Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 24 Octobre 2013
Après une pause de quasiment trois ans en France, Kurosagi a eu droit à trois volumes en moins d'un an. Sortons le champagne et espérons que ça dure !
Trois nouvelles missions attendent les livreurs de cadavres du Kurosagi dans ce treizième volume.
La première met Kurutsu, Sasaki et les autres sur la piste d'une étrange série de suicides... Mais s'agit-il réellement de suicides ? Rien n'est moins sûr, car les points communs autour des victimes sont gros : ils ont tous été retrouvés avec la même casquette, par ailleurs truffées de technologie étrange, et avaient tous pour loisir malsain d'héberger des lycéennes fugueuses... S'ensuit une enquête pas surprenante mais bien menée, portée par une bonne utilisation du ressort scénaristique lié à une technologie de pointe, par quelques relents de gore rares mais qui font leur effet (le dégommage sur le grand huit) et, comme souvent, par pas mal d'humour noir ou tout simplement décalé (la façon de courir des assaillants...). Mais au-delà de tout ceci, cette mission, en plus d'être la plus longue du tome puisqu'elle en occupe la moitié, est également la plus ambitieuse, puisqu'elle apporte de nouvelles petites précisions autour du fantôme habitant Kurutsu, et balance une petite révélation qui aura sans doute son importance au sujet du lien unissant Kurutsu et Sasaki. Eiji Otsuka traînant souvent beaucoup à révéler des choses autour de ce fil conducteur, on est content d'avoir ici quelque chose à se mettre sous la dent, même si l'ensemble reste toujours aussi vague.
La deuxième mission envoie Sasaki directement sur le banc des jurés pour une affaire de meurtre a priori déjà réglée. Seulement, l'un des autres jurés est persuadé que le prétendu meurtrier est innocent : en effet, il est capable d'entrevoir les auras meurtrières et n'en ressent aucune chez l'accusé, mais plutôt chez quelqu'un d'autre... Personne ne croit à ses absurdités... sauf Sasaki, qui va se faire un plaisir de démêler le vrai du faux, bientôt aidée par ses collègues du Kurosagi. Ce qui fait surtout plaisir ici, c'est de voir cette chère Sasaki mise en avant sur le terrain, chose relativement rare. Pour le reste, le principe de synesthésie, utilisé dans cette mission, est clairement expliqué (notamment via les renvois au poème Voyelles de Rimbaud, ce qui est bien trouvé) et parfaitement exploité, d'autant que la prestance rhétorique de Sasaki, décidément très à l'aise à l'oral, finit de faire de cette histoire un très bon moment.
La dernière histoire, qui est aussi la plus courte du tome, est la moins prenante, mais n'en reste pas moins sympathique. Les auteurs démarrent d'un élément ancré dans le réel (la candidature de Tokyo au Jeux Olympiques) pour dériver ensuite sur une nouvelle histoire glauque et fantastique prenant ses sources dans des rites sacrificiels ancestraux. Très classique, prévisible, mais bien mené même si un peu trop rapide, et trouvant une conclusion assez délicieuse.
Au final, ce treizième tome offre un bon cru, notamment grâce à la première missions qui enrichit un tout petit peu le fil rouge, et à la deuxième mission qui met en scène Sasaki sur le terrain.
03/01/2018 