Give My Regards to Black Jack Vol.6 - Manga

Give My Regards to Black Jack Vol.6 : Critiques

Black Jack ni Yoroshiku

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 07 Mai 2025

Le récent massacre en pleine école, qui a coûté la vie à d’innocents enfants, laisse d’effroyables séquelles au sein de la société. Le meurtrier ayant été suivi en psychiatrie auparavant, les regards dont désormais tournés vers les malades, davantage vus comme des psychopathes en devenir. Dans un tel climat, Saitô semble démuni, au même titre que son supérieur, le docteur Iseya, et que Kadowaki, journaliste qui ne parvient pas à convaincre sa hiérarchie à publier un article approfondi sur la psychiatrie. De son côté, Ozawa poursuit le chemin de la réhabilitation, mais n'est pas non plus épargné par les récents événements, tandis que Sayuri semble plonger davantage elle aussi…

Ce sixième volume vient achever non seulement l’arc de la psychiatrie, mais aussi la première série ‘Give my Regards to Black Jack’. Quelques mois après la fin de cette première partie, en 2006, Shuho Sato a en effet repris le périple hospitalier de son héros, Saitô, dans une séquelle intitulée ‘Shin Black Jack ni Yoroshiku’, aujourd’hui bouclée en 9 volumes. Si la première œuvre nous fut d’abord proposée chez Glénat avant de revenir chez naBan, ce n’est pas le cas de cette suite qui demeure inédite chez nous. On ne peut donc que croiser les doigts pour que l’éditeur nous propose ce deuxième chapitre à l’avenir.

Pour cette conclusion de premier morceau, le mangaka mène la fin de son arc avec maestria. Le sujet de la psychiatrie est, de base, important, et Shuho Sato a pris le risque de le traiter dans une certaine gravité sociétale en bousculant ses événements par une tuerie en milieu scolaire, de manière à se pencher davantage sur le regard porté sur les malades dans notre monde contemporain. Son tour d’horizon se fait par une poignée de personnages dont les parcours s’achèvent avec cet ouvrage, une conclusion globalement équilibrée et pleine d’espoir, malgré des événements qui poussent encore plus loin la tension dramatique du récit. Au cœur du scénario, l’acceptation est traitée sous tous les angles. Celle d’un malade qui admet sa condition. Celle d’un milieu journalistique qui accepte de traiter le sujet avec le sérieux qui lui est dû. Celle d’un médecin qui prend conscience qu’il est important de sortir de sa torpeur pour changer les choses. Celle d’un autre malade qui est prêt à tout pour gagner sa place légitime dans une société qui doit lui permettre de vivre et d’aimer. Ozawa, Sayuri, le docteur Iseya et le journaliste Kadowaki sont tant de personnages marquants dont les traitements sont portés avec finesse et densité, de manière à en faire des figures fortes et inoubliables. Le regard jeté sur la société reste amer et le sentiment d’injustice est récurrent au cours de la lecture. Mais Shuho Sato se fait plus nuancé et moins fataliste, ce qui se ressent aussi sur l’ultime page couleur du récit, de toute beauté, marquée d’un bleu pur et d’une composition éclairée, signe d’espoir, lors d’un moment profondément marquant de cet arc.

Quant à Saitô, le personnage a pour mérite d’avoir lui aussi un achèvement qui lui est dû. En soi, ce dernier tome ne sonne pas spécialement comme un point final tant les sujets qui peuvent encore être abordés sont nombreux. Mais on assiste à un bilan crédible du personnage, une finalité forte et un épilogue de son histoire d’amour qui donne du sens à tout son parcours, qu’il soit personnel ou professionnel. En ce sens, même si la série n’avait jamais eu de suite, la fin proposée est aboutie.

Il est difficile de ne pas faire parler l’émotionnel quand on ressort de cette lecture. Et, bien entendu, seule une personne concernée serait à même de dire si le mangaka a abordé les choses comme il le fallait. La bienveillance de Shuho Sato semble ne faire aucun doute, et sa sincérité se ressent dans ce grand dénouement. Alors, face à cette richesse, on ressort conquis du récit, assez éprouvés moralement, mais avec l’impression d’avoir lu l’un des mangas les plus importants qui soient. ‘Give my regards to Black Jack’ est assurément à mettre dans toutes les mains adultes. Son récit ne peut laisser indemnes et si la médecine a pu évoluer en vingt ans et reste marquée de différences d’un pays à l’autre, le constat demeure universel dans son rapport au domaine hospitalier, aux malades, aux limites morales du milieu, aux tares de la société et à notre vision des pathologies aussi diverses soient-elles.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
20 20
Note de la rédaction