King of Ants Vol.1 - Manga

King of Ants Vol.1 : Critiques

Ari no Ou

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 25 Janvier 2018

En cours de parution depuis 2014 dans le magazine Gekkan Shônen Champion d'Akita Shoten (un magazine qui nous a offert les séries Worst, Hakaiju, Ping Pong Dash!!...), King of Ants (une traduction proche d'Ari no Ou, le nom japonais) voit s'associer Nagahisa Tsukawaki (scénario) et Ryû Itô (dessin), deux mangakas jusque-là inédits en France. Le premier, officie depuis le début des années 2000 et a déjà signé une dizaine d'histoires dans son pays, tandis que le deuxième s'est fait connaître à partir de 2011 pour des adaptations du jeu Sengoku Basara III.


Ici, les deux artistes s'associent afin d'offrir un manga de baston sur lequel les éditions Komikku semblent beaucoup compter. En plus d'être la première nouveauté de 2018 de l'éditeur, King of Ants a en effet droit à une édition collector pour son premier tirage, celui-ci comportant quatre pages couleurs sur papier glacé, qui étaient à l'origine exclusives à la prépublication en magazine et sont absentes de l'édition reliée japonaise. Une sympathique petite exclusivité française, donc ! En dehors de ça, on notera bien quelques petites coquilles dans les textes pendant la lecture ainsi que quelques tournures peu naturelles de la part du traducteur, mais dans l'ensemble on a droit à une très belle édition, comme très souvent chez l'éditeur. Le papier allie blancheur, épaisseur et souplesse, l'impression est excellente, c'est fluide, et la jaquette offre un résultat fidèle à l'édition japonaise avec un logo-titre bien fichu.


King of Ants nous plonge dans une période de troubles pour l'immense entreprise Rikudô, une multinationale qui a affirmé sa domination et sa fortune pendant l'ère Showa. Le gigantesque conglomérat vient de perdre son fondateur et boss, Kisaburô Rikudô, et l'heure de désigner un successeur à ce colosse est venue. Ses trois enfants légitimes commencent déjà à manigancer pour s'accaparer le pouvoir, mais leur principal problème vient encore d'ailleurs : s'ils sont légitimes sur le papier, aucun des trois n'est l'enfant de sang de Kisaburô. Son seul fils de sang est un enfant illégitime, qu'il a tenu éloigné de l'entreprise depuis son enfance ... et qui est devenu la plus grande terreur des bas-fonds de la ville. Shirô Aguri, puisque c'est son nom, est une racaille sortant tout juste de l'adolescence, au corps sculpté par la baston de rue, qui a toujours vécu comme il l'entendait, n'ayant aucune pitié, massacrant quiconque l'agace... Un élément complètement incontrôlable, à la fois craint et détesté de tous dans le quartier, et que nombre d'autres loubards rêveraient de pouvoir tuer. Les trois "frères et soeur" de Shirô n'ont aucune envie que ce dernier s'empare d'une partie de l'héritage, si bien que Chôkichi Neko, vieillard qui fut au service de Kisaburô, vient rendre visite au jeune garçon avec un contrat de renoncement à sa part de l'héritage. Shirô refuse tout bonnement de le signer. Non pas parce que sa part de la fortune l'intéresse, mais simplement parce qu'il a une sainte horreur qu'on lui donne des ordres. Un événement qui va précipiter le désir des autres héritiers de se débarrasser de lui... et Shirô ne demande pas mieux ! Loin de se sentir menacé, il sent monter en lui l'excitation : il ne vit que pour défoncer les autres, et espère enfin trouver des adversaires à sa taille en s'opposant à la multinationale !


Si, sur le papier, le pitch est on ne peut plus simple, King of Ants tire très vite son épingle du jeu grâce à une constatation qui s'impose très vite : les principaux personnages de la série sont quasiment tous de véritables ordures ou des cas ! Bien sûr, on a d'abord les trois héritiers de la multinationale, plutôt discrets dans ce premier tome pour deux d'entre eux, mais dont on devient déjà l'âme sombre. L'aîné, nouveau président officiel pour l'instant, affiche clairement son ambition, pendant que la fille du trio n'hésite aucunement à utiliser le pouvoir de l'entreprise pour faire ce qu'elle veut. Quant au plus jeune, Kirio, le plus en vue des trois dans ce volume, il va vite dévoiler, derrière son allure chétive et son côté profondément maniaque, un caractère assez haineux. Le ton est bien donné concernant ces adversaires, mais celui qui attire le plus l'attention est bien Shirô ! Comme déjà dit, celui-ci est une racaille ultraviolente et incontrôlable, qui n'a absolument aucune belle valeur à même de justifier son comportement. Dès sa première apparition assez violente, il donne le ton, puis le confirme constamment, en prenant soin de bien protéger l'endroit où il vit et qui est sans cesse attaqué par ceux qui veulent sa peau, en dégommant quiconque l'horripile (y compris des innocents qui ne font que leur travail, comme au fast food), en n'étant beaucoup plus excité qu'apeuré face aux dangers... Petit, il aimait déjà écraser les fourmis sans état d'âme. En grandissant, il a gardé ce même goût, mais en remplaçant les insectes par ses congénères. Tout est fait pour nous le présenter comme une pourriture, pour un résultat où la baston sera toujours sans foi ni loi et bien bourrine.


Les auteurs posent donc très bien un univers brutal, froid et dangereux où tout semble permis, mais ils apprécient également contrebalancer tout ça avec des notes d'humour un peu décalées, chose qu'ils installent d'emblée via le costume de chat dans lequel le personnage principal se trimballe lors de sa première apparition. Certains retournements un brin too much tendent à faire sourire en plus d'assurer le spectacle, et il est également difficile de ne pas souligner le cas de Chôkichi Neko, l'un des vieillards les plus badass de ces derniers mois, redoutable combattant, mais conservant toujours son self contrôle et ne perdant jamais de vue son petit papier à faire signer !


Dans tout ça, malheureusement, il y a parfois quelques petits éléments un peu confus du côté du scénario. Le travail effectué sur le lien qu'avait Kisaburô avec Shirô ou Kirio reste trop rapide, on ne suit pas complètement pourquoi le garçon du fast food choisit de suivre Shiro en fin de tome, car c'est trop rapidement présenté... Cela ne gâche toutefois pas beaucoup le plaisir régressif qu'apporte la lecture.


Sur ce premier tome, Ryû Itô développe un dessin assez épatant. Peut-être un peu froid, mais où l'on ressent bien l'ambiance sans concession via une violence exacerbée, un bon sens du spectacle dans les cadrages, des décors bien présents quand il le faut et au service de l'atmosphère, et des personnages au design affûté.


En conclusion, sur ce premier volume, la série s'annonce comme de la bonne came assez régressive avec ses personnages tous pourris, son action hyper violente, ses visuels immersifs et son univers sans foi ni loi. Une affaire à suivre pour confirmer ces belles promesses... ce qui tombe bien, puisque le deuxième volume sort en même temps que le premier !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs