Innocent Vol.9 - Manga

Innocent Vol.9 : Critiques

Innocent

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 20 Décembre 2016

Dans les bois, le sang de Marie-Josèphe Sanson vient d’être versé : elle aura perdu son duel contre Charles-Henri, son frère aîné. Il lui imposera le mariage avec le colossal Gaspard. Une union pour mieux la mettre à l’écart : loin de Marie-Antoinette, la première dauphine de France ; loin des cercles de la cour de Versailles. Allongée sur le dos et le glaive sur le cœur, Marie-Josèphe accepte, mais à une condition : il conviendra d’attendre que ses cheveux repoussent correctement ; on ne se marie qu’une fois dans une vie et il sera préférable d’être présentable...

Où donc s’envola le Charles-Henri Sanson qui vomissait les pratiques de tout un lignage ? Ou s’en est allé cet élégant jeune homme qui arguait renverser un monde autoproclamé ? Les années ont défilées, pour sûr…; le rêveur au cœur pur a laissé place à celui qui ne vaudra pas mieux que son propre père... Charles-Henri est papa : il infligera à son fils les mêmes châtiments qu’il put subir à son âge : à commencer par la torture des brodequins... Pour ce qui fut ses idéaux, il n’en restera rien ; pire : conservateur au point d’en soutenir Madame du Barry contre la dauphine Marie-Antoinette...

Marie-Josèphe Sanson le confessera elle-même : elle a perdu son frère aîné ; Charles-Henri n’est malheureusement plus que l’ombre de ce qu’il fut. Le deuxième quart du tome ainsi que sa partie centrale se consacrants aux jeux de pouvoir au sein de la cour de Versailles, bien qu’assez intéressante, se voudront relativement difficiles à la digestion à raison d’une narration relevant de l’overdose de métaphores fleuries et pleines de dentelles. Egalement, beaucoup de « blabla » en coin des cases pour un ressenti mitigé : l’éloquent en surface s’enchaîne au dépens d’une réalité plus profonde, grave et intimiste.

Puis, avec son troisième tiers, l’ouvrage reprendra en puissance jusqu’à remettre en scène une Marie-Josèphe se laissant emporter par ses passions et guider par sa soif de vengeance. L’auteur reviendra à des choses davantage concrètes, simples et singulières. Viendra le jour de mariage de Marie-Josèphe et, bien évidemment, rien ne se passera comme prévu : pas mal cette histoire de Jean-Louis le goinfre. Marie-Josèphe parviendra, de manière assez paradoxale, à se libérer du joug de son frère aîné. Charles-Henri s’avouera presque vaincu…

Egalement, entrera en scène, d’une agréable et singesque manière au demeurant, un personnage plutôt cool : Alain Bernard, Chevalier de Saint Gérôme et premier amour de Marie-Josèphe : un « café au lait » à la tête bien faite : bel homme et intellectuellement en avance sur son temps. Elle retrouvera en ce dernier ce que, autrefois, elle aimait tant chez son frère aîné. La scène lors de laquelle Marie-Josèphe s’insurge et s’élance au galop fait son petit effet. La dernière double page interpelle, et pas seulement pour sa grande beauté.

Ainsi se sera achevée la première saison de cette vision nipponesque ou, plutôt, Sakamotienne, d’un fragment du lignage Sanson. Plus que les corsets serrés de la cour de Versailles, il aurait sans doute été de bon aloi de traiter des personnages tels que Voltaire ou Rousseau, néanmoins l’ensemble fut très agréable. Les quatre premiers tomes furent très bons ; les cinq suivants furent bons et, parfois, un peu moins que cela, mais toujours intéressants. La seconde saison « Innocent – Rouge » est en cours de publication au Japon.

L’auteur s’est accordé une brève pause avant de se lancer dans la deuxième partie, notamment afin de recherches historiques ; il sera souhaité que cela soit de nature à renforcer tout l’intérêt qui puisse être porté à son œuvre. L’espoir chevillé au corps qu’« Innocent – Rouge » s’en vienne rapidement en France. Vous la sentez cette brise légère ? Ce petit vent qui alterne entre les terres et l’océan ? Monsieur Alain Bernard, telle la brise, ne s’en était-il pas allé par les mers avant de regagner l’hexagone ? Ultime métaphore et soubresaut annonciateur d’un vent d’une tout autre nature… les souffles de la Révolution française…  


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs