Happiness Vol.5 - Actualité manga
Happiness Vol.5 - Manga

Happiness Vol.5 : Critiques

Happiness

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 24 Janvier 2019

Un lien quasiment fusionnel existe désormais entre Makoto et Nora... mais ce lien pourra-t-il subsister ? En sortant de l'endroit où ils avaient trouvé refuge et intimité, alors que leur désir de redevenir comme avant était plus fort que jamais, ils se retrouvent brutalement rattrapés par la réalité: un mystérieux groupe armé les encercle, prêt à faire feu. Dans quel but ? Alors que les balles fusent, Shuzo Oshimi nous offre un début de volume d'une intensité remarquable, que ce soit pour sa mise en scène impeccable où il n'y a pas besoin de beaucoup de paroles pour faire comprendre les choses tant chaque geste est bien découpé et clair, des actes forts montrant tout ce que Nora et Makoto peuvent désormais représenter l'un pour l'autre, ou de la chute, brutale, et laissant le lecteur en suspens comme l'auteur sait si bien le faire.

Après cette scène puissante, c'est pourtant sur un tour autre personnage que quasiment toute la suite du volume va s'attarder: Yukiko. Poursuivant son quotidien à l'école avec la même inquiétude malgré sa rencontre avec son nouvel allié Sakurane, la jeune fille continue de s'interroger sur la disparition de Makoto, sur le silence de Nao... et, en compagnie de Sakurane, finit par se rendre chez cette dernière où la plus morbide et dramatique des découvertes l'attend. le lecteur, lui, sait déjà de quoi il en retourne...

La suite du volume est alors tout aussi forte, en soulignant à la fois le désespoir d'un Yûki dont le contrôle de lui-même lui échappe, le véritable but de Sakurane, et peut-être encore plus la prise d'importance de Yukiko, la demoiselle semblant désormais destinée à s'emparer du statut de personnage central. une nouvelle fois, Oshimi nous fait passer par des émotions puissants, de par ce qui arrive en particulier à Yukiko, entre souffrance, flirt avec la mort, douloureux souvenirs du passé (notamment au sujet de Tomô)... mais aussi une détermination à s'en sortir, et, encore et toujours, un désir de retrouver Makoto. Même si le temps passe, même si aucune nouvelle ne vient... Le schéma de ce volume fait alors beaucoup penser à celui adopté par le mangaka lors de la fin de la 1e partie et début de la 2e partie de l'une de ses précédentes séries, Les Fleurs du Mal (paru en France aux éditions Ki-oon). Une fin de 1e partie d'une incroyable intensité, une longue ellipse, un retour sur un quotidien qui semble bien morne mais qui est assurément marqué par de profondes blessures jusque dans la chair de Yukiko... Cette dernier, par plus d'un aspect, rappelle l'évolution de Takao dans Les Fleurs du Mal.

Mais loin de répéter ce qu'il a fait dans sa précédente série, Oshimi l'aborde sous un autre jour, en évoquant aussi d'autres choses, surtout dans sa métaphore du passage de l'enfance vers l'age adulte, et dans la notion de "normalité" qui reste un thème emblématique de l'auteur. Le début du tome, où Makoto et Nora, alors qu'ils étaient ensemble dans une certaine chaleur et comme dans un cocon avec le désir de redevenir comme avant (donc des enfants) avant d'être agressés par le groupe armé, peut être vu comme la métaphore d'une plongée inévitable de la douceur de l'enfance vers la dureté du monde adulte. Plus loin, quand Sakurane dit fermement à Yukiko que l'affaire Yûki dépasse le cadre des hommes et que là on est chez les vampires, on ne peut s'empêcher de ressentir comme une remarque d'adulte envers une enfant (dans ce cas, humain=enfance et vampire=adulte). Une impression qui se confirme quand Sakurane affirme que Yukiko et Yûki sont encore trop rattachés à ce que la société leur a toujours inculqué depuis l'enfance... Sakurane, lui, semble clairement vouloir aller outre ces règles, mais dans quel but exactement ? En tout cas, impossible de ressentir la moindre empathie pour cet homme, au vu de ce qu'il fait à Yukiko...

Où Oshimi s'arrêtera-t-il ? Chaque nouveau tome de Happiness semble un poil plus fort et plus intense que le précédent, et la série ne cesse de captiver, que ce soit pour les sujets qui y sont distillés, la représentation de la violence, les visuels impressionnants de l'auteur (on peut aussi y saluer, par exemple, la beauté des décors à l'aspect crayonné et pourtant riches et précis). Du grand Art, pour un volume qui semble déjà conclure une première grande partie dans l'oeuvre.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs