Litchi Hikari Club - Actualité manga

Litchi Hikari Club : Critiques

Litchi Hikari Club

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 24 Juin 2011

Avec Litchi Hikari Club, Usamaru Furuya adapte une pièce de théâtre du Tokyo Grand Guignol en prenant le soin d'apporter sa touche personnelle. Dans ce one shot sorti aux éditions IMHO, l'auteur rend hommage au maître du manga underground, Suehiro Maruo. On notera que ce même Suehiro Maruo a participé à l'œuvre d'origine, et qu'il fait donc une apparition dans le manga. Voilà pour le contexte.

"Soit tu conquerras le monde à 30 ans, soit tu mourras à 14 ans... C'est une fille qui est la clé de ton destin."

L'Hikari Club est un groupe de neuf garçons, tous encore au collège, qui se réunissent dans leur base secrète pour fabriquer une machine. Cette machine c'est Litchi. Comme son nom l'indique, son système d'alimentation est à base de litchis. Les jeunes surdoués de l'Hikari Club vont lui donner l'ordre de capturer des filles afin que la prédiction de faire de leur charismatique leader, Zéra, un grand conquérant se réalise.
Des sonorités allemandes, des hommes en uniforme et béret noir munis de lampes torches qui sifflent en cadence, vous voilà entré dans le manga d'Usamaru Furuya. Dès les premières pages du livre on assiste à une exécution. Un malheureux collégien ayant découvert la cachette de l'Hikari Club se fera bruler les yeux avant de devoir les ingurgiter. Le ton est donné, le manga sera gore et malsain.

Le one shot conte donc l'histoire de ce macabre club une fois que Litchi ait vu le jour. Zéra prévoie qu'un traitre se cache dans l'organisation. Il fera tout pour le débusquer jusqu'à tomber dans la folie et la paranoïa. Usamaru Furuya fait monter la tension et maitrise parfaitement le suspense jusqu'à la dernière page. C'est avec un talent monstrueux que l'auteur nous tient en haleine.
Deux relations amoureuses plutôt inattendues naissent lors du début de Litchi Hikari Club. La première est une relation homosexuelle entre Zéra, le meneur du groupe, et Jaibo, son second. Malgré des scènes explicites, on est loin des clichés habituels sur le yaoi. Les deux seules scènes de sexe auront une importance capitale pour le déroulement de l'histoire. La seconde relation amoureuse se construit petit à petit. Litchi, le robot tueur, et Kanon, la jeune fille qu'il a capturé tombent amoureux l'un de l'autre. Cet amour à priori impossible nous fera penser à La belle et la bête, notamment lors d'une scène de danse. Grâce à la douce Kanon, Litchi va se rapprocher de plus en plus de l'être humain. A tel point qu'il n'apparait plus comme un monstre alors que Zéra suivra le chemin inverse. Cette Kanon est-elle emplit de gentillesse ou utilise-t-elle Litchi afin de s'enfuir ? On ne peut s'empêcher de se poser la question tout au long de la lecture.
A travers l'idéologie de Zéra, Usamaru Furuya traite de sujets bien complexes. Celui qui ressort en premier est le refus de passer à l'âge adulte. C'est un thème que l'auteur aime bien traiter. Il l'a déjà abordé à travers Nanako dans Tokyo Magnitude 8 ou même dans le manga L'âge la déraison dont cette peur de l'âge adulte est le thème principal. Ici, ce thème est développé de manière plutôt sombre. Et c'est le moins que l'on puisse dire. Zéra a conscience de cette cassure qu'est le passage à l'âge adulte, mais il préfère la mort.
Toujours par Zéra, Litchi Hikari Club aborde l'ultra-violence. Le manga m'a fait pensé à la première partie du film Orange Mécanique. Cette surenchère de la violence est typique des manga de Suehiro Maruo dont s'est inspiré l'auteur. Le manga comporte des séquences très gores. Il n'est donc pas à mettre entre toutes les mains.

Côté graphisme, on reconnaitra le trait droit d'Usamaru Furuya au premier coup d'œil. On remarquera cependant que Litchi Hikari Club est bien plus sombre que les autres manga de l'auteur. L'obscurité sur les visages des personnages et la noirceur des décors collent parfaitement à l'ambiance glauque du manga. Ce parti pris graphique d'assombrir son trait est une totale réussite. Chaque personnage a sa propre personnalité et cela se ressent sur son physique. Le preuve de la loyauté de Nico est visible sur son visage; avec sa tête de premier de la classe, il est facile de deviner que Calcul est un génie des mathématiques... Tous ont leurs spécificités. Outre l'aspect physique, l'uniforme des membres de l'Hikari Club contribue à alimenter cette ambiance dérangeante. Les décors sont magnifiques. Le lieu où se réunissent les neuf collégiens est tout ce qu'il y a de plus lugubre. Le sous-sol d'une usine désaffectée leur sert de base secrète. Seul un trône orné d'une étoile noire posé sur une estrade l'aménage. Une fois de plus, les tenues vestimentaires et les décors rappellent les manga de Suehiro Maruo, et particulièrement son œuvre Vampyre.

Concernant l'édition, rien est à déplorer. Le prix peut effrayer, d'autant plus qu'il n'y a que la page d'introduction qui est colorée. Mais IMHO, nous propose un grand format histoire d'apprécier pleinement les magnifiques planches de l'auteur. De plus, l'ouvrage comporte plus de 320 pages. On peut donc affirmer que le prix est pleinement justifié. Le lettrage est d'excellente qualité, notamment lorsque Litchi s'exprime. La traduction est elle aussi de très bonne facture. Je regrette seulement que les textes en allemand et en latin ne soient pas traduits en français par l'intermédiaire d'un astérisque par exemple.

En définitive Litchi Hikari Club est une œuvre exceptionnelle, un one shot d'une qualité rare. Usamaru Furuya fait monter la tension jusqu'à tout faire éclater dans un final grand-guignolesque. Il sera alors difficile de rester impassible à la sortie de cette lecture. Plus qu'un hommage au maître du manga underground, Litchi Hikari Club surpasse la plupart des œuvres de Suehiro Maruo. C'est un véritable bijou. Un spin off portant le nom de Bokura no Hikari Club est actuellement en cours de prépublication au Japon. On en redemande.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
jojo81
19 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs