Frieren - Collector Vol.8 : Critiques

Une nouvelle fois, les éditions Ki-oon ont décidé de concocter un petit coffret collector pour Frieren, l'un de leurs shônen emblématiques du moment, ce qui est mérité au vu des qualités de l'oeuvre de Kanehito Yamada et de Tsukasa Abe. Cette fois-ci, pour la version limitée de ce 8e volume, on a droit à un étui cartonné suffisamment rigide qui regroupe le tome avec une jaquette alternative réversible (la face exclusive à ce collector reprenant la même illustration que celle présente sur l'avant de l'étui) et, en guise de principal supplément, un jeu de 55 cartes (52 cartes classiques, deux jokers et une carte bonus) illustrées avec des illustrations couleurs, des illustrations en noir & blanc et des planches de la série, le tout dans un style se voulant un peu vintage et collant donc assez bien à l'atmosphère de l'oeuvre. Soigneusement maintenu dans l'étui avec une petite boîte en carton, ce jeu de carte se révèle qualitatif dans le carton utilisé et dans l'impression, ce qui en fait un petit bonus tout à fait sympathique, d'autant plus que les 5€ supplémentaires (le collector coûte 12,95€, contre 7,95€ pour l'édition standard) restent tout à fait raisonnables pour un jeu de cartes exclusif de ce type.

L'examen de magie est désormais bel et bien fini, en ayant vu Fern obtenir le rang de mage de première catégorie. Frieren, elle, a beau avoir été recalée sur simple caprice de Serie (et elle se doutait que ça tournerait ainsi), grâce à sa disciple le trio est enfin en droit de franchir le portail devant le mener au haut-plateau du Nord. Après quelques moments de répit qui ont notamment permis à Fern et Stark de se rapprocher lors d'un joli rendez-vous, c'est donc ce qu'ils font, pour voir s'ouvrir sous leurs yeux une région pus dangereuse qu'aucune autre auparavant...

Ce tome marque donc une nouvelle étape dans le voyage de nos trois aventuriers avec leur arrivée sur le haut-plateau du Nord, région qui ne manque pas de confirmer rapidement sa réputation en plaçant vite, face à eux, différents monstres robustes qu'ils arrivent, fort heureusement, à éliminer rapidement grâce à leur talent. Et il s'agit là d'une sorte de mise en bouche avant que leurs pas ne les amènent, une nouvelle fois, face à différentes péripéties que les auteurs vont aborder sous leur angle habituel: le danger et l'action n'y sont généralement pas le plus important, et permettent surtout à Yamada et à Abe d'aborder encore, sous des angles différents, le rapport de Frieren à ses anciens compagnons disparus, à ce qu'elle a hérité d'eux, à la mort et au souvenir.
Ici, le trio doit éliminer un monstre puissant barrant la route après un village et ayant déjà massacré des chevaliers, ce qui permet d'évoquer l'importance pour l'aubergiste des lieux qu'a son village où il a tant de souvenirs en famille, ce qui rappellera aussi à Frieren la volonté qu'avait Himmel de protéger sa région natale.
Là, nos héros tâchent d'aider un nain nommé Fass à enfin trouver un breuvage qu'il recherche depuis des décennies et qu'on lui a tant vanté, alors même que Frieren sait d'avance que cette fameuse boisson est immonde grâce à ses anciens compagnons. Mais l'essentiel n'est-il pas ailleurs, à savoir dans la possibilité qu'a notre héroïne d'aider Fass alors qu'elle n'avait pas pu le faire quelques décennies auparavant, et dans le simple plaisir de mener cette quête et de profiter de cette boisson ensemble, puisque même une piquette peut offrir de doux moments quand elle est partagée en bonne compagnie ?
Puis, sur le domaine de la maison de commerce de Norm où l'influence du roi se ressent peu, l'elfe se retrouve à devoir rembourser une dette contractée il y a 80 ans, avec tout ce que ça implique d'intérêt, en nous montrant alors une autre facette du temps qui passe !
Enfin, une chasse aux dragons ayant ravagé un village permettra, une fois de plus, d'aborder le désir naturel de protéger ses terres natales, tout en nous laissant sur des dernières pages intrigantes concernant Denken.

Mais chacun de ces récits ne durant qu'un chapitre, vous comprendrez, dès lors, que ce volume est en réalité occupé par une autre affaire qui va occuper plus de la moitié des pages, et où nos trois personnages principaux doivent participer à une expédition punitive contre un groupe de démons ayant ravagé un village. Seul hic: le démon menant les autres, Revolte le Divin, est un démon ayant le statut de général, de par sa puissance supérieure et ses connaissances en arts martiaux, ce qui lui vaut d'ailleurs de savoir sa battre avec quatre épées à la fois. face à cet adversaire redoutable et à ses sbires, Frieren, Fern et Stark devront donc coopérer avec des aventuriers au service de Serie: la prêtresse Methode ainsi que Genau, le juge de la première épreuve de l'examen, qui a précisément l'occasion ici à la fois de préserver ce qui reste du village où il a grandi, et de venger la mort de son ancien coéquipier, un homme qui était bon et altruiste et qui a sacrifié sa vie pour sauver un enfant.
L'intérêt de cette partie plus longue est triple, le premier des trois aspects important étant évidemment d'éviter à l'oeuvre de tomber dans la routine en restant sur des arcs très courts d'un seul chapitre. On a ensuite le côté action, bien sûr, où le petit groupe d'aventuriers va devoir se séparer ou coopérer de façon plus ou moins éloignée pour déjouer chaque piège ennemi et affronter en parallèle chaque démon: entre les moments de coopération, le côté casse-cou de Stark prêt à se blesser pour atteindre l'ennemi, le besoin de Fern de faire valoir son statut de mage de première catégorie récemment acquis, et la possibilité pour Genau d'éliminer enfin un adversaire qui a marqué son passé, on n'a pas le temps de s'ennuyer face aux différents petits enjeux. Enfin, il y a le petit focus sur le cas de Genau, justement: homme réputé froid et impassible, il le confirme encore en affirmant ne pas être spécialement attaché au village où il a vécu et où il a vu mourir son ancien coéquipier, puis en évoquant son rapport particulier à la mort: il a vu tant de gens mourir, et il en a lui-même tant tués, qu'il affirme que la mort est une chose à laquelle on s'habitue...

Une nouvelle fois, il y a alors beaucoup de petites choses à retenir, dans une optique similaire aux tomes précédents. Derrière une histoire somme toute classique que quête d'aventuriers parcourant le monde pour éliminer les démons et autres menaces, Yamada et Abe continuent de dénoter en mettant l'action pure au second plan, afin de mieux profiter des péripéties pour sonder à petites doses des valeurs touchantes à travers Frieren et son entourage, entre le temps qui passe, l'héritage obtenu des défunts, le souvenir et bien d'autres choses encore.