Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 30 Novembre 2023
Le mois d'avril dernier a vu arriver dans le catalogue des éditions Taifu Comics Goodbye, Nameless Violin, l'unique manga yaoi d'Ume-chi, mangaka également connu au japon sous le nom de Souta Umeuchi pour ses quelques autres travaux non boy's love. De son nom original Sayonara, Nanashi no Violin, cette oeuvre a vu ses six chapitres être initialement prépubliés au Japon en 2021 dans le Magazine Be x Boy de l'éditeur Libre, avant d'être regroupés en septembre de cette même année en un unique volume agrémenté d'un petit chapitre bonus, pour un total d'un peu plus de 210 pages.
Cette histoire nous immisce dans un monde plutôt original puisque, me^me s'il ressemble en tous points au nôtre, il a une particularité: s'ils sont suffisamment aimés et si un nom leur est donné, les objets peuvent devenir des êtres vivants à l'apparence humaine ou animale. Bien sûr, la loi ne permet de nommer que certains objets parmi lesquels les instruments de musique, sinon cela causerait vite de nombreux problèmes. Et Sôsuke est précisément un étudiant en musique jouant du violon. lorsque, suite à un incident, il doit racheter un nouveau violon, il se retrouve avec un instrument tout à fait spécial: pouvant prendre la forme d'un beau jeune homme, il est un nommé qui ne connaît pas son nom, car quand il a ouvert les yeux pour la première fois son propriétaire n'était pas là et son corps était endommagé. Rapidement, le violon devient très affectueux et possessif, au grand dam de Sôsuke: suite à un drame survenu dans son enfance, il refuse catégoriquement de nommer ses instruments, et n'a aucunement l'intention de sympathiser avec son nouveau violon. Tout du moins, au départ...
Sur une base franchement originale, Ume-chi propose une histoire d'amour qui reste somme toute très classique dans son déroulement, en jouant la carte habituelle du gars refusant tout d'abord tout contact amical avant de se laisser attendrir toujours plus. Côté négatif, quelques détails peuvent ne pas convaincre, à l'image des scènes érotiques bien trop vite amenées (alors que Sôsuke est d'abord ultra réticent vis-à-vis du violon, hop, d'un seul coup c'est lui qui en vient à réclamer du sexe) ou de quelques situations un peu nanardesques (convaincre le violon de revenir en lui disant être prêt à essayer la fellation, au beau milieu d'un moment censé être poignant, mouais). mais c'est bien le côté positif qui l'emporte dans l'ensemble, en premier lieu car il y a un certain plaisir à observer le si affectueux violon et à regarder Sôsuke évoluer: il ne veut pas que son instrument prononce son nom et n'a aucune intention de prononcer le sien lui non plus (en même temps, il ne le connaît pas...), mais d'un autre côté il le trouve quand même mignon dans ses réactions, le violon apportant beaucoup de vie et de chaleur dans son quotidien, jusqu'à ce que ce qui doit arriver arrive: à partir du moment où les sentiments s'en mêlent, et à l'heure où le violon craint de devenir un fardeau, il va falloir essayer de trouver au plus vite quel est son nom, ce qui aboutira à quelques révélations plutôt grosses mais efficaces.
Sur le plan visuel, l'oeuvre a de quoi séduire. Ume-chi propose des designs assez profonds et bien différents, et n'a notamment aucune difficulté à bien mettre en valeur les aspects adorables et affectueux du violon. Il y a aussi une petite part amusante quand l'instrument est sous sa forme de violon avec des yeux, et surtout une certaines esthétique ravissante lors des très brefs moments de transformations et de musique. Quant aux quelques petits moments érotiques, ils devraient plaire aux fans parleur rendu assez explicite.
A l'arrivée, on a ici un one-shot qui montre quelques maladresses mais qui sait aussi captiver par son univers de base assez original et par certains élans visuels de toute beauté. Et côté édition, on a droit à une copie satisfaisante: la jaquette reste proche de l'originale japonaise, la première page en couleurs sur papier glacé nous gratifie d'une belle illustration, le papier allie souplesse et opacité, l'impression est bonne, le lettrage est soigné, et la traduction effectuée par Océane Tamalet est très claire.