Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 07 Mars 2014
Revenu en ville, Junichi ne semble plus être le même homme. Marqué par l'échec de la révolte estudiantine où il s'était investi, il se sent à l'écart de la société et ne sais plus quelle voie prendre, au point d'avoir arrêté ses études. Mais il se rend néanmoins compte qu'il peut compter sur le soutien de Yurika, qui s'accroche de façon impressionnante à lui. Tous deux se rapprochent, mais en arrière-plan, les parents de la jeune fille, qui ont tout fait pour bien l'élever, ne risquent certainement pas d'approuver sa relation avec un homme sorti de nulle part.
Pendant ce temps, Sen tente d'oublier ce qu'il a vu entre Yurika et Jun. Le grand gaillard est décontenancé, a du mal à faire le point, et il faudra les paroles de son ami Kaoru pour le faire sortir de sa torpeur. "Blanc-bec" tente de lui faire réaliser les sentiments que son amie d'enfance entretient depuis longtemps pour lui, sans savoir que Ritsuko elle-même a le coeur en train de changer...
Dans un volume qui n'oublie aucun des principaux personnages, Yuki Kodama ouvre d'abord les choses sur le passé universitaire de Jun, qui nous permet de mieux cerner un homme assez différent de ce à quoi on pouvait s'attendre. Le rebelle révolutionnaire laisse entrevoir un caractère un peu moins affirmé, puisqu'il était à l'origine bien plus intéressé par son groupe de jazz à l'université que par des révoltes où il s'immisce presque malgré lui, porté par son charisme oratoire naturel. Les petits drames que l'on découvre autour de lui à cette période sont alors autant d'éléments qui vont le pousser à se remettre en question, au point de ne plus savoir quoi faire de sa vie dans une société dont il se sent un peu exclus. Ici, Yuki Kodama exploite très bien le contexte estudiantin de l'époque pour ensuite rebondir sur la relation amoureuse qui s'installe de belle manière entre Jun et Yurika. Cette dernière, de par son dévouement pour Jun et certains choix qu'elle fait, étonne et se pose en nouvel exemple de l'ouverture des moeurs de l'époque, en s'opposant ouvertement à ses parents qui la voyaient déjà suivre une voie professionnelle et sentimentale toute tracée, comme toute bonne fille de bonne famille. Yurika ira même jusqu'à fouiller une poubelle pour Ritsuko, dont elle se rapproche un peu...
Quant au triangle Sen/Kaoru/Ritsuko, justement, il évolue lui aussi de façon assez marquante et subtile. Alors que Sen tente maladroitement d'accepter que Yurika pourra pas être à lui, et que Kaoru essaie de lui ouvrir les yeux, les nouveaux sentiments de Ritsuko se confirment tout naturellement, sous les yeux du lecteur et de façon plutôt touchante. Après le bouleversement de fin de volume qui marque un point important, on a plutôt hâte de voir la suite de l'évolution de ces trois-là.
Les événements de Kids on the Slope restent toujours assez classiques, mais c'est tout ce que Yuki Kodama propose autour qui fait le charme de la série. Le contexte de l'époque est habilement utilisé pour se répercuter sur les sentiments des personnages, ces mêmes sentiments évoluent doucement et joliment, les scènes musicales sont toujours aussi prenantes et se dressent comme autant d'exutoires aux émotions de nos héros (le Jam Battle, notamment, est intense), et les petits relents classiques de romantisme exacerbé (la scène du train) nous happent tout en sachant s'arrêter au bon moment.
En fin de tome, vous découvrirez également le Vigile, une sympathique histoire courte teintée de fantastique.