notera toutefois une traduction revue, par Satoko Fujimoto, plus naturelle par rapport à l'ancienne. Celle-ci mêlée à quelques pages couleur appréciables et trois petites pages d'interview de la mangaka en fin de tome, et nous avons là les principaux arguments qui pourraient pousser les fans à repasser à la caisse, et à cette édition de légitimer son appellation de « Perfect », même si nous sommes bien loin d'une réelle version deluxe. Une version compilée de gamme supérieure à la moyenne, donc, mais en deçà du travail de Glénat sur Ranma ½, largement.


Reste que cette réédition vient à point nommer pour découvrir ou redécouvrir une série forte de Rumiko Takahashi, dont la nouvelle série atteindra bientôt nos contrées. Un premier tome efficace pour toutes ses idées, son rythme, et sa belle galerie de personnages. Maison Ikkoku n'a pas pris une ride, et voir la série de nouveau disponible est réellement appréciable.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs