Fleurs du mal (les) Vol.2 - Actualité manga
Fleurs du mal (les) Vol.2 - Manga

Fleurs du mal (les) Vol.2 : Critiques

Aku no Hana

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 05 Avril 2017

Critique 3

L’amour que porte Takao pour Nanako a viré à l’enfer. Après s’être enfui avec les vêtements de la jeune fille sous une impulsion qui le surprend lui-même, Sawa lui impose un chantage malsain et aujourd’hui, le jeune homme doit porter la tenue volée à Nanako, sous ses propres vêtements, alors qu’il a rendez-vous avec elle. Mais si Sawa cherche à faire tomber le masque de Takao, qu’elle considère comme un pervers, le rendez-vous s’apprête à prendre une tournure on ne peut plus positive pour le jeune homme…

Après un premier tome qui nous entraînait dans l’ambiance malsaine de la série, ce second tome poursuit sur cette voie, continuant de développer la relation solide qui se noue entre Takao et Nanako tout en conférant au récit une certaine lourdeur par l’omniprésence de l’étrange Sawa.

Ainsi, cette curieuse histoire de vêtements de sport dérobés récolte les graines qu’elle a semées et à travers chaque événement de ce volume, la tension reste intacte. On pourrait pourtant se réjouir pour le pauvre Takao, individu singulier, mais passionné au possible, qui développe un début de relation amoureuse avec celle qu’il a toujours aimée : Nanako. Et pourtant, cette escalade dans le bonheur du héros renforce page après page le malaise du lecteur qui est bon conscient que Sawa n’est jamais bien loin pour jouer un mauvais tour dans l’espoir de faire tomber le masque du héros. L’ambiance est alors très réussie et accrocheuse, Shuzo Oshimi parvient à nous rendre impatients de tourner les pages en même temps que l’on redoute les événements qui pourraient avoir lieu si l’entourage entier du héros découvrait ses actions et ce que Sawa lui a poussé à faire. En ce sens, c’est une véritable réussite en termes d’ambiance et le récit sait se montrer aussi dérangeant que captivant.

Mais finalement, est-ce que la série est vouée à enchainer les situations similaires où la relation entre le héros et Nanako serait menacée par les chantages malveillants de Sawa ? D’ailleurs, quel est ce fameux masque que cette dernière cherche à faire à tout prix tomber chez le pauvre Takao ? Le dernier acte du tome vient apporter une réponse à toutes ces interrogations et plus qu’une réponse, c’est une véritable claque que vient nous apporter le volume ! Alors, le récit s’envole véritablement sur cette séquence, exploitant tous les éléments distillés ci et là, dévoilant la psychologie du protagoniste au grand jour et dévoilant de manière plus palpable la véritable thématique clef de l’œuvre : le malaise qui entoure la jeunesse, symbolisée par les personnages que sont Takao et Sawa. En résulte une séquence magistrale, dotée d’une puissance qui monte après chaque case et représente littéralement l’éveil du héros à travers une mise en scène belle à la fois par sa violence et sa poésie. Sur cette séquence, nul besoin de beaucoup de paroles, les cases et la narration de Shuzo Oshimi suffisent à délivrer un message et marquer la force du récit. Cette scène représente à elle seule le véritable démarrage des Fleurs du Mal et étant donné les événements qui sont dépeints, autant dire que l’envie de déguster la suite est là. Quelles répercussions auront les actions de Takao et Sawa sur leur devenir et surtout celui du jeune homme ? Assumera-t-il totalement ses actes ? Pourra-t-il vivre sereinement sa relation avec Nanako maintenant qu’il a lui-même assumé son véritable état d’esprit ? D’ailleurs, de quelle manière Shuzo Oshimi continuera d’exploiter ce thème du mal-être ? Tant de questions qui fourmillent et dont on a hâte d’avoir les réponses !

Le second tome des Fleurs du Mal représente donc le véritable lancement de la série, surtout par sa scène finale bien que le début du tome contribuait aussi à planter différents éléments qui joueront un rôle majeur sur la suite du récit. On comprend alors l’initiative de Ki-oon en proposant les deux premiers opus en simultanée. Le choix de l’éditeur est excellent, car pour comprendre tout le potentiel de l’œuvre, il convient de lire ces deux premiers volets d’une traite en outrepassant la singularité du ton des premiers chapitres.

Critique 2

Autant qu’il sera convenu que la nature fait parfois plutôt bien les choses, force sera de reconnaitre également que celle-ci se voudra souvent imprévisible : désormais à la merci de la néfaste Sawa, et en grande détresse psychologique, le jeune Takao assistera, contre toute attente et à son plus grand étonnement, à la réalisation d’un de ses rêves les plus inespérés, mais le plus cher : depuis peu, la belle Nanako le regarde avec les yeux d’une amoureuse.

Paradoxalement, et d’une certaine manière, c’est parce que Sawa perturba Takao que ce dernier eut un étrange – mais pour le moins sincère – comportement, lequel attira l’attention  de ladite Nanako. Cela sera, notamment, ici, et sans doute, qu’il pourra être mesuré la qualité d’un auteur à faire du mauvais la cause du bon afin de brouiller les repères jusqu’à que ces derniers se  confondent : épaissir le brouillard dans l’esprit de Takao puis dans la tète du lecteur ; repoussant chacun de ceux-là au fin fond de l’abîme de leur conscience... basculant entre l’éthique de sincérité et la peur de voir leur rêve s’effondrer.

Bref, Takao a obtenu un rencart auprès de celle qu’il aime en secret depuis maintenant un peu plus d’une année : les deux adolescents font promenade ; ils s’arrêtent chez le fameux bouquiniste préféré de Takao ; afin d’en savoir davantage sur lui, Nanako lui fait la promesse qu’elle lira son livre de chevet ; au parc, depuis le coin du banc, Takao la regarde, il la bade, elle est à ses côtés... Présenté de la sorte tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais Sawa n’est jamais loin ; à vrai dire, Sawa semble partout et, surtout, là où elle n’est pas souhaitée : cette balade en amoureux va malheureusement se finir en calvaire.

Une atmosphère pesante, malsaine et étouffante s’étendra crescendo : Sawa fera feu de tout bois pour s’immiscer dans cette délicate relation sentimentale existant entre le garçon et la jeune fille. Désormais, si ledit Takao passait son temps à se lamenter dans sa tristesse, Nanako sera également prise pour cible au point d’en être bouleversée. Il prononcera d’ailleurs un mensonge à l’égard de celle-ci : une hypocrisie pour un mal moindre que celui qu’aurait provoqué cette étrange vérité ? Pense-t-il qu’une relation quelconque puisse être fondée sur un tel boniment ?

Sawa se voudra un personnage hautement pervers et détestable : une pourriture sans pareille faisant du malheur des autres une jouissance personnelle : émoustillée par les larmes de Takao et excitée à la pensée de son prochain plan pernicieux ; elle qui pense que tous les êtres humains sont sales en ce qu’ils ne seraient mus que par une obstination ayant pour objet le sexe. L’auteur va particulièrement loin dans l’exploitation de la psychologie de ses personnages : notamment lors du retournement de situation final du présent tome, lors duquel il sera pris conscience à quel point Sawa est capable d’influencer les choix de Takao.

Un tome brillant pour une série pas comme les autres. Un shonen, un vrai : des personnages à la psychologie travaillée ; des situations qui amènent à s’interroger aux confins de la morale ; une narration exemplaire et un récit pétri du vécu de l’auteur. Le suspens de fin de volume était-il bien réel ou ne s’agissait-il seulement que d’un très mauvais rêve ? Sawa existe-t-elle vraiment ou n’est-ce qu’un dédoublement de personnalité de Takao ? Voilà quelques interrogations qui pourront traverser la pensée du lectorat lorsque l’ouvrage sera reposé sur l’étagère, et même s’il pourra autant s’agir de toute autre chose.


Critique 1

Sawa a affirmé son objectif à Takao : lui arracher son masque et le mettre à nu. Une révélation troublante pour le jeune garçon, à l'heure où il s'apprête à vivre son premier rendez-vous avec Nanako, à qui il a eu le courage de proposer de découvrir sa bouquinerie préférée. Un premier rendez-vous qui n'est que la première étape d'évolutions... étonnantes !

Shûzô Oshimi donne le ton dès la première partie du tome. Le rendez-vous mignon de Takao et Nanako aurait pu être parfait, et même digne de toute romance lambda. Les deux adolescent se parlent, se découvrent un peu plus, Nanako a l'occasion de cerner les aspects les plus passionnés de Takao pour les livres, et l'issue de a tout de l'idylle... mais il y a Sawa. Sawa, qui veille dans son coin, prête à bondir sur Takao dès qu'il le faut. La demoiselle est imprévisible, apparaît n'importe quand, sa silhouette se dresse partout sur le chemin de Takao, lui impose pendant le rendez-vous des choses délicate mettant à mal l'esprit du jeune garçon.

Ainsi, alors qu'une évolution concrète naît entre Takao et Nanako, l'évolution est aussi palpable entre Takao et Sawa. Oshimi peut alors jouer habilement sur le parallèle de ces deux relations. Car que ce soit Nanako ou Sawa, toutes deux affirment voir au-delà des apparences concernant Takao, mais ne voient peut-être pas toutes les deux la même chose en lui. Et à toutes les deux, Takao est censé ne rien cacher... pour une situation devenant de plus en plus délicate pour l'esprit du garçon.
Takao pourra-t-il garder l'image pure qu'il souhaite de Nanako ? Pas facile, quand Sawa ne cesse d'immiscer en lui des pensées parfois obscènes, ou de le pousser à connaître les véritables sentiments de Nanako, ce qu'elle pense de lui. L'image d'ange pur pourrait se pervertir à tout moment...
En face, Nanako est un personnage devenant beaucoup plus intéressant, car s'écartant elle-même de l'image qu'elle renvoie. Elle se trouve faible alors qu'on la trouve mature, mais peut-être n'est-elle pas la vraie elle face aux autres ? En un sens, elle montre plus encore que Takao qu'elle aussi se sent à l'étroit dans cet univers normalisé... mais Takao pourrait bien finir par la rattraper, en libérant enfin son lui profond dans une fin de volume exaltante et lançant bel et bien l'oeuvre !

La patte visuelle d'Oshimi, toujours aussi réussie au niveau de l'immersion, s'affine déjà par rapport au premier volume. L'auteur continuer de très bien jouer sur l'atmosphère tantôt dérangeante tantôt malsaine tantôt fascinante, et offre quelques jolies trouvailles de mise en scène, à l'image de ces dernières pages furieuses, et de cette dernière double-page symbolique esquissant la forme d'une fleur... du mal, bien sûr. Et qui semble prête à éclore.

La série décolle avec ce deuxième volume, la situation évolue déjà beaucoup et laisse sur de nombreuses promesses pour la suite. Sortir le volume 2 en même temps que le premier était une excellente idée, permettant de mieux jauger les qualités de la série. On appréciera toujours autant les blablas du mangaka entre les chapitres et dans sa postface, notamment sur son goût pour le surréalisme, ses inspirations artistiques et issues de sa ville natale, et des débuts d'informations sur la fameuse fille qui a inspiré Sawa.

Critique 3 : L'avis du chroniqueur
Takato

17 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Alphonse

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs